Télévision : 20 janvier à 01:23-03:02 sur France 3
film : drame
Enrico Fontana, riche industriel milanais marié depuis sept ans à Paola, décide d'engager un détective privé pour enquêter sur le passé de sa femme. Le détective se rend à Ferrare, où Paola a vécu autrefois. Il apprend qu'elle y a aimé un certain Guido, modeste vendeur de voitures dont la fiancée est morte d'une chute dans une cage d'ascenseur. Prévenu qu'un détective enquête sur le passé de son ex-maîtresse, Guido reprend contact avec elle. Petit à petit, le bonheur semble resurgir entre ces deux êtres, qui ne s'étaient plus revus depuis sept ans. Convaincu qu'il y a eu crime, le détective ne peut pas le prouver à son employeur... - Critique : En 1950, Michelangelo Antonioni a 38 ans quand il passe à la réalisation avec ce somptueux film : mi-polar, mi-chronique de mœurs, ancré dans l’Italie de l’après-guerre, encore noire et charbonneuse. Le cinéma ne jure alors que par le néoréalisme. Antonioni s’en éloigne. Ses personnages sont des grands bourgeois milanais, industriels enrichis par la reconstruction du pays. Lui, patron d’usine, tombe sur des photos de jeunesse de sa femme, Paola, s’inquiète rétrospectivement de sa beauté et du peu qu’il sait d’elle. Il engage un détective privé, qui file à Ferrare, d’où la jeune femme est originaire (comme le cinéaste). C’est la boîte de Pandore, ou Barbe-Bleue inversé. Le film est illuminé par le visage rayonnant de Lucia Bosè. La jeune femme n’a pas 20 ans. Elle a été élue Miss Italie trois ans plus tôt. Antonioni la couvre de fourrure, l’habille même, dans l’ultime scène qui la voit errer dans la ville, d’une invraisemblable robe de tulle : c’est une panoplie, un déguisement trop grand pour elle. La maîtrise du cinéaste débutant est sidérante. Les plans-séquences, audacieux pour l’époque, inscrivent soigneusement les personnages dans l’espace : la vie de province à Ferrare, la métropole milanaise, les no man’s land où Paola retrouve son amant. Affleure déjà le futur sujet fétiche : la mélancolie des riches et l’évaporation inexorable de l’amour, qu’Antonioni appelle alors « la fragilité des sentiments ». Tout ce qu’exprime admirablement cette actrice, qu’il juge peu expressive : pendant le tournage, il la maltraite, la gifle. C’était une chance, comme il l’avouera plus tard, que son visage marquât si peu…
Année : 1950
Avec : Anita Farra, Carlo Gazzabini, Ferdinando Sarmi, Franco Fabrizi, Gino Rossi, Lucia Bosé, Marika Rowsky, Massimo Girotti, Rosi Mirafiore, Ruby D'Alma, Vittoria Mondello, Vittorio Manfrino