Tom Fiszelson : passages TV

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Récemment en juillet
 

Le Procès du chien

Télévision : 24 juillet à 03:46-05:06 sur Canal +

film : comédie

Lasse de perdre quasiment tous ses procès, Avril Lucciani, une avocate quadragénaire abonnée aux causes perdues, s'est fait une promesse : sa prochaine affaire, elle la gagnera. Mais lorsque Dariuch, client original et désespéré, lui demande de défendre son fidèle compagnon Cosmos, les convictions humanistes d'Avril reprennent bien vite le dessus. Elle accepte de relever ce défi un peu fou. Commence alors un procès aussi inattendu que médiatisé, celui du premier chien appelé à comparaître devant un tribunal depuis plusieurs siècles. L'affaire est sérieuse : Cosmos a mordu trois personnes et encourt l'euthanasie... - Critique : Une société se juge-t-elle à la place qu’elle accorde à nos amis les bêtes ? Un canidé peut-il être misogyne ? Mord-il par légitime défense ? Voilà trois questions philosophico-comiques parmi bien d’autres posées par Laetitia Dosch dans son premier film derrière la caméra, une comédie mordante à la fois décalée et dans l’air du temps. Où il s’agit de conjuguer antispécisme et féminisme, vie sauvage et vie en société. La rousse quadragénaire s’est aussi réservé le rôle principal, l’avocate de Cosmos, le prévenu, brave toutou dont le « crime » est d’avoir mordu au visage Lorene, femme de ménage portugaise et compagne de Dariuch, le maître malvoyant du chien. Dans la vraie vie, puisque cette histoire un peu folle a une origine bien réelle, l’animal a été piqué sans sommation, malgré une pétition réclamant la clémence. Pour faire déraper son film vers la farce surréaliste, la réalisatrice choisit donc d’assimiler le mordeur non plus à une chose, conformément aux dispositions actuelles du Code civil, mais à une personne en pleine possession de ses moyens et, comme le titre l’annonce, de faire le procès du chien. Accusé, couchez-vous ! Le rapport ambigu entre l’homme et l’animal était déjà le ressort d’un formidable spectacle de Laetitia Dosch, Hate (2018), dérangeant duo femme-cheval dans lequel l’actrice chevauchait Corazon dans le plus simple appareil, dialoguait avec ce compagnon dont elle s’éprenait, jusqu’à simuler une saillie dans l’intimité d’une tente Quechua. La comédienne-cinéaste franco-suisse en connaît un rayon en faune sauvage et domestique. Elle a passé son enfance entourée d’animaux morts : des chiens, des chinchillas, des pies, un fennec, tous empaillés par son oncle taxidermiste, propriétaire de la célèbre boutique parisienne Claude Nature, boulevard Saint-Germain. Si Le Procès du chien fait, en quelque sorte, celui du spécisme, vision du monde postulant la supériorité de l’être humain sur les animaux, il le fait avec une énergie démentielle et très peu conventionnelle, pas docte pour un clou. « La Dosch », comme à son habitude, donne de sa personne pour camper une walkyrie du barreau et pour maintenir un rythme effréné (quatre-vingts minutes chrono) qui nous épargne, avec de belles ellipses, la lenteur de certains films de procès. Elle est bien aidée par son casting d’impayables comiques : à l’autre bout de la laisse, François Damiens est désopilant de bêtise et de premier degré, comme l’est Jean-Pascal Zadi, en dresseur certifié par le gouvernement. Et le personnage d’Anne Dorval, sorte d’Éric Zemmour en jupe, est une caricature de populiste bas du front (national) à faire frémir de rire. Dans une rentrée où les occasions de poilade ne courent pas les écrans, les efforts de Laetitia Dosch pour parler légèrement de sujets sérieux nous paraissent valoir leur pesant de croquettes.

