Télévision : 1er juillet à 00:24-02:05 sur Canal +
film : comédie dramatique
Jadis critique musical, Arthur Berthier se retrouve rétrogradé à un poste de journaliste de terrain après avoir saccagé une chambre d'hôtel. Il ne tarde pas à découvrir les dangers qui entourent cette nouvelle fonction. En effet, chargé de couvrir l'évacuation d'un camp de migrants, il est envoyé aux urgences, un CRS ayant fait un excès de zèle. A l'hôpital, Arthur rencontre Mathilde, responsable d'une association qui vient en aide aux réfugiés. Sous le charme et prêt à tout pour séduire cette dernière, il accepte d'héberger à son domicile Daoud, un jeune Afghan, a priori seulement pour quelques jours... - Critique : Satire affable, ce premier long métrage de la directrice de casting Julie Navarro, adapté du roman de son compagnon, De l’influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire, ironise sur une certaine tendance du cinéma français à romantiser des parcours de vie terribles de réfugiés et, symétriquement, des récits d’engagement citoyen. En témoigne ce prologue aussi délicieux que peu crédible, où Arthur (Benjamin Biolay, merveilleusement acrimonieux), critique rock d’un quasi-Libération, est « puni » par un simili-Laurent Joffrin (l’ancien directeur du même quotidien). Après avoir propulsé un minibar par la fenêtre d’un hôtel (et tenté de faire passer la facture en note de frais), Arthur est donc envoyé au service actualités du journal. Pire : en reportage. Le voilà chargé de suivre l’évacuation d’un camp de réfugiés dans le nord de Paris, et face à la matraque peu opportune d’un CRS. Choc cognitif ou, au contraire, régénération neuronale ? Du rythme et des acteurs engagés Le journaliste commence à s’ouvrir à son prochain et revient étudier le fonctionnement de l’association. On lui présente Daoud, un Afghan en transit vers le Royaume-Uni. Sans trop réfléchir, le Français propose de l’héberger. Il ne s’agit pas d’un coup de foudre amical entre les deux hommes, mais plutôt d’une occasion, pour la réalisatrice, d’étudier le regard des proches d’Arthur. Le bobo parisien n’est-il pas le pire ennemi de l’engagement sur le terrain ? Rythmé avec minutie, le film déroule sa comédie (qui aurait pu être un brin plus musclée) en se jouant des clichés. Les personnages, très conscients d’eux-mêmes et de leurs contradictions, sont portés par leurs acteurs : Benjamin Biolay, dans le rôle du salaud sympa, et Camille Cottin, irréprochable en militante dépassée qui est aussi, peut-être, l’une des raisons qui font qu’Arthur retourne à l’association… On regrette seulement un dernier acte plus gentil que grinçant, ayant tendance à verser dans ce que le film s’était appliqué à déconstruire.
Année : 2024
Avec : Amrullah Safi, Andranic Manet, Beatrice Fontaine, Benjamin Biolay, Camille Cottin, Hippolyte Girardot, Koutari Brahim, Loula Bartilla Besse, Makita Samba, Olivier Charasson, Saadia Bentaïeb, Soumaye Bocoum
Télévision : 1er juillet à 00:24-02:04 sur Canal +
film : comédie dramatique
