Tazairt Lounès : passages TV

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Aujourd'hui
 

Leurs enfants après eux

Télévision : lundi 16 juin à 13:30-15:47 sur Canal +

film : drame

Août 1992. Une vallée perdue dans l'Est de la France, où des hauts fourneaux qui faisaient jadis vivre la région ne brûlent désormais plus. Anthony, 14 ans, s'ennuie ferme. Un après-midi de canicule, alors qu'il se rend avec un ami au bord d'un lac, il rencontre Stéphanie, une adolescente issue d'un milieu plus aisé que lui, et tombe immédiatement sous son charme. Le coup de foudre est tel que le soir même, il emprunte discrètement la moto de son père pour se rendre à une soirée dans un village voisin où il espère la retrouver. Le lendemain matin, il s'aperçoit que la moto a disparu. Cet événement va faire basculer sa vie... - Critique : Comment ne pas les comparer ? Moins de deux mois après la sortie de L’Amour ouf, plébiscité par plus de quatre millions de spectateurs et chouchou du jeune public, Leurs enfants après eux vient défier le film de Gilles Lellouche sur son terrain, l’épopée sentimentale marquée par la violence et le déterminisme social. Une coïncidence d’autant plus étonnante que les longs métrages sont produits par le même tandem, Alain Attal et Hugo Sélignac, et présentent, outre leur proximité thématique, un même statut d’adaptation littéraire – de Neville Thompson pour l’un, du Goncourt Nicolas Mathieu pour son challenger –, un semblable appétit de tubes comme marqueurs temporels, sans oublier Lellouche en personne, qui tient l’un des rôles principaux du film réalisé par les jeunots (32 ans) Zoran et Ludovic Boukherma. Des jumeaux du Lot-et-Garonne, on avait aimé Teddy (2020), avec Anthony Bajon en loulou-garou prolo rêvant d’une maison à véranda, mais moins mordu ensuite à l’hameçon parodique de L’Année du requin (2022). Passant de leur Sud-Ouest à la Lorraine sinistrée, les frangins mettent la bizarrerie en veilleuse, au profit d’un récit qui mise sur l’amplitude et l’émotion. Fidèle au découpage du livre, le film abonde au genre du « coming of age » (selon le vocabulaire hollywoodien), soit un passage à l’âge adulte en quatre étés piochés entre 1992 et 1998 – l’année de la première victoire tricolore en Coupe du monde et de la communion « black-blanc-beur ». On s’y attache à Anthony (formidable Paul Kircher, prix de la révélation à la Mostra de Venise), 14 ans au début, incarnation parfaite de l’ado ingrat, acné comprise, dont les tout premiers mots donnent le la : « On s’emmerde. » Pour se désennuyer, et parce qu’une fille belle, bourgeoise et dégourdie, Stéphanie (« Steph »), lui a tapé dans l’œil, Anthony pique un soir la vieille moto de son père – à laquelle le daron tient plus qu’à ses prunelles. La Yamaha disparaît. Volée. Des tragédies ont commencé pour moins que ça. La suite, des centaines de milliers de lecteurs la connaissent. L’une des gageures, bien sûr, consistait à trouver un regard juste sur les anti-héros du roman, la modestie de leur univers et l’étroitesse de leur horizon dans une ville qui s’est éteinte avec ses hauts-fourneaux – « Les hommes parlaient peu et mouraient tôt. Les femmes se faisaient des couleurs et regardaient la vie avec un optimisme qui allait en s’atténuant », écrit Nicolas Mathieu. Sur la France périphérique, autrefois dite « d’en bas », lieu et sujet du livre, les frères Boukherma ont la manière d’éviter tout à la fois le surplomb et la fausse pudeur. Tout y est, donc, la banalité pavillonnaire, l’enfermement de la cité, le racisme et le mépris de classe, le père alcoolique (Gilles Lellouche), la mère fanée (Ludivine Sagnier). Moments suspendus et espoir déçu Dans cette ronde d’humiliations et de hontes, Hacine (Sayyid El Alami, à la présence impressionnante), l’Arabe, l’aspirant Scarface, l’ennemi juré, fait figure de sacrifié. Le passage à l’écran le prive de voix intérieure, d’amis, d’amour, transformant la violence de son père en sauvagerie, une bagarre en tentative de meurtre, bref chargeant sa barque. Il n’en reste pas moins poignant, ange noir au corps supplicié dont la douceur point in extremis, quand celle d’Anthony se voyait d’emblée. Adapter, c’est choisir. Trahir ? Aussi. Les Boukherma s’en acquittent avec style, qu’il s’agisse d’opposer les garçons dans un duel de western, lors d’une scène splendide au suspense douloureux, ou de leur offrir une étreinte muette sur une moto qui file. De fait, rien n’est jamais si beau que ces moments suspendus, virées à vélo dopées par la musique, espoir déçu d’un baiser de minuit au son des Red Hot Chili Peppers, slow du 14 juillet sur un air de Cabrel, rêves d’ailleurs – Anthony se projette à Austin mais ne ne connaîtra du Texas que le groupe éponyme et son hit I Don’t Want a Lover. De chrysalide sans grâce et mal embouchée – « Une sorte de paresse tenait sa paupière droite mi-close, faussant son visage, lui donnant un air continuellement maussade » – à jeune homme apaisé, Paul Kircher accomplit sa métamorphose avec un talent ouf. Regardez l’avis de nos critiques en vidéo

Année : 2024

Avec : Angelina Woreth, Anouk Villemin, Christine Gautier, Gilles Lellouche, Louise Lehry, Ludivine Sagnier, Memmi Louis, Paul Kircher, Sayyid El, Tazairt Lounès, Thibault Bonenfant, Victor Kervern

