Télévision : jeudi 12 décembre à 23:15-01:43 sur TFX
film de science-fiction
Le jeune Wade Watts a hérité de ce prénom car son père voulait faire référence aux identités secrètes des superhéros qu'il aimait tant. Devenu orphelin, l'adolescent vit à Columbus, Ohio, en 2045, dans un appartement-container. Jouer dans l'univers virtuel de Oasis constitue sa seule source de distraction. Une fois immergé, Wade Watts peut devenir un pilote de course ou le héros qu'il veut. Dans un message posthume, l'inventeur du jeu, le génial James Halliday, annonce qu'il laissera son immense fortune — 500 milliards de dollars — à celui qui découvrira un "Easter egg" au sein d'Oasis. Wade Watts se lance dans la compétition... - Critique : Il y a deux Steven Spielberg. Le premier est un héritier du classicisme hollywoodien avec sa maîtrise du récit, ses scénarios aux valeurs humanistes, ses mises en scène élégantes et efficaces comme dans le récent Pentagon Papers, vibrant hommage à la liberté de la presse. Le second est l’artisan d’un cinéma pop-corn et high-tech, destiné à séduire les enfants que nous sommes tous restés. Mission accomplie, haut la main, avec l’euphorisant Ready Player One, qui prouve que « papy Spielby », à 71 ans, a encore de sérieuses leçons de créativité et de modernité à donner aux jeunes générations. Bienvenue en 2045, à Columbus, Ohio (Etat natal du réalisateur). Pour ne plus penser à leur vie sinistre, la plupart des hommes et femmes du futur passent le plus clair de leur temps avec un masque de réalité virtuelle sur les yeux, seul moyen de pénétrer dans l’Oasis, un jeu vidéo en ligne très addictif. Son fondateur, l’excentrique James Halliday, mort quelques années plus tôt, a décidé de léguer sa fortune au gamer qui découvrira « l’œuf de Pâques » dissimulé au cœur du jeu. Wade, un adolescent idéaliste, part à la chasse au trésor, tout comme les salariés de l’IOI, une multinationale du multimédia qui rêve de prendre le contrôle de l’Oasis et, au-delà, du « vrai » monde… Le film enchaîne avec fluidité les allers-retours entre la réalité, très sombre, de demain et les univers virtuels, tantôt merveilleux, tantôt apocalyptiques, de l’Oasis. Entre les acteurs et leurs avatars numériques. « Les seules limites de l’Oasis sont celles de votre imagination », disait son créateur. Spielberg et ses décorateurs ne s’en sont posé aucune pour créer des décors, des courses-poursuites, des combats toujours plus fous, toujours plus spectaculaires. Avec un petit supplément d’âme : l’un des charmes du film est d’allier la science-fiction à l’évocation tous azimuts, et délicieusement nostalgique, de la pop culture. Des tubes de Van Halen (Jump) ou de Tears for Fears aux costumes bizarres des Aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8e dimension en passant par les premiers jeux vidéo Atari, Ready Player One est une madeleine de Proust géante – et particulièrement savoureuse – pour qui fut adolescent dans les années 80. La plupart de ses (innombrables) références ne durent que quelques secondes, le temps d’une image ou d’une réplique, mais d’autres constituent de véritables enjeux du scénario. Pour résoudre une des énigmes du jeu, Wade et ses amis doivent ainsi plonger dans l’univers de Shining. Grand moment de vertige cinéphilique, lorsque les décors et les personnages du chef-d’œuvre de Stanley Kubrick sont, à leur tour, transformés en avatars numériques… Si futuriste soit-il, ce divertissement n’est pas complètement déconnecté du monde d’aujourd’hui. La sinistre compagnie IOI est l’équivalent des Google et Facebook actuels : un fleuron du capitalisme ultralibéral qui, derrière la façade d’entreprise « cool », rêve d’un monopole absolu, quasi totalitaire, sur son marché. Le blockbuster cache aussi une émotion inattendue avec le personnage de Halliday, le créateur de l’Oasis, mi-Steve Jobs (pour ses inventions visionnaires), mi-Willy Wonka (le démiurge excentrique de Charlie et la chocolaterie ). Un ex-ado solitaire, mal dans sa peau, qui trouve refuge dans l’imaginaire des jeux vidéo et des films et devient l’une des personnalités les plus admirées, mais aussi les plus riches de l’industrie du divertissement. On aimerait y voir un autoportrait de Steven Spielberg lui-même. Surtout quand cet éternel enfant, arrivé au soir de sa vie, milite pour un retour au pur plaisir du jeu et du partage…
Année : 2018
Avec : Adam Murray, Ben Mendelsohn, Lena Waithe, Mark Rylance, Olivia Cooke, Simon Pegg, T J Miller, Tye Sheridan
Télévision : jeudi 12 décembre à 14:29-16:20 sur Canal +
film : comédie dramatique
Réalisateur expérimenté, Simon se lance dans un nouveau projet : un film qui met en scène des ouvriers qui se battent pour empêcher la délocalisation de leur usine. Mais, alors que le tournage ne fait que commencer, Simon apprend une nouvelle qui le place dans une situation fort délicate. En effet, surpris de constater des modifications de dernière minute dans le scénario, deux des producteurs déclarent qu'ils retireront leurs fonds du projet si ces adaptations ne sont pas supprimées. Faute de voir leur demande satisfaite, la menace est vite mise à exécution. Sur le plateau, les conflits se multiplient. La vie privée de Simon n'est guère plus apaisée... - Critique : Il y eut Steven Spielberg enchaînant la même année (2018) deux films aussi radicalement différents que Pentagon Papers et Ready Player One, et il y a aujourd’hui Cédric Kahn qui, juste après son époustouflant Procès Goldman, propose une comédie sur le cinéma. Ou plutôt, vertigineuse gigogne, un film sur un film dans le film… dans le film. Un réalisateur (Denis Podalydès, délicieusement dépassé par les événements) apprend, dès le premier jour de tournage de sa « tragédie » sur le combat perdu d’avance des ouvriers