Jadis critique musical, Arthur Berthier se retrouve rétrogradé à un poste de journaliste de terrain après avoir saccagé une chambre d'hôtel. Il ne tarde pas à découvrir les dangers qui entourent cette nouvelle fonction. En effet, chargé de couvrir l'évacuation d'un camp de migrants, il est envoyé aux urgences, un CRS ayant fait un excès de zèle. A l'hôpital, Arthur rencontre Mathilde, responsable d'une association qui vient en aide aux réfugiés. Sous le charme et prêt à tout pour séduire cette dernière, il accepte d'héberger à son domicile Daoud, un jeune Afghan, a priori seulement pour quelques jours... - Critique : Satire affable, ce premier long métrage de la directrice de casting Julie Navarro, adapté du roman de son compagnon, De l’influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire, ironise sur une certaine tendance du cinéma français à romantiser des parcours de vie terribles de réfugiés et, symétriquement, des récits d’engagement citoyen. En témoigne ce prologue aussi délicieux que peu crédible, où Arthur (Benjamin Biolay, merveilleusement acrimonieux), critique rock d’un quasi-Libération, est « puni » par un simili-Laurent Joffrin (l’ancien directeur du même quotidien). Après avoir propulsé un minibar par la fenêtre d’un hôtel (et tenté de faire passer la facture en note de frais), Arthur est donc envoyé au service actualités du journal. Pire : en reportage. Le voilà chargé de suivre l’évacuation d’un camp de réfugiés dans le nord de Paris, et face à la matraque peu opportune d’un CRS. Choc cognitif ou, au contraire, régénération neuronale ? Du rythme et des acteurs engagés Le journaliste commence à s’ouvrir à son prochain et revient étudier le fonctionnement de l’association. On lui présente Daoud, un Afghan en transit vers le Royaume-Uni. Sans trop réfléchir, le Français propose de l’héberger. Il ne s’agit pas d’un coup de foudre amical entre les deux hommes, mais plutôt d’une occasion, pour la réalisatrice, d’étudier le regard des proches d’Arthur. Le bobo parisien n’est-il pas le pire ennemi de l’engagement sur le terrain ? Rythmé avec minutie, le film déroule sa comédie (qui aurait pu être un brin plus musclée) en se jouant des clichés. Les personnages, très conscients d’eux-mêmes et de leurs contradictions, sont portés par leurs acteurs : Benjamin Biolay, dans le rôle du salaud sympa, et Camille Cottin, irréprochable en militante dépassée qui est aussi, peut-être, l’une des raisons qui font qu’Arthur retourne à l’association… On regrette seulement un dernier acte plus gentil que grinçant, ayant tendance à verser dans ce que le film s’était appliqué à déconstruire.
Année : 2024
Avec : Amrullah Safi, Andranic Manet, Beatrice Fontaine, Benjamin Biolay, Camille Cottin, Hippolyte Girardot, Koutari Brahim, Loula Bartilla Besse, Makita Samba, Olivier Charasson, Saadia Bentaïeb, Soumaye Bocoum
Télévision : 30 juin à 08:20-09:59 sur Canal +
film : comédie dramatique
Aymeric retrouve Florence, une ex-copine du lycée, au hasard d'une soirée à Saint-Claude, une petite ville située au coeur du massif du Jura. Enceinte de six mois et célibataire au moment de ces retrouvailles, Florence tombe rapidement sous le charme de cet ami longtemps perdu de vue. Tous deux s'engagent dans une relation amoureuse. Quand Jim naît, Aymeric est présent, tout comme il sera présent lorsque l'enfant fera ses premiers pas ou sa première rentrée scolaire. Tout bascule le jour où Christophe, le père biologique de Jim, débarque dans leur vie, dépressif après une tragédie personnelle. Très vite, Aymeric ne trouve plus sa place au sein de sa famille... - Critique : Aymeric (Karim Leklou) est gentil. On le lui dit souvent, mais il ne pense