Fumer fait tousser

Télévision : 1er août à 21:05-22:25 sur TMC

film : comédie

Benzène, Méthanol, Ammoniaque, Mercure et Nicotine, membres d'une brigade spéciale de lutte contre le tabagisme, sont épuisés après un combat éprouvant contre une tortue maléfique. Conscient de la nécessité de voir ses troupes se reposer, Didier, leur chef, décide de les envoyer s'isoler quelques temps à la campagne pour recharger les batteries. Sur place, le petit groupe profite du calme des lieux et tente de ressouder des liens distendus en raison de divergences d'opinion. Mais un autre ennemi féroce, Lézardin, souhaite profiter de leur retraite afin de mener à bien une nouvelle campagne qui loue les bienfaits du tabac... - Critique : C’est tout simple, les enfants, a dû se dire Quentin Dupieux. On prend un casque de soudure, on le recouvre de feutrine, et voilà, le « casque à penser » est prêt. C’est une femme (Doria Tillier), partie à la campagne le temps d’un week-end avec son mari et un couple d’amis, qui l’enfile, ce casque, après l’avoir trouvé dans une vieille armoire. Il a un pouvoir magique : « Je pense, je pense, j’arrête pas de penser, c’est fabuleux, j’adore ça », explique-t-elle. Le hic, c’est que le cas que lui révèle que son entourage, mari compris, est totalement stupide. La suite se termine en jeu de massacre. Rien que pour ce sketch étrange et hilarant, on serait prêt à donner la moitié des films de cette année. Poésie mêlée de travaux manuels, d’absurde et d’imaginaire enfantin, voilà ce qu’on aime dans Fumer fait tousser. Qui commence comme un pastiche de Bioman, série japonaise des années 1980. Un enfant croise des super-héros en pleine action, au fond d’une carrière : la Tabac Force affronte Tortusse, énorme tortue ninja en caoutchouc. Ils sont cinq à utiliser la force négative du tabac pour occire les méchants : Nicotine (Anaïs Demoustier), Ammoniaque (Oulaya Amamra), Mercure (Jean-Pascal Zadi), Méthanol (Vincent Lacoste) et Benzène (Gilles Lellouche). Leur chef, avec qui ils communiquent par écrans interposés, est un rat en peluche, une bave verdâtre aux lèvres. Lequel, ayant noté une baisse de régime de l’équipe, l’envoie à un « séminaire de cohésion », au bord d’un lac. En fait de séminaire, les cinq se la coulent douce. Ils se racontent des histoires à faire peur, autour du feu d’un camp. Une fraîcheur inventive Le film est ainsi construit à partir de plusieurs petits récits d’horreur enchâssés, dont celui du « casque à penser ». Un autre, aussi irrésistible que perturbant, situé dans une scierie, montre l’écrabouillement en plusieurs étapes d’un garçon dans un broyeur à bois. La transformation du corps façon cartoon s’accompagne d’une parole placide : c’est ce décalage qui est violent. Fumer fait tousser est assurément une comédie, mais qui ne cesse de semer des éléments bizarres, dérangeants. Tels ces costumes ridicules dans lesquels sont moulés les membres de la Tabac Force. D’ailleurs, quel âge ont-ils ? Sont-ils vraiment débiles ou justes candides ? Autour de la sexualité, Dupieux traduit de manière cocasse un malaise, mélange de désir, de honte et de dégoût. La fin d’une certaine innocence se conjugue ici avec la fin du monde. Car Lézardin, un superméchant, est sur le point de détruire la planète. Une once de mélancolie surgit soudain, et l’on découvre les cinq protagonistes en train de cloper nerveusement, dans l’attente de leur anéantissement. À l’image d’un film assumant son esprit potache et conservant la principale qualité de Quentin Dupieux : la fraîcheur inventive. Une forme d’amateurisme souverain, d’autant plus surprenant que le cinéaste signe-là son dixième film… Malgré son casting de vedettes, Fumer fait tousser ne donne aucune impression de formatage. Il semble bricolé par un tout jeune réalisateur. Chapeau !

Année : 2022

Avec : Adèle Exarchopoulos, Anaïs Demoustier, David Marsais, Gilles Lellouche, Grégoire Ludig, Jean-Pascal Zadi, Julia Faure, Oulaya Amamra, Sava Lolov, Tanguy Mercier, Thémis Terrier-Thiebaux, Vincent Lacoste