d’une usine délocalisée face au « grand capital », que le gros studio qui le finance retire ses billes du projet. Ses représentants, deux jeunes loups, qui balancent avec cynisme que le public ne veut pas voir sur un écran les problèmes qu’il vit au quotidien, pensaient avoir investi, certes, dans un film social, mais avec un happy end. La faute au producteur de toujours du réalisateur incarné par… le réalisateur Xavier Beauvois, absolument formidable en vieux de la vieille un peu escroc, et très pirate dans sa manière de faire coûte que coûte du cinéma, cette « drogue dure ». Caprices et ego versus drames sociaux Pendant que ce dernier fait mine de chercher d’autres financements, le tournage continue vaille que vaille dans le froid et les décors d’une usine réellement désaffectée où les vrais ouvriers font office de figurants et de conseillers. L’acteur principal « bankable » pique des crises narcissiques, déguisées en réflexion sur le « bien du film », pour évincer sa partenaire : Jonathan Cohen, parfaitement insupportable et finalement attachant face à la lumineuse Souheila Yacoub. Et la directrice de production (Emmanuelle Bercot, décidément une de nos grandes comédiennes quand elle ne filme pas elle-même) essaie de tenir l’équipe à bout de bras. Pour alléger le budget, il faudrait faire des coupes sombres dans le scénario mais le réalisateur ne s’y résout pas. Il faudrait réduire le nombre de techniciens mais les chefs de poste refusent de sacrifier les salaires de leurs équipiers… Première mise en abyme donc : l’histoire, savoureusement scénarisée, d’un capitaine de navire qui prend l’eau en filmant une usine qui coule, avec un sens du détail, très authentique et souvent comique, sur les dessous d’un tournage. Si celui-ci devient la métaphore du sujet qu’il aborde, avec des séquences à la mise en scène fluide et gracieuse qui rendent perméables les frontières entre les deux combats, Cédric Kahn en profite, aussi, pour poser en douce une question épineuse, morale : en quoi le cinéma, monde d’argent, de caprices et d’ego, peut-il rendre compte avec une absolue vérité des drames sociaux ? La deuxième mise en abyme, elle, est inscrite dans le titre. Persuadé que le jeune type engagé pour réaliser le making of de son film l’a été par piston (« C’est le fils de qui ? »), le réalisateur le remplace par Joseph, un pizzaïolo du coin se rêvant metteur en scène, et lui demande un journal de bord filmé sans filtre, y compris quand il tente de reconquérir son épouse (Valérie Donzelli). Ou comment s’invitent dans le film du film d’autres images, intimes, sur les affres d’un cinéaste. Et là, Cédric Kahn émeut avec les souvenirs de ses débuts, ou révèle ses propres névroses ! Et c’est bien ce Joseph, incarné par le remarquable Stefan Crepon, talent montant, qui est le cœur, battant, confiant, de cette Nuit américaine en plein jour où un film n’est pas un train qui avance dans la nuit, mais un vaisseau qui surnage. Parce que Joseph est la relève. Un futur ouvrier du cinéma, qui ne fermera jamais.
Année : 2023
Avec : Denis Podalydès, Emmanuelle Bercot, Jonathan Cohen, Orlando Vauthier, Souheila Yacoub, Stefan Crepon, Thaïs Vauquières, Thomas Silberstein, Valérie Donzelli, Xavier Beauvois
Télévision : 11 décembre à 01:56-03:38 sur Canal +
film : drame
1943. Commandant du camp de concentration d'Auschwitz, Rudolf Höss s'est fait construire une splendide demeure avec jardin à proximité immédiate de son lieu de travail. Aux côtés d'Hedwig, son épouse, et de ses cinq enfants, l'homme coule des jours heureux dans l'immense domaine. Un jour, Rudolf apprend que sa hiérarchie, ravie des résultats qu'il obtient, souhaite le muter près de Berlin dans le cadre d'une promotion. Inquiet, il préfère cacher la mauvaise nouvelle à Hedwig, conscient que celle-ci risque de mal réagir face à cette annonce soudaine. A son grand dam, son épouse finit par bientôt découvrir le pot aux roses... - Critique : :t3: POUR Si la Shoah était une maison, comment serait-elle ? C’est à partir de ce postulat un peu fou que La Zone d’intérêt prend forme. S’inspirant du roman de Martin Amis, Jonathan Glazer nous reçoit dans un « charmant » pavillon avec piscine, qui jouxte le camp d’Auschwitz. C’est là où vivent Rudolf Höss, le commandant du camp, sa femme, Hedwig, et leurs cinq enfants blonds. Une existence familiale qui tient du tableau idyllique. La maison comporte de grandes pièces, l’été resplendit, des massifs de fleurs de toutes les couleurs embaument le jardin. « C’est paradisiaque », constate la mère de Hedwig, qui a fait le voyage pour voir sa fille et qui est heureuse de la voir ainsi installée. La voilà si détendue qu’elle fait une sieste au soleil, dans un transat. Un toussotement la fait se réveiller. Elle se lève, un peu hagarde, et se hâte de rentrer. Au loin, derrière le mur surmonté de barbelés, on a vu de la fumée s’échapper d’une cheminée. Un four crématoire, sans doute. Soit les délices d’un éden paisible, alors qu’on extermine à 50 mètres de là. Jonathan Glazer, remarqué pour la singularité d’un film fantastique inquiétant (Under the Skin), est un cinéaste rigoureux et consciencieux, qui sait parfaitement les enjeux moraux liés à la représentation de la Shoah. S’interdisant d’entrer dans le camp d’Auschwitz, il en filme uniquement les murs d’enceinte depuis l’extérieur, laissant apparaître quelques-uns de ses symboles macabres (cheminées, miradors). L’atrocité du génocide reste invisible mais elle résonne de partout, au quotidien. On l’entend, en sourdine, grâce à un travail remarquable sur le son. Ce sont des échos lointains et confus de soufflements, claquements, entrechocs, tirs, chiens qui aboient, ordres. Autrement dit une partition spécifique : celle de la machine de mort hitlérienne, de