David Schroeder : passages TV

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Antérieurement en 2022
 

Mulholland Drive

Télévision : 17 janvier 2022 à 20:55-23:15 sur Arte

film : thriller

Victime d'un violent accident de voiture à Mulholland Drive, près de Beverly Hills, une jeune femme, Rita, parvient à s'extraire de la carcasse du véhicule. Totalement désorientée, devenue amnésique, elle s'enfonce dans la forêt et, paniquée, se réfugie dans une demeure inoccupée. Le lendemain, elle se cloître dans la salle des bains où elle est découverte par celle qu'elle suppose être l'occupante des lieux. En réalité, cette dernière, Betty, est actrice et débarque tout juste d'Australie pour tenter de percer à Hollywood. Elle accepte immédiatement d'apporter son aide à Rita, désireuse de reconstituer son passé et comprendre... - Critique : Lynch était depuis longtemps un auteur culte. Il devient aujourd'hui ce monument insolite, indistinctement composé de son oeuvre et de sa personne, et admiré par (presque) tout le monde. Ce sacre aurait pourtant un air d'embaumement officiel s'il n'accompagnait Mulholland Drive. Non seulement le film ample et luxuriant qu'on espérait, mais encore, et surtout, habité comme rarement, viscéral, intime, intense, iconoclaste. Mais du calme, autant que faire se peut. D'abord les retrouvailles avec la spécialité maison (si l'on excepte l'à-peu-près limpide Une histoire vraie, avant-dernier opus). Se sentir en terrain familier chez Lynch, c'est perdre ses marques et ses repères, renouer avec l'inquiétante et ludique étrangeté, ne plus savoir quelle région de réalité on traverse, celle des songes, celle des fantasmes ou bien celle qu'on appelle, faute de mieux, la réalité tout court et qui, au cinéma, est déjà simulacre, manipulation. Hollywood, la « cité des rêves » justement. A tout instant, il s'y passe quelque chose. En pleine nuit, sur Mulholland Drive, route qui serpente dans les hauteurs, une brune sculpturale, mi-garce de film noir, mi-vamp des années 50, échappe simultanément à une tentative de meurtre et à un terrifiant accident de voiture. La voici qui s'extirpe d'une carcasse de limousine comme un magnifique insecte de sa chrysalide et qui, en chancelant, redescend à travers les collines vers les lumières de la ville. Le film vient juste de commencer, mais comment dire ? Il est déjà à son sommet. Sommet d'élégance, de suspense, de mystère. Au son d'une envoûtante marche funèbre, la vue de Los Angeles illuminée semble contenir en reliques ou en germe toutes les histoires racontées depuis la naissance du cinéma, toutes les illusions et déconvenues jamais suscitées par Hollywood. Et comme de juste, voici Betty, qui, elle, est blonde, fraîche, ingénue, mi-héroïne de sitcom, mi-Grace Kelly. Elle débarque pour la première fois à l'aéroport de L.A. sous un soleil radieux. Elle se verrait bien actrice et, pourquoi pas, star. Et elle investit un appartement plus que charmant prêté par une parente. Précisément l'endroit où la brune sculpturale s'est réfugiée en cachette. S'enfoncer dans les eaux troubles ­ mais aux senteurs de bain moussant ­ de Mulholland Drive, c'est donc assister à la rencontre de la blonde Betty et de la brune Rita, qui assure ne se souvenir qu'à peine de son accident et de rien d'autre. Mais c'est aussi se retrouver dans la position même de Betty : en état d'éblouissement et de curiosité maximale. Devant Rita l'amnésique, somptueuse énigme. Devant ce décor de conte de fées californien. Devant la profondeur de champ des images, discrètement saturées de signes, d'indices à déchiffrer. Devant la prolifération des pistes ouvertes par le film. Car en contrepoint de l'enquête menée ensemble par Betty et Rita pour raviver la mémoire de cette dernière, d'étranges scènes situées à divers points de la ville oscillent entre burlesque et angoisse. Ici, le cauchemar monstrueux d'un client de la cafétéria Winkie. Là, la mainmise d'une obscure mafia sur les préparatifs d'un film à gros budget et sur son jeune réalisateur branché, bientôt dépossédé du choix de son actrice principale... Ailleurs, les gesticulations fatales d'un minable tueur à gages. Et que dire de ces deux retraités salués à l'aéroport par Betty et figés, juste après qu'elle a tourné les talons, dans une affreuse grimace ? Ce nouveau rébus géant (après ceux de Blue Velvet, Twin Peaks et Lost Highway) est incrusté de références au cinéma classique ­ Sueurs froides, En quatrième vitesse, Gilda... Mais assez miraculeusement, le recyclage obsessionnel des mythes et des stéréotypes n'empêche pas le plaisir naïf de croire à l'histoire et aux personnages. Mulholland Drive est aussi un bon vieux film normal, « figuratif ». Betty et Rita existent et s'incarnent comme peu de créatures lynchiennes auparavant. C'est même la première fois que l'auteur adopte sans relâche un point de vue féminin. Quand, juste après leur plus morbide découverte, ses deux héroïnes se réconfortent, couchées l'une contre l'autre, et prennent soudain conscience de leurs sentiments mutuels, le cinéaste abat sa carte maîtresse. Ces mots galvaudés entre tous, « I'm in love with you », semblent prononcés pour la première fois sur un écran. Une déflagration sublime. Peut-être la clé romantique de tous les mystères du film. On vient d'affirmer que Betty et Rita « existent ». Il faut paradoxalement envisager aussi l'hypothèse inverse, à la lumière du dernier quart du film, déconstruction vertigineuse de tout ce qui précède. Où l'on retrouve les deux mêmes interprètes (sensationnelles Naomi Watts et Laura Elena Harring) mais... chut, « silenzio ! » ainsi que le recommande indirectement Lynch, juste avant le générique final. Certes, mille et un détails insidieux annoncent pendant les deux premières heures cette transformation du carrosse en citrouille, ce déraillement dans l'envers du décor, cette valse terrible des identités. N'empêche, il faut s'accrocher à son fauteuil et tout reconsidérer à la hâte, rétrospectivement. Délices de la mystification. On peut toujours saisir au vol les perches tendues par le cinéaste. Un hommage vitriolé à Hollywood, sa corruption et sa misère refoulée ? L'interprétation des rêves, la psychanalyse ? Betty est-elle le « moi idéal » d'une autre blonde beaucoup moins chanceuse qu'elle ? Et Rita, l'objet de tous ses désirs, l'incarnation de ses ambitions contrariées, l'image qu'elle aurait voulu être ? Si Mulholland Drive peut se lire comme un rêve d'amoureuse déçue, c'est qu'il restitue de manière sidérante la logique de l'inconscient par son alliage de merveilleux et de ténèbres, ses larmes sans objet, ses enchaînements surréalistes, les permutations, apparitions et disparitions qu'il décline jusqu'à la démence. Mais au fond, rien n'est sûr, la boucle délirante déroulée par Lynch est presque impossible à boucler rationnellement. Rien n'est sûr, sinon l'envie irrésistible de revoir ce film schizo et parano, grisant et vénéneux, qui fait un mal monstre et un bien fou. Critique parue le 24 novembre 2001 pour la sortie du film en salles.

