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Antérieurement en 2022
 

Joker

Télévision : 13 mars 2022 à 21:10-23:25 sur TF1

film : thriller

Arthur Fleck vit seul avec sa mère malade dans une cité sordide de Gotham City. Il est atteint d'une maladie neurologique qui provoque des crises de rire impromptues, et peine à distinguer la réalité de ses fantasmes. Il rêve de devenir humoriste et de passer à la télévision dans le show d'un présentateur très populaire, le grand Murray Franklin, qu'il regarde tous les soirs, et d'y triompher. En attendant, il fait le clown dans des hospices pour enfants ou dans la rue, en homme-sandwich assez remuant. Après s'être fait tabasser dans une ruelle par une bande de voyous qui lui avaient arraché son panneau publicitaire, un de ses collègues clown lui offre un revolver. Le début d'un long glissement vers une série de crimes psychotiques... - Critique : Pour On aime beaucoup Dans l’histoire des personnages de DC Comics transposés au cinéma, Joker est une sorte de révolution. Non seulement un superhéros n’y tient plus le haut de l’affiche mais le réalisme brutal y prend le pas sur les leurres du fantastique. Collé à l’asphalte, Joker plonge le spectateur dans l’univers vicié de Gotham City, qui ressemble comme deux gouttes d’eau au New York de la fin des années 1970, jonché de détritus, infesté de rats. Où la pauvreté se voit à chaque coin de rue et où l’aide sociale se réduit comme peau de chagrin. Arthur est un célibataire efflanqué qui vit avec sa mère souffreteuse, dont il prend soin. Lui-même est fragile, frappé d’un dérèglement psychique, qui provoque chez lui des rires incontrôlables quand il est sous le coup d’une vive émotion. Il rêve d’être une star du stand-up et de passer dans un show télévisuel présenté par le célèbre Murray (Robert De Niro). Mais pour l’instant il n’est qu’un clown pathétique, faisant l’homme-sandwich dans la rue entre des numéros pour les enfants à l’hôpital. Autant l’avouer : on craignait la présence derrière la caméra de Todd Phillips. Curieux attelage que celui de ce spécialiste des comédies potaches (on lui doit la trilogie de Very Bad Trip) avec le super vilain de DC Comics, naguère interprété par Jack Nicholson et Heath Ledger. Le réalisateur réussit pourtant sa conversion en déplaçant son sens de la bouffonnerie vers une œuvre noire, dont le nihilisme résonne avec bien des contestations rageuses émaillant l’actualité d’aujourd’hui. À la suite d’un malheureux concours de circonstances qui le fait basculer dans le meurtre, Arthur le paria se retrouve en effet le catalyseur accidentel du chaos urbain, conséquence naturelle du fascisme cynique qui pèse sur la ville. Difficile de ne pas y voir une satire grinçante du « trumpisme » qui, non content de tourner en ridicule les faibles, les fous, les non-Blancs, les met au ban de la société. La violence et les humiliations subies par l’humoriste raté se retournent ainsi en parade criminelle, festive, baroque, où Arthur devient l’emblème involontaire d’un embrasement général. Et cette noirceur n’est pas vertueuse : elle reste jusqu’au bout liée à l’outrance, au ricanement, à la caricature. Le film lui-même s’assume souvent comme un pastiche de La Valse des pantins, de Martin Scorsese (1983). Est-il besoin de préciser que Joker doit beaucoup à la performance impressionnante de Joaquin Phoenix ? Ce n’est pas uniquement l’expressivité de son visage (masqué ou non) qui bluffe, mais tout son corps (amaigri de 23 kilos !), que l’on voit se métamorphoser. De clown triste et recroquevillé, il sort de sa chrysalide, devient danseur, esquissant des pantomimes élégantes, dans la lignée du kabuki et du moonwalk de Michael Jackson. Quant à son rire, retentissant et dérangeant, entre la congestion de poitrine et les larmes, il évoque le mal psychosomatique d’une société folle, où l’oppression par les nantis et la farce médiatique ne font plus qu’un. — Jacques Morice Contre On n'aime pas Joaquin Phoenix avait déjà joué tous les degrés de la folie, toutes ses manifestations, discrètes ou spectaculaires. L’absence de surprise conduit donc, cette fois, à le regarder froidement et à le trouver redondant. À sa décharge, il est embarqué dans un projet d’une facticité intégrale. Avec une incontestable science du marketing, les studios Warner et DC Comics ont concocté un nouveau type de produit dérivé pour la marque Batman, qui fête ses 80 ans, cette année : le néofilm d’auteur, destiné aux plus adultes des fans du super­héros. D’où le vernis chic des nombreux emprunts à Martin Scorsese et au brûlot sophistiqué des Wachowski, V pour Vendetta. D’où, aussi, la prétention à l’étude de cas psychiatrique. L’emballage auteuriste a déjà fait illusion au-delà des espérances holly­woodiennes, avec le gain du Lion d’or à Venise, et il y a de quoi s’en étonner : comme tous les amuseurs qui veulent « faire sérieux », le réalisateur de Very Bad Trip empile lourdement les signes de gravité, société malade, monde sans pitié, douleur colossale sous la grimace du rire et les gesticulations. Tantôt aphasique tantôt éloquente, selon les besoins des scénaristes, la créature sonne terriblement faux. Et un rebondissement précis en dit long sur les enjeux industriels sous-jacents. En effet, l’intrigue laisse croire un temps que l’infortune de Joker, le miséreux, aurait pour responsable, à l’autre bout de la ville, le père, puissant et richissime, de Batman le glorieux… Mais non, pas question de salir le pedigree du rentable superhéros : si Joker est fou à lier, c’est finalement la faute de sa mère, et d’elle seule. Les femmes portent toujours le chapeau dans ces univers de vieux petits garçons. — Louis Guichard

Année : 2019

Avec : Bill Camp, Brett Cullen, Brian Tyree, Bryan Callen, Carl Lundstedt, Cashin John, Dante Pereira-Olson, David Iacono, Douglas Hodge, Frances Conroy, Gary Gulman, Glenn Fleshler, Isabella Ferreira, James Ciccone, Joaquin Phoenix, Joe Ochman, Jolie Chan, Josh Pais, Kate Mary, Lovette Adrienne, Mandela Bellamy, Marc Maron, Michael Benz, Robert De, Sharon Washington, Shea Whigham, Sondra James, Tony D, Weldon Julia, Zazie Beetz