l’industrialisation du crime nazi. La nuit venue, ce bruit de fond s’amplifie. Tels des nababs d’une villa de la Riviera Comment est-ce possible d’habiter ici ? Comment supporter cela ? Le voisinage du mal, sa cohabitation, voilà l’une des clés d’entrées possibles de cette fiction fascinante et malaisante, conceptuelle et structurelle à la fois. Où il est surtout question d’architecture, de délimitation entre le dedans et le dehors, de cloisonnement, de compartimentage d’espaces. Le réalisateur vise à montrer le foyer du bourreau et de son épouse comme une construction organique, le logis représentant à la fois leur corps et leur cerveau. Le lieu de l’obsession ménagère, où tout doit être propre, rangé, sélectionné, évacué. Le lieu du plaisir de façade – les Höss se goinfrent, boivent, profitent du jardin et de la piscine tels des nababs d’une villa de la Riviera – radiographié de manière clinique. Un monde verrouillé de l’intérieur, abritant fierté mais aussi vide, névrose, déni, hantise à venir. Se peut-il que cet officier SS zélé et cette Mme Höss aussi dynamique que glaçante nous ressemblent est une autre question taraudante. C’est la force de l’allégorie de susciter en nous toutes sortes de troubles et d’interrogations sur ce qui nous éloigne ou nous rapproche de ces monstres ordinaires. Sur ce qui est occulté, enfoui en eux. Avec ses plans géométriques au scalpel, de lumière qu’on éteint, de couloirs et d’escaliers, de fenêtres, de portes qu’on ouvre et ferme, La Zone d’intérêt ressemble parfois étrangement au ballet domestique de Jeanne Dielman…, le chef-d’œuvre de Chantal Akerman. Même sens de « l’installation » plastique, même scénographie, même métacinéma. Avec une perspective tout autre ici, où les métaphores filées, où les cendres et reliques exhumées, sont reliées à un contexte historique précis, documenté, cartographié, topographié. L’expérience a ceci de vertigineux qu’elle enferme et ouvre à la fois sur un abîme d’obscurité. — Jacques Morice :t0: CONTRE Il y a trente ans, lors de la sortie de La Liste de Schindler, Claude Lanzmann accusait Steven Spielberg de « trivialiser l’Holocauste », rappelant un interdit de représentation de la Shoah par la fiction. Interdit que László Nemes bravait, en 2015, avec Le Fils de Saul, où il choisissait de nous immerger de manière violemment frontale dans l’horreur. Jonathan Glazer, lui, opte pour l’exact contraire : l’installation cérébrale et glaçante, le formalisme géométrique, avec pour seule embardée émotionnelle, et particulièrement contestable, le sous-entendu de soudains remords de la part de la belle-mère, qui écourte sa visite dans cette « maison du bonheur ». Le cinéaste utilise, certes, le hors-champ de manière radicale, et, reconnaissons-le, particulièrement dérangeante. Mais l’on peut aussi se demander si ce n’est pas le choix de la… facilité. Quoi de plus malin, en effet, que de se braquer sur la banalité du mal en son jardin, de réduire la machine de mort à une partition sonore, pour ne pas avoir à montrer ce qui se passe de l’autre côté ? Faire du quotidien des bourreaux son sujet revient à invisibiliser les victimes, et la réalité de leur extermination, et donc à se protéger, justement, de tout risque de cette « trivialité » dénoncée par Lanzmann. Avec La Zone d’intérêt, Jonathan Glazer peut ainsi exceller en restant dans sa zone de confort esthétique.— Guillemette Odicino
Année : 2023
Avec : Christian Friedel, Daniel Holzberg, Freya Kreutzkam, Johann Karthaus, Kogge Imogen, Lilli Falk, Maaz Alexander, Maximilian Beck, Medusa Knopf, Ralph Herforth, Sandra Hüller, Stephanie Petrowitz
Prime Video : 5 décembre
Dans les années soixante, le jeune Frank Abagnale Jr. est passé maître dans l’art de l’escroquerie, allant jusqu’à détourner 2,5 millions de dollars et à figurer sur les listes du FBI comme l’un des dix individus les plus recherchés des États‐Unis. Véritable caméléon, Frank revêt des identités aussi diverses que celles de pilote de ligne, de médecin, de professeur d’université ou encore d’assistant du procureur. Carl Hanratty, agent du FBI à l’apparence stricte, fait de la traque de Frank Abagnale Jr. sa mission prioritaire, mais ce dernier reste pendant longtemps insaisissable…
De : Steven Spielberg
Avec : Leonardo DiCaprio, Tom Hanks, Christopher Walken, Martin Sheen, Nathalie Baye, Amy Adams, James Brolin
DVD/Blu-ray : 4 décembre
Editeur : Universal Pictures Home Entertainment
Année : 1974
De : Steven Spielberg
Avec : Goldie Hawn, Ben Johnson, Michael Sacks, William Atherton, Gregory Walcott, Steve Kanaly, Louise Latham, Harrison Zanuck
Télévision : 4 décembre à 23:25-01:20 sur TF1 Séries Films
film de guerre
Entre le 26 mai et le 4 juin 1940, les plages de Dunkerque sont ravagées par la guerre. Venus de Belgique, d'Angleterre, du Canada et de France, des soldats alliés se retrouvent pris sous le feu des forces allemandes. Une vaste opération d'évacuation est mise en place pour tenter de les sauver. Deux soldats sous uniforme britannique tentent désespérément de quitter la zone par la mer. Après avoir essayé de monter à bord d'un navire qui transporte des blessés, ils grimpent sur un petit navire de pêche échoué et attendent la marée montante. Mais ils ne sont pas seuls, l'ennemi prend bientôt la frêle embarcation pour cible. Depuis l'Angleterre, un vieil homme, son fils et l'un de ses amis adolescents mettent le cap sur Dunkerque. Dans les airs, trois Spitfire en mission défendent le ciel... - Critique : Mai 1940. Sur la plage de Dunkerque, près de deux cent mille soldats anglais se retrouvent encerclés par les Allemands. Refusant la reddition, les Britanniques décident d’organiser une rocambolesque opération de repli. Pour résumer cet événement, le réalisateur a choisi trois terrains