Pierre Le Coz : passages TV

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Récemment en juin
 

Quand vient l'automne

Télévision : 19 juin à 14:13-15:54 sur Canal +

film : drame

Michelle, une grand-mère bien sous tous rapports, passe une retraite paisible dans un village de Bourgogne, pas loin de sa meilleure amie Marie-Claude. A la Toussaint, sa fille Valérie vient lui rendre visite et déposer son fils Lucas pour la semaine de vacances. Mais rien ne se passe comme prévu. En effet, Valérie, restée sur place pour partager un repas en famille, est victime d'une intoxication alimentaire après avoir consommé des champignons toxiques cueillis et cuisinés par Michelle. Hors d'elle, Valérie accuse sa mère d'avoir sciemment tenté de l'empoisonner et quitte les lieux en emmenant Lucas, au grand dam de Michelle... - Critique : :t3: POUR : un habile puzzle criminel On connaît l’habileté de François Ozon à jongler avec l’artifice et la théâtralité (Mon crime, Peter von Kant). Mais le cinéaste rappelle ici combien il est aussi à l’aise dans la sobriété. C’est sous l’apparence d’une chronique familiale et générationnelle que débute le film. Retraitée pieuse et dynamique, Michelle (Hélène Vincent) s’apprête à accueillir, dans sa confortable maison campagnarde, sa fille et son petit-fils, qu’elle est censée garder pour la durée des vacances scolaires… Mais après avoir préparé, par mégarde, un plat de champignons toxiques, elle se voit accusée par sa fille d’avoir voulu l’empoisonner. Jugeant sa mère dangereuse, Valérie (Ludivine Sagnier) rentre illico à Paris avec son fils. Une brouille à l’image de leur relation. La jeune femme, dure et tranchante, reproche à Michèle de n’avoir jamais été la mère qu’elle aurait voulue. L’épisode des champignons est-il un pur accident ? Un acte manqué ? Il préfigure, de toute façon, un drame, car quelqu’un finira par mourir dans ce thriller psychologique aussi vénéneux que profondément sentimental. Là réside son charme et le trouble tenace qu’il suscite. S’il donne l’impression de braconner sur les terres du polar bourgeois, il s’en démarque par sa manière de défendre jusqu’au bout l’humanité de ses personnages, sans aucun jugement. Michelle (géniale Hélène Vincent, tout en nuances troublantes) est une formidable grand-mère gâteau, aimante et dévouée aux autres, notamment à sa grande copine Marie-Claude (Josiane Balasko, poignante), elle-même tourmentée par l’avenir de son grand fils (Pierre Lottin, prix du meilleur second rôle au festival de San Sebastián, où le film a aussi reçu le prix du jury du meilleur scénario), qui, bientôt, sort de prison et tente de se réinsérer. Même Valérie, la moins aimable, est malgré tout sauvée, excusée, par la douleur qu’elle porte, cette incapacité au bonheur qui la fragilise et la fait passer à côté de sa vie. La famille qu’on se choisit François Ozon nous balade au cœur d’un puzzle criminel dont la force repose sur les ellipses, les hors-champ, et qui nous oblige à cheminer, à remplir les blancs, à épouser tous les points de vue, et à douter, sans arrêt. En jouant avec une mise en scène d’une ambiguïté constante, il interroge, avec une douce cruauté, les liens du sang, de la manière la plus ouverte, la plus amorale qui soit, décompose et recompose la notion de famille, privilégiant celle qu’on se choisit, même si les chemins empruntés passent par de sombres détours. Il porte aussi un regard formidable sur la vieillesse et ses possibles métamorphoses. Même l’automne de la vie peut contenir, en germe, un printemps tardif. — Hélène Marzolf :t0: CONTRE : un film qui sent le renfermé François Ozon tourne trop. Il n’est pas le seul, hélas, dans le cinéma français. Presque un film par an depuis un quart de siècle, ça use, forcément. Ce n’est pas que le cinéaste radote, il est même connu pour savoir changer de style comme de chemise. Son vingt-troisième opus appartient à sa veine chabrolienne, comme Swimming Pool ou L’Amant double, soi-disant vénéneuse mais surtout paresseuse, la moins intéressante. Mise en place interminable, musique illustrative qui surligne toutes les émotions, rebondissements prévisibles : voilà du scénario filmé en guise de mise en scène. Il y a davantage d’invention formelle dans un épisode de la série HPI que dans ce polar recuit. Le personnage de Ludivine Sagnier est si grossièrement infect (avec son fils, avec sa mère, avec tout le monde) qu’on lui aurait bien servi deux fois l’omelette aux amanites phalloïdes. En fils de pute (littéralement) au grand cœur mais bête comme ses pieds, Pierre Lottin semble une fois de plus bloqué sur le registre populaire d’un répertoire qu’on espère plus varié. Petit film du dimanche soir, à regarder avec ses parents ou ses grands-parents pour débattre de la toxicité des liens familiaux, cet Ozon nouveau sent déjà le renfermé. L’automne est une saison tout en nuances qui méritait mieux qu’un film vieillot. — Jérémie Couston

Année : 2024

Avec : Garlan Erlos, Hélène Vincent, Josiane Balasko, Ludivine Sagnier, Malik Zidi, Michel Masiero, Paul Beaurepaire, Pierre Le Coz, Pierre Lottin, Sidiki Bakaba, Sophie Guillemin, Vincent Colombe