Mardi dernier
 

Leurs enfants après eux

Télévision : 10 juin à 21:10-23:27 sur Canal +

film : drame

Août 1992. Une vallée perdue dans l'Est de la France, où des hauts fourneaux qui faisaient jadis vivre la région ne brûlent désormais plus. Anthony, 14 ans, s'ennuie ferme. Un après-midi de canicule, alors qu'il se rend avec un ami au bord d'un lac, il rencontre Stéphanie, une adolescente issue d'un milieu plus aisé que lui, et tombe immédiatement sous son charme. Le coup de foudre est tel que le soir même, il emprunte discrètement la moto de son père pour se rendre à une soirée dans un village voisin où il espère la retrouver. Le lendemain matin, il s'aperçoit que la moto a disparu. Cet événement va faire basculer sa vie... - Critique : Comment ne pas les comparer ? Moins de deux mois après la sortie de L’Amour ouf, plébiscité par plus de quatre millions de spectateurs et chouchou du jeune public, Leurs enfants après eux vient défier le film de Gilles Lellouche sur son terrain, l’épopée sentimentale marquée par la violence et le déterminisme social. Une coïncidence d’autant plus étonnante que les longs métrages sont produits par le même tandem, Alain Attal et Hugo Sélignac, et présentent, outre leur proximité thématique, un même statut d’adaptation littéraire – de Neville Thompson pour l’un, du Goncourt Nicolas Mathieu pour son challenger –, un semblable appétit de tubes comme marqueurs temporels, sans oublier Lellouche en personne, qui tient l’un des rôles principaux du film réalisé par les jeunots (32 ans) Zoran et Ludovic Boukherma. Des jumeaux du Lot-et-Garonne, on avait aimé Teddy (2020), avec Anthony Bajon en loulou-garou prolo rêvant d’une maison à véranda, mais moins mordu ensuite à l’hameçon parodique de L’Année du requin (2022). Passant de leur Sud-Ouest à la Lorraine sinistrée, les frangins mettent la bizarrerie en veilleuse, au profit d’un récit qui mise sur l’amplitude et l’émotion. Fidèle au découpage du livre, le film abonde au genre du « coming of age » (selon le vocabulaire hollywoodien), soit un passage à l’âge adulte en quatre étés piochés entre 1992 et 1998 – l’année de la première victoire tricolore en Coupe du monde et de la communion « black-blanc-beur ». On s’y attache à Anthony (formidable Paul Kircher, prix de la révélation à la Mostra de Venise), 14 ans au début, incarnation parfaite de l’ado ingrat, acné comprise, dont les tout premiers mots donnent le la : « On s’emmerde. » Pour se désennuyer, et parce qu’une fille belle, bourgeoise et dégourdie, Stéphanie (« Steph »), lui a tapé dans l’œil, Anthony pique un soir la vieille moto de son père – à laquelle le daron tient plus qu’à ses prunelles. La Yamaha disparaît. Volée. Des tragédies ont commencé pour moins que ça. La suite, des centaines de milliers de lecteurs la connaissent. L’une des gageures, bien sûr, consistait à trouver un regard juste sur les anti-héros du roman, la modestie de leur univers et l’étroitesse de leur horizon dans une ville qui s’est éteinte avec ses hauts-fourneaux – « Les hommes parlaient peu et mouraient tôt. Les femmes se faisaient des couleurs et regardaient la vie avec un optimisme qui allait en s’atténuant », écrit Nicolas Mathieu. Sur la France périphérique, autrefois dite « d’en bas », lieu et sujet du livre, les frères Boukherma ont la manière d’éviter tout à la fois le surplomb et la fausse pudeur. Tout y est, donc, la banalité pavillonnaire, l’enfermement de la cité, le racisme et le mépris de classe, le père alcoolique (Gilles Lellouche), la mère fanée (Ludivine Sagnier). Moments suspendus et espoir déçu Dans cette ronde d’humiliations et de hontes, Hacine (Sayyid El Alami, à la présence impressionnante), l’Arabe, l’aspirant Scarface, l’ennemi juré, fait figure de sacrifié. Le passage à l’écran le prive de voix intérieure, d’amis, d’amour, transformant la violence de son père en sauvagerie, une bagarre en tentative de meurtre, bref chargeant sa barque. Il n’en reste pas moins poignant, ange noir au corps supplicié dont la douceur point in extremis, quand celle d’Anthony se voyait d’emblée. Adapter, c’est choisir. Trahir ? Aussi. Les Boukherma s’en acquittent avec style, qu’il s’agisse d’opposer les garçons dans un duel de western, lors d’une scène splendide au suspense douloureux, ou de leur offrir une étreinte muette sur une moto qui file. De fait, rien n’est jamais si beau que ces moments suspendus, virées à vélo dopées par la musique, espoir déçu d’un baiser de minuit au son des Red Hot Chili Peppers, slow du 14 juillet sur un air de Cabrel, rêves d’ailleurs – Anthony se projette à Austin mais ne ne connaîtra du Texas que le groupe éponyme et son hit I Don’t Want a Lover. De chrysalide sans grâce et mal embouchée – « Une sorte de paresse tenait sa paupière droite mi-close, faussant son visage, lui donnant un air continuellement maussade » – à jeune homme apaisé, Paul Kircher accomplit sa métamorphose avec un talent ouf. Regardez l’avis de nos critiques en vidéo

Année : 2024

Avec : Angelina Woreth, Anouk Villemin, Christine Gautier, Gilles Lellouche, Louise Lehry, Ludivine Sagnier, Memmi Louis, Paul Kircher, Sayyid El, Tazairt Lounès, Thibault Bonenfant, Victor Kervern