de bataille et trois unités de temps. Une semaine sur la plage, où l’on suit le jeune soldat Tommy (Fionn Whitehead), qui échoue à partir. Un jour sur la mer, dans un petit voilier qui s’en va sauver des combattants. Enfin, une heure dans un Spitfire, fleuron de la Royal Air Force, avec un Tom Hardy glorieux aux commandes de l’appareil… Totale immersion au cœur de l’action : c’est le leitmotiv de ce film de guerre. On ressent de plein fouet le sifflement des balles, le souffle des bombes, la poussée des vagues. Pas de répit, le danger est permanent, sans cesse relancé. L’équipage d’un destroyer qui se retrouve soudain noyé sous le coup d’une torpille. Un aviateur qui a réussi son amerrissage mais reste coincé dans son cockpit. Des hommes dans l’eau, brûlés vifs par une nappe de mazout en feu… Ce sont là les séquences marquantes d’un film qui n’apporte, malgré tout, rien de vraiment nouveau, à la différence d’Il faut sauver le soldat Ryan, de Steven Spielberg, ou de La Ligne rouge, de Terrence Malick, auquel on pense parfois, dans sa manière de flotter entre la vie et la mort. Plus gênant : l’emballement patriotique très appuyé lorsque surgit la flottille civile, valeureuse. Tout juste si, à la fin, l’hymne britannique ne se met pas à résonner…
Année : 2017
Avec : Aneurin Barnard, Barry Keoghan, Cillian Murphy, Fionn Whitehead, Jack Lowden, James D'Arcy, Kenneth Branagh, Mark Rylance, Matthew Marsh, Styles Harry, Tom Hardy, Tom Nolan
Télévision : 4 décembre à 00:33-02:24 sur Canal +
film : comédie dramatique
Réalisateur expérimenté, Simon se lance dans un nouveau projet : un film qui met en scène des ouvriers qui se battent pour empêcher la délocalisation de leur usine. Mais, alors que le tournage ne fait que commencer, Simon apprend une nouvelle qui le place dans une situation fort délicate. En effet, surpris de constater des modifications de dernière minute dans le scénario, deux des producteurs déclarent qu'ils retireront leurs fonds du projet si ces adaptations ne sont pas supprimées. Faute de voir leur demande satisfaite, la menace est vite mise à exécution. Sur le plateau, les conflits se multiplient. La vie privée de Simon n'est guère plus apaisée... - Critique : Il y eut Steven Spielberg enchaînant la même année (2018) deux films aussi radicalement différents que Pentagon Papers et Ready Player One, et il y a aujourd’hui Cédric Kahn qui, juste après son époustouflant Procès Goldman, propose une comédie sur le cinéma. Ou plutôt, vertigineuse gigogne, un film sur un film dans le film… dans le film. Un réalisateur (Denis Podalydès, délicieusement dépassé par les événements) apprend, dès le premier jour de tournage de sa « tragédie » sur le combat perdu d’avance des ouvriers d’une usine délocalisée face au « grand capital », que le gros studio qui le finance retire ses billes du projet. Ses représentants, deux jeunes loups, qui balancent avec cynisme que le public ne veut pas voir sur un écran les problèmes qu’il vit au quotidien, pensaient avoir investi, certes, dans un film social, mais avec un happy end. La faute au producteur de toujours du réalisateur incarné par… le réalisateur Xavier Beauvois, absolument formidable en vieux de la vieille un peu escroc, et très pirate dans sa manière de faire coûte que coûte du cinéma, cette « drogue dure ». Caprices et ego versus drames sociaux Pendant que ce dernier fait mine de chercher d’autres financements, le tournage continue vaille que vaille dans le froid et les décors d’une usine réellement désaffectée où les vrais ouvriers font office de figurants et de conseillers. L’acteur principal « bankable » pique des crises narcissiques, déguisées en réflexion sur le « bien du film », pour évincer sa partenaire : Jonathan Cohen, parfaitement insupportable et finalement attachant face à la lumineuse Souheila Yacoub. Et la directrice de production (Emmanuelle Bercot, décidément une de nos grandes comédiennes quand elle ne filme pas elle-même) essaie de tenir l’équipe à bout de bras. Pour alléger le budget, il faudrait faire des coupes sombres dans le scénario mais le réalisateur ne s’y résout pas. Il faudrait réduire le nombre de techniciens mais les chefs de poste refusent de sacrifier les salaires de leurs équipiers… Première mise en abyme donc : l’histoire, savoureusement scénarisée, d’un capitaine de navire qui prend l’eau en filmant une usine qui coule, avec un sens du détail, très authentique et souvent comique, sur les dessous d’un tournage. Si celui-ci devient la métaphore du sujet qu’il aborde, avec des séquences à la mise en scène fluide et gracieuse qui rendent perméables les frontières entre les deux combats, Cédric Kahn en profite, aussi, pour poser en douce une question épineuse, morale : en quoi le cinéma, monde d’argent, de caprices et d’ego, peut-il rendre compte avec une absolue vérité des drames sociaux ? La deuxième mise en abyme, elle, est inscrite dans le titre. Persuadé que le jeune type engagé pour réaliser le making of de son film l’a été par piston (« C’est le fils de qui ? »), le réalisateur le remplace par Joseph, un pizzaïolo du coin se rêvant metteur en scène, et lui demande un journal de bord filmé sans filtre, y compris quand il tente de reconquérir son épouse (Valérie Donzelli). Ou comment s’invitent dans le film du film d’autres images, intimes, sur les affres d’un cinéaste. Et là, Cédric Kahn émeut avec les souvenirs de ses débuts, ou révèle ses propres névroses ! Et c’est bien ce Joseph, incarné par le remarquable Stefan Crepon, talent montant, qui est le cœur, battant, confiant, de cette Nuit américaine en plein jour où un film n’est pas un train qui avance dans la nuit, mais un vaisseau qui surnage. Parce que Joseph est la relève. Un futur ouvrier du cinéma, qui ne fermera jamais.
