Télévision : 24 juillet à 16:12-17:46 sur Canal +
film : comédie
En proie à des difficultés financières, Justine pense avoir trouvé le moyen de régler ses problèmes lorsque Franck, son patron, la sollicite afin qu'elle organise une croisière romantique pour lui et la femme qu'il désire séduire. Franck confie à son employée une importante somme d'argent afin qu'elle règle les détails du voyage. Justine, son mari Albin et quelques amis réfléchissent alors à un plan qui leur permettrait de conserver une grosse partie des fonds, en évitant toutefois d'éveiller les soupçons de l'employeur et en lui donnant l'illusion d'en avoir pour son argent. C'est ainsi que germe l'idée d'une croisière sur une pénichette... - Critique : C’est explicite, avec ce titre : aucune prétention à la grandeur ou à l’importance dans ce film. La Petite Vadrouille promet plutôt une charmante parenthèse de fantaisie à qui veut embarquer à son bord. Un patron (Daniel Auteuil) est prêt à dépenser 14 000 euros pour que l’une de ses employées (Sandrine Kiberlain), dont il loue exagérément les talents d’organisatrice, lui prépare un week-end insolite en amoureux. Ladite collaboratrice et son mari (Denis Podalydès) voient là l’occasion de remettre à flot leurs finances – et celles de leurs copains fauchés. Pour une marge considérable et, donc, un coût minimal, c’est parti pour une « luxueuse » croisière en pénichette, avec faux capitaine tout de blanc vêtu, sur les magnifiques canaux de la Bourgogne. Dans l’œuvre désormais abondante de Bruno Podalydès, il y a la flottille familière des « films de bateau », comprenant Liberté-Oléron (2001) et Comme un avion (2015), trompeusement intitulé. La sophistication comique de ce nouvel opus est, elle, assez inédite. Car un premier imprévu, qu’on ne révélera pas, survient avant même le départ et modifie complètement l’équation du voyage. À partir de là, tout le monde manipule tout le monde, chacun fait semblant de quelque chose. Les membres de l’équipage, bien sûr, déterminés à mystifier le patron pigeon, mais aussi les éclusiers, les nombreux marchands de nourriture raffinée ou d’art local surgis au fil des escales, et d’autres encore. Délices du simulacre généralisé, suspense quant à l’heure de l’inévitable retour au réel… Et voguent les bobards La France de la dèche et de la précarité, où la survie peut entraîner l’arnaque, est assurément l’une des clés du film. Mais Bruno Podalydès ne donne pas dans le cinéma à sujet. Il tient son cap humoristique, qui passe par le choix des mots, expressions et intonations autant que par les postures et les gestes. À cet égard, au milieu d’une troupe exquise, majoritairement fidèle au réalisateur, la présence et la prestation inattendues de Daniel Auteuil constituent la meilleure surprise de La Petite Vadrouille. L’acteur s’est fait le look du regretté Jean Lefebvre dans le théâtre de boulevard et les nanars des années 1970. Rhétorique et costard ringards, masculinité d’avant-hier, galanterie et gauloiserie hors d’âge, ce personnage offre un régal en soi. Mais lui-même est une sorte de trompe-l’œil. Lui aussi joue un rôle : sa vérité n’est pas seulement d’appartenir à la classe dominante et à la catégorie des dragueurs pesants, pas plus que les autres ne se réduisent à leur besoin d’argent… L’humanisme chaleureux, malicieux de Podalydès consiste, une fois encore, à voir plus loin que les places sociales et les antagonismes de surface. L’auteur nous rappelle ici, de manière littérale mais ludique, que nous sommes tous sur le même bateau.
Année : 2024
Avec : Anne-Françoise Brillot, Bruno Podalydès, Daniel Auteuil, Denis Podalydès, Dimitri Doré, Eric Vieillard, Florence Müller, Isabelle Candelier, Jean-Noël Brouté, Patrick Ligardes, Sandrine Kiberlain, Yann Frisch