Année : 2024

Avec : Anabela Moreira, Anne Dorval, Dariouch Gavani, François Damiens, Jean-Pascal Zadi, Laetitia Dosch, Lynn Bertholet, Mathieu Demy, Michèle Gurtner, Patrick de Rham, Pierre Deladonchamps, Tom Fiszelson

Récemment en juillet
 

Le Procès du chien

Télévision : 24 juillet à 03:46-05:05 sur Canal +

film : comédie

Lasse de perdre quasiment tous ses procès, Avril Lucciani, une avocate quadragénaire abonnée aux causes perdues, s'est fait une promesse : sa prochaine affaire, elle la gagnera. Mais lorsque Dariuch, client original et désespéré, lui demande de défendre son fidèle compagnon Cosmos, les convictions humanistes d'Avril reprennent bien vite le dessus. Elle accepte de relever ce défi un peu fou. Commence alors un procès aussi inattendu que médiatisé, celui du premier chien appelé à comparaître devant un tribunal depuis plusieurs siècles. L'affaire est sérieuse : Cosmos a mordu trois personnes et encourt l'euthanasie... - Critique : Une société se juge-t-elle à la place qu’elle accorde à nos amis les bêtes ? Un canidé peut-il être misogyne ? Mord-il par légitime défense ? Voilà trois questions philosophico-comiques parmi bien d’autres posées par Laetitia Dosch dans son premier film derrière la caméra, une comédie mordante à la fois décalée et dans l’air du temps. Où il s’agit de conjuguer antispécisme et féminisme, vie sauvage et vie en société. La rousse quadragénaire s’est aussi réservé le rôle principal, l’avocate de Cosmos, le prévenu, brave toutou dont le « crime » est d’avoir mordu au visage Lorene, femme de ménage portugaise et compagne de Dariuch, le maître malvoyant du chien. Dans la vraie vie, puisque cette histoire un peu folle a une origine bien réelle, l’animal a été piqué sans sommation, malgré une pétition réclamant la clémence. Pour faire déraper son film vers la farce surréaliste, la réalisatrice choisit donc d’assimiler le mordeur non plus à une chose, conformément aux dispositions actuelles du Code civil, mais à une personne en pleine possession de ses moyens et, comme le titre l’annonce, de faire le procès du chien. Accusé, couchez-vous ! Le rapport ambigu entre l’homme et l’animal était déjà le ressort d’un formidable spectacle de Laetitia Dosch, Hate (2018), dérangeant duo femme-cheval dans lequel l’actrice chevauchait Corazon dans le plus simple appareil, dialoguait avec ce compagnon dont elle s’éprenait, jusqu’à simuler une saillie dans l’intimité d’une tente Quechua. La comédienne-cinéaste franco-suisse en connaît un rayon en faune sauvage et domestique. Elle a passé son enfance entourée d’animaux morts : des chiens, des chinchillas, des pies, un fennec, tous empaillés par son oncle taxidermiste, propriétaire de la célèbre boutique parisienne Claude Nature, boulevard Saint-Germain. Si Le Procès du chien fait, en quelque sorte, celui du spécisme, vision du monde postulant la supériorité de l’être humain sur les animaux, il le fait avec une énergie démentielle et très peu conventionnelle, pas docte pour un clou. « La Dosch », comme à son habitude, donne de sa personne pour camper une walkyrie du barreau et pour maintenir un rythme effréné (quatre-vingts minutes chrono) qui nous épargne, avec de belles ellipses, la lenteur de certains films de procès. Elle est bien aidée par son casting d’impayables comiques : à l’autre bout de la laisse, François Damiens est désopilant de bêtise et de premier degré, comme l’est Jean-Pascal Zadi, en dresseur certifié par le gouvernement. Et le personnage d’Anne Dorval, sorte d’Éric Zemmour en jupe, est une caricature de populiste bas du front (national) à faire frémir de rire. Dans une rentrée où les occasions de poilade ne courent pas les écrans, les efforts de Laetitia Dosch pour parler légèrement de sujets sérieux nous paraissent valoir leur pesant de croquettes.

Année : 2024

Avec : Anabela Moreira, Anne Dorval, Dariouch Gavani, François Damiens, Jean-Pascal Zadi, Laetitia Dosch, Lynn Bertholet, Mathieu Demy, Michèle Gurtner, Patrick de Rham, Pierre Deladonchamps, Tom Fiszelson