Année : 2023
Avec : Denis Podalydès, Emmanuelle Bercot, Jonathan Cohen, Orlando Vauthier, Souheila Yacoub, Stefan Crepon, Thaïs Vauquières, Thomas Silberstein, Valérie Donzelli, Xavier Beauvois
Télévision : 4 décembre à 00:32-02:23 sur Canal +
film : comédie dramatique
Réalisateur expérimenté, Simon se lance dans un nouveau projet : un film qui met en scène des ouvriers qui se battent pour empêcher la délocalisation de leur usine. Mais, alors que le tournage ne fait que commencer, Simon apprend une nouvelle qui le place dans une situation fort délicate. En effet, surpris de constater des modifications de dernière minute dans le scénario, deux des producteurs déclarent qu'ils retireront leurs fonds du projet si ces adaptations ne sont pas supprimées. Faute de voir leur demande satisfaite, la menace est vite mise à exécution. Sur le plateau, les conflits se multiplient. La vie privée de Simon n'est guère plus apaisée... - Critique : Il y eut Steven Spielberg enchaînant la même année (2018) deux films aussi radicalement différents que Pentagon Papers et Ready Player One, et il y a aujourd’hui Cédric Kahn qui, juste après son époustouflant Procès Goldman, propose une comédie sur le cinéma. Ou plutôt, vertigineuse gigogne, un film sur un film dans le film… dans le film. Un réalisateur (Denis Podalydès, délicieusement dépassé par les événements) apprend, dès le premier jour de tournage de sa « tragédie » sur le combat perdu d’avance des ouvriers d’une usine délocalisée face au « grand capital », que le gros studio qui le finance retire ses billes du projet. Ses représentants, deux jeunes loups, qui balancent avec cynisme que le public ne veut pas voir sur un écran les problèmes qu’il vit au quotidien, pensaient avoir investi, certes, dans un film social, mais avec un happy end. La faute au producteur de toujours du réalisateur incarné par… le réalisateur Xavier Beauvois, absolument formidable en vieux de la vieille un peu escroc, et très pirate dans sa manière de faire coûte que coûte du cinéma, cette « drogue dure ». Caprices et ego versus drames sociaux Pendant que ce dernier fait mine de chercher d’autres financements, le tournage continue vaille que vaille dans le froid et les décors d’une usine réellement désaffectée où les vrais ouvriers font office de figurants et de conseillers. L’acteur principal « bankable » pique des crises narcissiques, déguisées en réflexion sur le « bien du film », pour évincer sa partenaire : Jonathan Cohen, parfaitement insupportable et finalement attachant face à la lumineuse Souheila Yacoub. Et la directrice de production (Emmanuelle Bercot, décidément une de nos grandes comédiennes quand elle ne filme pas elle-même) essaie de tenir l’équipe à bout de bras. Pour alléger le budget, il faudrait faire des coupes sombres dans le scénario mais le réalisateur ne s’y résout pas. Il faudrait réduire le nombre de techniciens mais les chefs de poste refusent de sacrifier les salaires de leurs équipiers… Première mise en abyme donc : l’histoire, savoureusement scénarisée, d’un capitaine de navire qui prend l’eau en filmant une usine qui coule, avec un sens du détail, très authentique et souvent comique, sur les dessous d’un tournage. Si celui-ci devient la métaphore du sujet qu’il aborde, avec des séquences à la mise en scène fluide et gracieuse qui rendent perméables les frontières entre les deux combats, Cédric Kahn en profite, aussi, pour poser en douce une question épineuse, morale : en quoi le cinéma, monde d’argent, de caprices et d’ego, peut-il rendre compte avec une absolue vérité des drames sociaux ? La deuxième mise en abyme, elle, est inscrite dans le titre. Persuadé que le jeune type engagé pour réaliser le making of de son film l’a été par piston (« C’est le fils de qui ? »), le réalisateur le remplace par Joseph, un pizzaïolo du coin se rêvant metteur en scène, et lui demande un journal de bord filmé sans filtre, y compris quand il tente de reconquérir son épouse (Valérie Donzelli). Ou comment s’invitent dans le film du film d’autres images, intimes, sur les affres d’un cinéaste. Et là, Cédric Kahn émeut avec les souvenirs de ses débuts, ou révèle ses propres névroses ! Et c’est bien ce Joseph, incarné par le remarquable Stefan Crepon, talent montant, qui est le cœur, battant, confiant, de cette Nuit américaine en plein jour où un film n’est pas un train qui avance dans la nuit, mais un vaisseau qui surnage. Parce que Joseph est la relève. Un futur ouvrier du cinéma, qui ne fermera jamais.
Année : 2023
Avec : Denis Podalydès, Emmanuelle Bercot, Jonathan Cohen, Orlando Vauthier, Souheila Yacoub, Stefan Crepon, Thaïs Vauquières, Thomas Silberstein, Valérie Donzelli, Xavier Beauvois
Télévision : 3 décembre à 10:30-12:14 sur Canal +
film : drame
1943. Commandant du camp de concentration d'Auschwitz, Rudolf Höss s'est fait construire une splendide demeure avec jardin à proximité immédiate de son lieu de travail. Aux côtés d'Hedwig, son épouse, et de ses cinq enfants, l'homme coule des jours heureux dans l'immense domaine. Un jour, Rudolf apprend que sa hiérarchie, ravie des résultats qu'il obtient, souhaite le muter près de Berlin dans le cadre d'une promotion. Inquiet, il préfère cacher la mauvaise nouvelle à Hedwig, conscient que celle-ci risque de mal réagir face à cette annonce soudaine. A son grand dam, son épouse finit par bientôt découvrir le pot aux roses... - Critique : :t3: POUR Si la Shoah était une maison, comment serait-elle ? C’est à partir de ce postulat un peu fou que La Zone d’intérêt prend forme. S’inspirant du roman de Martin Amis, Jonathan Glazer nous reçoit dans un « charmant » pavillon avec piscine, qui jouxte le camp d’Auschwitz. C’est là où vivent Rudolf Höss, le commandant du camp, sa femme, Hedwig, et leurs cinq enfants blonds. Une existence familiale qui tient du tableau idyllique. La maison comporte de grandes pièces, l’été resplendit, des massifs de fleurs de toutes les couleurs embaument le jardin. « C’est paradisiaque », constate la mère de Hedwig, qui a fait le voyage pour voir sa fille et qui est heureuse de la voir ainsi installée. La voilà si détendue qu’elle fait une sieste au soleil, dans un transat. Un toussotement la fait se réveiller. Elle se lève, un peu hagarde, et se hâte de rentrer. Au loin, derrière le mur surmonté de barbelés, on a vu de la