pas être le seul dans ce cas. Aymeric ne voit le mal nulle part et, bonne pâte, se laisse porter par la vie. Quand, adolescent, il s’est fait larguer par sa petite amie, il lui a trouvé des excuses. Et il a gardé toutes les photos qu’il a prises d’elle, même s’il n’avait pas l’argent pour les développer. Pour ce garçon doux et rond, même les négatifs sont beaux. Manutentionnaire au Spar de Saint-Claude, dans le Jura, pendant l’été 1996, il se laisse embarquer dans un petit cambriolage et, quand il sort de ses dix-huit mois de prison, sa petite sœur vient le chercher en Twingo, comme il le raconte lui-même avec une voix off qui donne de l’importance à toute chose. À l’hiver 2000, après un concert, il retombe sur Flo (Laetitia Dosch), qui avait été caissière au Spar. Elle est très extravertie, très libre et très enceinte. Ils s’installent dans un gîte à la montagne et, lorsqu’elle accouche d’un petit Jim, Aymeric tombe littéralement en amour de cet enfant. Il l’élève, c’est son fils. Les années passent, le bonheur grandit dans cette nature où l’on peut jouer aux Indiens pour de faux, jusqu’à ce que le « vrai » père de Jim débarque. Ce n’est que le début d’un roman-photo, bouleversant, à propos d’une vie… On pense à Kore-eda, Sautet, Renoir… Nous avions quitté les facétieux frères Larrieu à Lourdes, avec le délicieux Tralala – où, déjà, une mère (Josiane Balasko) décidait qu’un drôle de troubadour débarqué de nulle part (Mathieu Amalric) était son fils. Cette fois, Arnaud et Jean-Marie Larrieu troquent leurs Pyrénées natales pour les reliefs du Haut-Jura et y adaptent un livre qui semble avoir été écrit pour eux : Le Roman de Jim, de Pierric Bailly (éd. P.O.L, 2021), sur le miracle de la parentalité, avec ses instants simples et ses cruautés à pleurer. Comment filmer l’attachement ? Pour la première fois, le tandem se déleste de sa fantaisie coutumière pour l’épure, la ligne claire, et c’est une véritable flèche dans le cœur, avec un désespoir discret qui irrigue chaque scène lumineuse et tranquille. Ils vont ainsi suivre Aymeric pendant trente ans, intérimaire en tant que père, mais aussi chez Casino, Carrefour, Auchan ou en usine, qu’importe, puisque ce CV assumé sans ambition n’empêche pas, bien au contraire, de séduire les filles qui aiment danser. On pense autant à Hirokazu Kore-eda qu’à Claude Sautet dans leur manière de dérouler au fil du temps cette histoire simple, ce mélodrame sans tralala ni trémolos, où chaque instant se grave pour toujours : Sara Giraudeau en pleine transe techno, l’ivresse triste de Bertrand Belin ou une larme sur la joue de Karim Leklou. Il y a aussi, plus que jamais, du Renoir dans leur façon de donner à chacun ses raisons, quitte à provoquer le malheur d’autrui sans le faire exprès, presque gentiment. Afin de donner corps à la bonté bornée et éberluée d’Aymeric, ils ont trouvé en Karim Leklou l’interprète idéal, d’une tendresse littéralement foudroyante, dans l’amour comme dans la résignation. On l’a dit : pendant tout le film, Aymeric prend des photos qu’il ne développe pas, et que les Larrieu ne nous montrent qu’en négatifs. Jusqu’à ce moment de grâce où elles apparaissent, numérisées et massées par milliers sur un écran d’ordinateur. La vie, pour les deux cinéastes, c’est peut-être ça : avec le temps, va, tout s’en va du négatif, pour un positif enfin révélé.
