Zaytoun Hyam : passages TV

Créez gratuitement votre compte Evernext pour être averti de toutes les actualités de Zaytoun Hyam.

Créer mon compte

Mardi dernier
 

Madame de Sévigné

Télévision : 10 juin à 08:08-09:39 sur Canal +

film : drame historique

Milieu du XVIIe siècle, dans le royaume de France. Décidée à faire de sa fille Françoise une femme libre et brillante, la marquise de Sévigné n'hésite pas à prendre des mesures fortes pour que celle-ci ne s'éloigne pas du droit chemin et suive toutes ses recommandations à la lettre. Mais ces remontrances permanentes ne tardent pas à provoquer une certaine lassitude chez Françoise, qui finit par s'opposer ouvertement à sa mère. Navigant entre les hauts et les bas, la relation fusionnelle qui unit la mère et la fille subit inévitablement les conséquences de ces remarques qui se révèlent néfastes et contreproductives... - Critique : Si ses lettres ont traversé les siècles, la marquise de Sévigné n’avait encore — bizarrement — jamais eu les honneurs du grand écran. Pour cette première, Isabelle Brocard (Ma compagne de nuit, en 2011) a eu l’idée judicieuse d’aborder la figure de la célèbre écrivaine du XVIIe siècle à travers la relation orageuse et fusionnelle qui la lia à sa fille Françoise. Manière d’esquisser un portrait inattendu, tout en intériorité, et d’échapper à l’académisme du biopic en costumes. « Tu seras maîtresse de ta destinée, indépendante et heureuse », assène, au début du film, la marquise de Sévigné à la jeune Françoise. Mais, cette dernière, après avoir échappé, avec le secours de sa mère, aux avances du roi, est mise au ban de la bonne société. Seule alternative : entrer dans les ordres, ou trouver un homme qui accepte de l’épouser. Ce sera monsieur de Grignan (Cédric Kahn), le double de son âge, à la tête d’une maison respectable, mais criblée de dettes… Un amour dont elle est elle-même prisonnière La réalisatrice s’appuie donc sur les lettres de madame de Sévigné pour charpenter un récit qui laisse le monde extérieur en arrière-plan. Il se resserre, implacablement, sacrifiant quelque peu les personnages secondaires, sur un lien d’emprise mutuelle, dévastateur. Personnalité indépendante et audacieuse, la marquise veut modeler sa fille à son image, mais, en réalité, la domine de son esprit étincelant, l’étouffe d’un amour dont elle est elle-même prisonnière. En réaction, Françoise revendique son assignation au rôle de mère et d’épouse dévouée, jusqu’au point de rupture avec son encombrante génitrice… Filmé avec sobriété, dans des décors de tableaux flamands où les volumes imposants des salons déserts isolent les personnages, ce duel filial, cruel et ambigu, se double d’une réflexion très contemporaine sur la condition féminine. De l’univers de la cour, régie par la prédation et les désirs d’un roi tout-puissant, au monde domestique, où règne le maître de maison, le patriarcat conditionne sans pitié les rapports humains. Et même celles qui s’en affranchissent, comme madame de Sévigné, en payent le prix, condamnées à la rupture affective et à la solitude. Karin Viard est remarquable en femme écrasante et torturée, face à une Ana Girardot, ambiguë et faussement docile.

Année : 2023

Avec : Alain Libolt, Ana Girardot, Antoine Prud'homme de la Boussinière, Benjamin Wangermee, Cyrille Mairesse, Cédric Kahn, Grévill Laurent, Karin Viard, Noémie Lvovsky, Robin Renucci, Sava Lolov, Zaytoun Hyam