fumée s’échapper d’une cheminée. Un four crématoire, sans doute. Soit les délices d’un éden paisible, alors qu’on extermine à 50 mètres de là. Jonathan Glazer, remarqué pour la singularité d’un film fantastique inquiétant (Under the Skin), est un cinéaste rigoureux et consciencieux, qui sait parfaitement les enjeux moraux liés à la représentation de la Shoah. S’interdisant d’entrer dans le camp d’Auschwitz, il en filme uniquement les murs d’enceinte depuis l’extérieur, laissant apparaître quelques-uns de ses symboles macabres (cheminées, miradors). L’atrocité du génocide reste invisible mais elle résonne de partout, au quotidien. On l’entend, en sourdine, grâce à un travail remarquable sur le son. Ce sont des échos lointains et confus de soufflements, claquements, entrechocs, tirs, chiens qui aboient, ordres. Autrement dit une partition spécifique : celle de la machine de mort hitlérienne, de l’industrialisation du crime nazi. La nuit venue, ce bruit de fond s’amplifie. Tels des nababs d’une villa de la Riviera Comment est-ce possible d’habiter ici ? Comment supporter cela ? Le voisinage du mal, sa cohabitation, voilà l’une des clés d’entrées possibles de cette fiction fascinante et malaisante, conceptuelle et structurelle à la fois. Où il est surtout question d’architecture, de délimitation entre le dedans et le dehors, de cloisonnement, de compartimentage d’espaces. Le réalisateur vise à montrer le foyer du bourreau et de son épouse comme une construction organique, le logis représentant à la fois leur corps et leur cerveau. Le lieu de l’obsession ménagère, où tout doit être propre, rangé, sélectionné, évacué. Le lieu du plaisir de façade – les Höss se goinfrent, boivent, profitent du jardin et de la piscine tels des nababs d’une villa de la Riviera – radiographié de manière clinique. Un monde verrouillé de l’intérieur, abritant fierté mais aussi vide, névrose, déni, hantise à venir. Se peut-il que cet officier SS zélé et cette Mme Höss aussi dynamique que glaçante nous ressemblent est une autre question taraudante. C’est la force de l’allégorie de susciter en nous toutes sortes de troubles et d’interrogations sur ce qui nous éloigne ou nous rapproche de ces monstres ordinaires. Sur ce qui est occulté, enfoui en eux. Avec ses plans géométriques au scalpel, de lumière qu’on éteint, de couloirs et d’escaliers, de fenêtres, de portes qu’on ouvre et ferme, La Zone d’intérêt ressemble parfois étrangement au ballet domestique de Jeanne Dielman…, le chef-d’œuvre de Chantal Akerman. Même sens de « l’installation » plastique, même scénographie, même métacinéma. Avec une perspective tout autre ici, où les métaphores filées, où les cendres et reliques exhumées, sont reliées à un contexte historique précis, documenté, cartographié, topographié. L’expérience a ceci de vertigineux qu’elle enferme et ouvre à la fois sur un abîme d’obscurité. — Jacques Morice :t0: CONTRE Il y a trente ans, lors de la sortie de La Liste de Schindler, Claude Lanzmann accusait Steven Spielberg de « trivialiser l’Holocauste », rappelant un interdit de représentation de la Shoah par la fiction. Interdit que László Nemes bravait, en 2015, avec Le Fils de Saul, où il choisissait de nous immerger de manière violemment frontale dans l’horreur. Jonathan Glazer, lui, opte pour l’exact contraire : l’installation cérébrale et glaçante, le formalisme géométrique, avec pour seule embardée émotionnelle, et particulièrement contestable, le sous-entendu de soudains remords de la part de la belle-mère, qui écourte sa visite dans cette « maison du bonheur ». Le cinéaste utilise, certes, le hors-champ de manière radicale, et, reconnaissons-le, particulièrement dérangeante. Mais l’on peut aussi se demander si ce n’est pas le choix de la… facilité. Quoi de plus malin, en effet, que de se braquer sur la banalité du mal en son jardin, de réduire la machine de mort à une partition sonore, pour ne pas avoir à montrer ce qui se passe de l’autre côté ? Faire du quotidien des bourreaux son sujet revient à invisibiliser les victimes, et la réalité de leur extermination, et donc à se protéger, justement, de tout risque de cette « trivialité » dénoncée par Lanzmann. Avec La Zone d’intérêt, Jonathan Glazer peut ainsi exceller en restant dans sa zone de confort esthétique.— Guillemette Odicino
Année : 2023
Avec : Christian Friedel, Daniel Holzberg, Freya Kreutzkam, Johann Karthaus, Kogge Imogen, Lilli Falk, Maaz Alexander, Maximilian Beck, Medusa Knopf, Ralph Herforth, Sandra Hüller, Stephanie Petrowitz
Télévision : 1er décembre à 23:05-01:05 sur W9
film : drame
Fin 2004. Henry, Maria et leurs trois fils découvrent avec ravissement la plage thaïlandaise où ils vont passer leurs vacances de Noël. L'hôtel est luxueux, le sable blanc et l'envol nocturne des lampions, un enchantement qui fait briller les yeux des enfants. Mais le 26 décembre, alors que Henry et ses deux plus jeunes fils pataugent dans la piscine, l'attention de Maria est attirée par un vent qui se lève soudainement. A peine ont-ils le temps de lever les yeux qu'une énorme vague submerge les cocotiers et balaie la plage. Maria et Lucas, le fils aîné, luttent pour survivre à la surface du tsunami, tandis que Henry serre les deux petits contre lui... - Critique : En reconstituant le tsunami du 26 décembre 2004 sur le rivage thaïlandais, le jeune réalisateur espagnol de L’Orphelinat (2007) dit son goût du cinéma grand public, mais avec un souci de vérité qui relève non du sensationnel, mais du témoignage. On avait déjà vu — dans Au-delà (2010), de Clint Eastwood — le brutal engloutissement d’un monde sous une vague meurtrière. Juan Antonio Bayona va plus loin. Au lieu de s’en tenir à des images chocs isolant un moment traumatisant, il installe sa vision du tsunami dans la durée, prend la mesure d’un phénomène qui dépasse la raison humaine. Héritier de Spielberg ? Les sentiments cimentent cette reconstitution crédible de façon classique, mais sans le moindre excès mélodramatique. Naomi Watts n’a aucun besoin d’en rajouter pour être l’actrice la plus émouvante du monde. L’important semble surtout d’aller chercher, dans une réalité dévastatrice, ce qui continue à faire tenir la vie, à élever l’homme. Cela a valu à Juan Antonio Bayona d’être qualifié, notamment aux États-Unis, d’héritier de Steven Spielberg. C’est mérité.
