Télévision : 13 décembre 2023 à 20:55-22:45 sur Arte

film : western

Au Nouveau-Mexique, en pleine période de conquête de l'Ouest, la petite ville d'Appaloosa est tombée sous la coupe de Randall Bragg, leader d'une bande de hors-la-loi, qui n'a pas hésité à abattre le shérif qui s'opposait à lui. Pour mettre fin à ses excès, les notables de la ville font appel à Virgil Cole et à Everett Hitch, deux hommes réputés pour avoir ramené la paix dans les endroits les plus mal famés des Etats-Unis. Mais cette fois, Cole et Hitch tombent sur un adversaire d'une autre trempe, et ramener l'ordre ne s'avère pas une tâche facile. L'arrivée en ville d'Allison French, séduisante célibataire, va encore compliquer le travail de Cole et Hitch... - Critique : Bonne nouvelle : le western n’est pas mort. Il ressuscite même à intervalles réguliers, quand un cinéaste nostalgique met un coup de santiag dans le cadavre. Six mois après James Mangold et son emballant remake de 3h10 pour Yuma, Ed Harris repasse derrière la caméra pour adapter un roman de Robert B. Parker paru en 2005. Il aborde le western sans intention de révolutionner le genre, avec la même modestie dont il a fait preuve en réalisant son biopic du peintre Pollock. Une méthode douce, plus proche du classicisme de Kevin Cost­ner (Open Range) que du « révisionnisme » eastwoodien. De fait, la trame d’Appaloosa évoque celle de Rio Bravo. Virgil Cole (Ed Harris) et son taciturne adjoint Everett Hitch (Viggo Mortensen) sont des shérifs intérimaires. Ils louent leurs services aux pleutres édiles de la petite ville d’Appaloosa, terrorisée par le redoutable Randall Bragg (Jeremy Irons). Une fois le brigand sous les verrous, le duo étoilé doit veiller sur son prisonnier en attendant l’arrivée du juge pour le procès. L’ambiance, virile, est harmonieusement perturbée par une jeune veuve du nom d’Allison French (Renée Zellweger), dont les robes froufroutantes et les doigts de pianiste envoûtent sur-le-champ Virgil Cole, habitué jusque-là aux « putes et aux squaws ». Une « faiblesse » surprenante de la part de celui qui doit sa longévité dans l’hostile Far West à son habileté à la gâchette, mais surtout à une devise qu’il s’apprête à trahir : « Les sentiments te font mourir. » Virgil peut compter sur son acolyte, plus jeune et donc moins pressé d’aimer, pour veiller sur lui. L’alchimie entre les deux stars Ed Harris et Viggo Mortensen (déjà à l’œuvre dans A history of violence, de Cronenberg) renforce la complicité, quasi filiale, entre les héros. Même s’il prend son sujet – la naissance de l’ordre et de la loi – au sérieux, Ed Harris est trop narquois pour le traiter sérieusement. Il expédie ainsi une scène de duel en deux minutes chrono (et fait même commenter l’action par son héros : « Ça a été rapide, non ? »), là où Leone aurait dilaté le temps avec emphase. Il affuble Virgil d’une obsession à vouloir améliorer son vocabulaire qui donne lieu à des dialogues absurdes. Il n’hésite pas à faire de son personnage féminin une femme volage et intéressée, à l’opposé des standards du genre. Avec ce mélange de classe et d’ironie qui le caractérise, Ed Harris nous rappelle, enfin, que les cow-boys se casent pour mourir.

Année : 2008

Avec : Ariadna Gil, Bob L Harris, Ed Harris, James Gammon, Jeremy Irons, Lance Henriksen, Renée Zellweger, Rex Linn, Robert Jauregui, Timothy Spall, Tom Bower, Viggo Mortensen