Année : 2001

Avec : Angelo Badalamenti, Ann Miller, Bates Jeanne, Bonnie Aarons, Brent Briscoe, Dan Birnbaum, Dan Hedaya, Daniel Rey, David Schroeder, Forster Robert, Joseph Kearney, Justin Theroux, Katharine Towne, Laura Harring, Lee Grant, Marcus Graham, Maya Bond, Michael Cooke, Michael J, Naomi Watts, Patrick Fischler, Randall Wulff, Richard Mead, Robert Katims, Scott Coffey, Sean Everett, Tom Morris

Antérieurement en 2022
 

Esprits criminels

Télévision : 6 janvier 2022 à 23:05-23:55 sur TF1

série policière

Une pulsion animale. Saison:12 - Episode:4 - Lancée à la poursuite d'un vagabond qui vole à l'étalage, la police découvre un campement de fortune en pleine forêt, avec des sacs contenant des restes humains. L'unité d'élite, toujours orpheline de Hotch, se rend sur place afin de vérifier si les meurtres en question ne sont pas l'oeuvre d'un meurtrier sur lequel ils ont enquêté six ans plus tôt. Celui-ci sévissait dans le même secteur, le sentier des Appalaches, s'en prenant à des enfants. Mais l'autopsie révèle que les restes appartiennent à cinq adultes. Aidée par les autorités locales, l'équipe finit par appréhender le suspect. Mais une autre victime a disparu entretemps. Prentiss entame l'interrogatoire du suspect. Celui-ci refuse de parler, sauf pour dire qu'il est à la recherche de son chien...

Année : 2017

De : Sharat Raju

Avec : A J Cook, Adam Rodriguez, Aisha Tyler, Chrisanne Eastwood, Courtney Gains, David Schroeder, Jake O'Flaherty, Joe Mantegna, John Cothran, Kirsten Vangsness, Luke Judy, Matthew Gray, Paget Brewster, Parker C Hix, Rick Cramer, Sorg Dusty, Toneey Acevedo, Tripp Pickell