Année : 2012
De : JA Bayona
Avec : Etura Marta, Ewan McGregor, Geraldine Chaplin, Johan Sundberg, Joslin Samuel, Junger Gil, Möhring Sönke, Naomi Watts, Oaklee Pendergast, Peter Tuinstra, Ploy Jindachote, Tom Holland
Télévision : 27 novembre à 23:00-01:35 sur NRJ 12
film de science-fiction
Washington, en 2054. L'agent John Anderton est à la tête d'une unité de police très particulière, la division "Pré-Crime", capable de détecter un criminel avant qu'il ne le devienne. Cette expérience controversée repose sur les visions de trois extralucides, les "Pré-Cogs". Un jour, alors qu'il revient d'une mission périlleuse, Anderton prend connaissance d'un nouveau dossier. L'impensable se produit : il est le prochain criminel. Il s'enfuit pour échapper à ses propres troupes. Le fugitif tente de comprendre comment "Pré-Crime" a pu le désigner comme un tueur. Il part à la recherche de sa future victime et porte son attention sur Agatha, la plus douée des "Pré-Cogs"... - Critique : Voeu pieux du petit Steven, 55 ans, réalisateur à Hollywood : dans le meilleur des mondes, tous les assassins seraient neutralisés, mis hors d'état de nuire juste avant d'avoir commis leur forfait... Dont acte. En 2054, soit après-demain, une nouvelle division de la police américaine utilise les pouvoirs paranormaux d'un trio de voyants, les « précogs » (de « précognitifs »). Le cerveau bousillé dès le stade foetal par une drogue de synthèse qu'utilisaient leurs parents donc, nos enfants, brr... , ces modernes pythies lisent le futur, quand celui-ci est criminel : les meurtres à venir à plus ou moins longue échéance, selon qu'il y a ou non préméditation leur parviennent sous forme de flashs, d'images flottantes, de courtes séquences disjointes et floues. Aux flics de la « précrime » d'assembler ces saynètes, transmises du cerveau des oracles à des ordinateurs transparents super design, de les interpréter et d'aller cueillir les criminels avant le crime. Est-on aussi coupable de vouloir tuer que de tuer réellement ? Oui, si l'avenir est écrit, certifié intangible. John Anderton, policier d'élite, virtuose de la manipulation d'images précognitives, et par ailleurs Tom Cruise dans le civil, ne se pose donc pas la question. Jusqu'au jour où le prochain meurtrier qu'il doit menotter n'est autre que lui-même. Alors, notre héros prend la tangente, fuit dans la ville ultramoderne, et tente d'échapper à ses poursuivants. On ne nous la fait pas : au-delà de leur première incarnation de flics du futur avec casques, uniformes et armes inédites la « vomitrique », gourdin qui fait dégobiller le délinquant chopé ! , ces chasseurs d'hommes représentent le destin, qui colle poisseux aux basques du simple mortel. Destinés d'abord au public ado, bourrés de technologie et d'invraisemblances, les films de science-fiction n'ont pas forcément bonne réputation. Il en sort un tous les quatre ou cinq ans qui fait date, parce qu'il prend le genre au sérieux : Blade Runner, de Ridley Scott, L'Armée des douze singes, de Terry Gilliam, dans une moindre mesure Strange Days, de Kathryn Bigelow, ou Bienvenue à Gattaca, d'Andrew Niccol. Minority Report est de cette trempe-là, et rassure ceux qui n'avaient plus tout à fait reconnu Steven Spielberg dans sa dernière fable futuriste, A.I. Ou qui avaient trop reconnu son sentimentalisme... Car Minority Report est tiré d'une nouvelle de Philip K. Dick, et le film bénéficie fortement de cette rencontre : le nihilisme amer de l'écrivain altère et enrichit l'humanisme souvent béat du cinéaste. Et inversement. C'est 1984 avec une lueur d'espoir, en quelque sorte, un film qui dose finement le spectaculaire et le devoir de philo (mention assez bien), bref qui a tout pour hanter longtemps notre imaginaire. Là où Spielberg est convaincant, en premier lieu, c'est dans la représentation de la société de demain. Les objets et gadgets d'alors home cinema en 3D, minitéléphones de la taille d'une oreillette, quotidiens électroniques en prise directe avec l'actualité, etc. sont une extrapolation astucieuse de ce que l'on vit déjà. Mieux, le flicage permanent par flashage de la rétine très Big Brother utilisé à des fins commerciales jolie séquence de pub interactive et policières ne fait que pousser jusqu'à l'extrême la « traçabilité » déjà avérée de nos actes (achats par carte de crédit, connexions Internet, cliquez, vous êtes surveillé). Ce futur, on y est presque. Y croire, c'est d'ailleurs la condition sine qua non de la réussite du film : pour mieux faire passer l'impossible postulat de départ (des « précogs » lisent l'avenir), Spielberg lui-même a su s'entourer de futurologues compétents. Le film joue ce parallélisme permanent, et le personnage de Tom Cruise s'affirme, dans les premières scènes, comme un double du réalisateur. La course-poursuite donne au récit une formidable dynamique, et, au fur et à mesure que s'éclaire la machination (car machination il y a), les rebondissements s'enchaînent sans que l'intérêt ne se relâche. Peut-être Spielberg délaie-t-il trop la résolution de l'énigme, peut-être certains exploits physiques du beau Tom sont-ils too much sa traversée d'une usine de bagnoles frôle le grotesque. En cherchant à toucher tous les publics, le film paraît parfois curieusement hétérogène : à une belle séquence burlesque et baroque (une greffe d'yeux par un savant fou) succèdent ainsi quelques scories pleurnichardes (un éloge récurrent de la vie de famille). Mais la force du propos est magnifiée par son unité stylistique. Récemment et notamment pour les Jurassic Park, Spielberg s'était appuyé sur ses réalisateurs de seconde équipe, coauteurs des films à des degrés divers. Ici, il reprend la main. Les choix plastiques belle photo de Janusz Kaminski donnent au futur une monochromie quasi orwellienne. Un plan magnifique montre aussi les visages de Tom Cruise et de Samantha Morton (étonnante dans le rôle d'Agatha, la « précog ») , l'un tourné vers le passé qui le hante, l'autre vers le futur. Image parlante d'un Janus bifront qui offre la clé du récit : la réconciliation, la communication passeront par l'acceptation du présent, la nécessité de faire avec le monde tel qu'il est. Minority Report s'impose in fine comme un éloge du libre arbitre, un refus presque inattendu dans le contexte hollywoodien de l'obscurantisme. Non seulement l'homme n'est pas le jouet d'un fatum aveugle, mais le futur qui l'attend, c'est à lui de l'imaginer et de le bâtir. Steven Spielberg a triomphé de Philip K. Dick...