Année : 2024
Avec : Andranic Manet, Bertrand Belin, Eol Personne, Karim Leklou, Laetitia Dosch, Marguerite Machuel, Mireille Herbstmeyer, Noée Abita, Robinson Stévenin, Sabrina Seyvecou, Sara Giraudeau, Suzanne De
Télévision : 30 juin à 08:18-09:57 sur Canal +
film : comédie dramatique
Aymeric retrouve Florence, une ex-copine du lycée, au hasard d'une soirée à Saint-Claude, une petite ville située au coeur du massif du Jura. Enceinte de six mois et célibataire au moment de ces retrouvailles, Florence tombe rapidement sous le charme de cet ami longtemps perdu de vue. Tous deux s'engagent dans une relation amoureuse. Quand Jim naît, Aymeric est présent, tout comme il sera présent lorsque l'enfant fera ses premiers pas ou sa première rentrée scolaire. Tout bascule le jour où Christophe, le père biologique de Jim, débarque dans leur vie, dépressif après une tragédie personnelle. Très vite, Aymeric ne trouve plus sa place au sein de sa famille... - Critique : Aymeric (Karim Leklou) est gentil. On le lui dit souvent, mais il ne pense pas être le seul dans ce cas. Aymeric ne voit le mal nulle part et, bonne pâte, se laisse porter par la vie. Quand, adolescent, il s’est fait larguer par sa petite amie, il lui a trouvé des excuses. Et il a gardé toutes les photos qu’il a prises d’elle, même s’il n’avait pas l’argent pour les développer. Pour ce garçon doux et rond, même les négatifs sont beaux. Manutentionnaire au Spar de Saint-Claude, dans le Jura, pendant l’été 1996, il se laisse embarquer dans un petit cambriolage et, quand il sort de ses dix-huit mois de prison, sa petite sœur vient le chercher en Twingo, comme il le raconte lui-même avec une voix off qui donne de l’importance à toute chose. À l’hiver 2000, après un concert, il retombe sur Flo (Laetitia Dosch), qui avait été caissière au Spar. Elle est très extravertie, très libre et très enceinte. Ils s’installent dans un gîte à la montagne et, lorsqu’elle accouche d’un petit Jim, Aymeric tombe littéralement en amour de cet enfant. Il l’élève, c’est son fils. Les années passent, le bonheur grandit dans cette nature où l’on peut jouer aux Indiens pour de faux, jusqu’à ce que le « vrai » père de Jim débarque. Ce n’est que le début d’un roman-photo, bouleversant, à propos d’une vie… On pense à Kore-eda, Sautet, Renoir… Nous avions quitté les facétieux frères Larrieu à Lourdes, avec le délicieux Tralala – où, déjà, une mère (Josiane Balasko) décidait qu’un drôle de troubadour débarqué de nulle part (Mathieu Amalric) était son fils. Cette fois, Arnaud et Jean-Marie Larrieu troquent leurs Pyrénées natales pour les reliefs du Haut-Jura et y adaptent un livre qui semble avoir été écrit pour eux : Le Roman de Jim, de Pierric Bailly (éd. P.O.L, 2021), sur le miracle de la parentalité, avec ses instants simples et ses cruautés à pleurer. Comment filmer l’attachement ? Pour la première fois, le tandem se déleste de sa fantaisie coutumière pour l’épure, la ligne claire, et c’est une véritable flèche dans le cœur, avec un désespoir discret qui irrigue chaque scène lumineuse et tranquille. Ils vont ainsi suivre Aymeric pendant trente ans, intérimaire en tant que père, mais aussi chez Casino, Carrefour, Auchan ou en usine, qu’importe, puisque ce CV assumé sans ambition n’empêche pas, bien au contraire, de séduire les filles qui aiment danser. On pense autant à Hirokazu Kore-eda qu’à Claude Sautet dans leur manière de dérouler au fil du temps cette histoire simple, ce mélodrame sans tralala ni trémolos, où chaque instant se grave pour toujours : Sara Giraudeau en pleine transe techno, l’ivresse triste de Bertrand Belin ou une larme sur la joue de Karim Leklou. Il y a aussi, plus que jamais, du Renoir dans leur façon de donner à chacun ses raisons, quitte à provoquer le malheur d’autrui sans le faire exprès, presque gentiment. Afin de donner corps à la bonté bornée et éberluée d’Aymeric, ils ont trouvé en Karim Leklou l’interprète idéal, d’une tendresse littéralement foudroyante, dans l’amour comme dans la résignation. On l’a dit : pendant tout le film, Aymeric prend des photos qu’il ne développe pas, et que les Larrieu ne nous montrent qu’en négatifs. Jusqu’à ce moment de grâce où elles apparaissent, numérisées et massées par milliers sur un écran d’ordinateur. La vie, pour les deux cinéastes, c’est peut-être ça : avec le temps, va, tout s’en va du négatif, pour un positif enfin révélé.
Année : 2024
Avec : Andranic Manet, Bertrand Belin, Eol Personne, Karim Leklou, Laetitia Dosch, Marguerite Machuel, Mireille Herbstmeyer, Noée Abita, Robinson Stévenin, Sabrina Seyvecou, Sara Giraudeau, Suzanne De