Année : 2002
De : Steven Spielberg
Avec : Colin Farrell, Harris Steve, Jessica Capshaw, Kathryn Morris, Lois Smith, Matthew Dickman, Max Von, Neal McDonough, Patrick Kilpatrick, Peter Stormare, Samantha Morton, Tom Cruise
Télévision : 27 novembre à 21:05-23:00 sur TF1 Séries Films
film de guerre
Entre le 26 mai et le 4 juin 1940, les plages de Dunkerque sont ravagées par la guerre. Venus de Belgique, d'Angleterre, du Canada et de France, des soldats alliés se retrouvent pris sous le feu des forces allemandes. Une vaste opération d'évacuation est mise en place pour tenter de les sauver. Deux soldats sous uniforme britannique tentent désespérément de quitter la zone par la mer. Après avoir essayé de monter à bord d'un navire qui transporte des blessés, ils grimpent sur un petit navire de pêche échoué et attendent la marée montante. Mais ils ne sont pas seuls, l'ennemi prend bientôt la frêle embarcation pour cible. Depuis l'Angleterre, un vieil homme, son fils et l'un de ses amis adolescents mettent le cap sur Dunkerque. Dans les airs, trois Spitfire en mission défendent le ciel... - Critique : Mai 1940. Sur la plage de Dunkerque, près de deux cent mille soldats anglais se retrouvent encerclés par les Allemands. Refusant la reddition, les Britanniques décident d’organiser une rocambolesque opération de repli. Pour résumer cet événement, le réalisateur a choisi trois terrains de bataille et trois unités de temps. Une semaine sur la plage, où l’on suit le jeune soldat Tommy (Fionn Whitehead), qui échoue à partir. Un jour sur la mer, dans un petit voilier qui s’en va sauver des combattants. Enfin, une heure dans un Spitfire, fleuron de la Royal Air Force, avec un Tom Hardy glorieux aux commandes de l’appareil… Totale immersion au cœur de l’action : c’est le leitmotiv de ce film de guerre. On ressent de plein fouet le sifflement des balles, le souffle des bombes, la poussée des vagues. Pas de répit, le danger est permanent, sans cesse relancé. L’équipage d’un destroyer qui se retrouve soudain noyé sous le coup d’une torpille. Un aviateur qui a réussi son amerrissage mais reste coincé dans son cockpit. Des hommes dans l’eau, brûlés vifs par une nappe de mazout en feu… Ce sont là les séquences marquantes d’un film qui n’apporte, malgré tout, rien de vraiment nouveau, à la différence d’Il faut sauver le soldat Ryan, de Steven Spielberg, ou de La Ligne rouge, de Terrence Malick, auquel on pense parfois, dans sa manière de flotter entre la vie et la mort. Plus gênant : l’emballement patriotique très appuyé lorsque surgit la flottille civile, valeureuse. Tout juste si, à la fin, l’hymne britannique ne se met pas à résonner…
Année : 2017
Avec : Aneurin Barnard, Barry Keoghan, Cillian Murphy, Fionn Whitehead, Jack Lowden, James D'Arcy, Kenneth Branagh, Mark Rylance, Matthew Marsh, Styles Harry, Tom Hardy, Tom Nolan
DVD/Blu-ray : 5 novembre
Editeur : L'Atelier d'Images
Année : 1968
De : Richard Irving, Steven Spielberg, Jonathan Demme, Ben Gazzara, Patrick McGoohan, Robert Butler, Jeannot Szwarc, John Cassavetes, Bernard L Kowalski, Harvey Hart, Richard Quine, James Frawley, Hy Averback, Nicholas Colasanto, Edward M Abroms, Boris Sagal, Peter Falk, Leo Penn, Alf Kjellin, Ted Post, Norman Lloyd, Jack Smight, Jeremy Kagan, Robert Douglas, Sam Wanamaker
Avec : Peter Falk, Gene Barry, Jack Cassidy, Robert Culp, Ross Martin, Roddy McDowall, John Cassavetes, Ray Milland, Leonard Nimoy, Martin Landau, Vera Miles, Donald Pleasence, Jackie Cooper, José Ferrer, Johnny Cash, Robert Conrad, Dick Van Dyke, Patrick McGoohan, Robert Vaughn, Gena Rowlands, George Hamilton, Janet Leigh, Hector Elizondo, Ricardo Montalbán, William Shatner, Louis Jourdan, Ian Buchanan, Dabney Coleman, Faye Dunaway, Tyne Daly
Disney+ : 5 novembre
Ses bandes originales inoubliables ont marqué une série de grands films pendant plusieurs décennies. Écoutez et regardez l’histoire de John Williams, commentée par des cinéastes, des musiciens et des artistes qu’il a inspirés, avec des séquences rares dans les coulisses de l’histoire du cinéma.
De : Laurent Bouzereau
Avec : John Williams, Steven Spielberg, J J Abrams, Emanuel Ax, Kate Capshaw, Chris Columbus, Gustavo Dudamel
DVD/Blu-ray : 2 octobre
Editeur : New Line
Année : 2002
De : Jay Roach
Avec : Mike Myers, Beyoncé, Michael Caine, Seth Green, Michael York, Robert Wagner, Mindy Sterling, Verne Troyer, Tom Cruise, Gwyneth Paltrow, Steven Spielberg, Britney Spears
DVD/Blu-ray : 2 octobre
Editeur : Universal Pictures Home Entertainment
Année : 1968
De : Richard Irving, Steven Spielberg, Jonathan Demme, Ben Gazzara, Patrick McGoohan, Robert Butler, Jeannot Szwarc, John Cassavetes, Bernard L Kowalski, Harvey Hart, Richard Quine, James Frawley, Hy Averback, Nicholas Colasanto, Edward M Abroms, Boris Sagal, Peter Falk, Leo Penn, Alf Kjellin, Ted Post, Norman Lloyd, Jack Smight, Jeremy Kagan, Robert Douglas, Sam Wanamaker
Avec : Peter Falk, Gene Barry, Jack Cassidy, Robert Culp, Ross Martin, Roddy McDowall, John Cassavetes, Ray Milland, Leonard Nimoy, Martin Landau, Vera Miles, Donald Pleasence, Jackie Cooper, José Ferrer, Johnny Cash, Robert Conrad, Dick Van Dyke, Patrick McGoohan, Robert Vaughn, Gena Rowlands, George Hamilton, Janet Leigh, Hector Elizondo, Ricardo Montalbán, William Shatner, Louis Jourdan, Ian Buchanan, Dabney Coleman, Faye Dunaway, Tyne Daly
DVD/Blu-ray : 31 juillet
Editeur : Universal Pictures Home Entertainment
Année : 1975
De : Steven Spielberg
Avec : Roy Scheider, Robert Shaw, Richard Dreyfuss, Lorraine Gary, Murray Hamilton, Carl Gottlieb, Jeffrey Kramer, Susan Backlinie
Netflix : 23 juillet
Jeux Olympiques de Munich, 5 septembre 1972. Un commando de terroristes palestiniens prend en otages puis exécute 11 membres de l'équipe sportive israélienne, sous l'œil des téléspectateurs du monde entier. Inspiré de faits réels, Munich retrace le parcours de 5 agents israéliens chargés de traquer les 11 palestiniens considérés comme les commanditaires de l'attentat. Pour mener à bien cette mission, les 5 hommes devront renoncer du jour au lendemain à leur identité, et s’exposer à tout moment à la vengeance de leurs cibles.
De : Steven Spielberg
Avec : Eric Bana, Daniel Craig, Ciarán Hinds, Mathieu Kassovitz, Hanns Zischler, Ayelet Zurer, Geoffrey Rush