Raul Fokoua : passages TV et derniers films au cinéma

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Récemment en février
 

Goutte d'Or

Télévision : 7 février à 03:19-04:54 sur Canal +

film : drame

Paris, dans le quartier de la Goutte d'Or. Le cabinet de voyance de Ramsès, 35 ans, est fort prospère. Petit escroc doté d'un sens certain de la mise en scène, il a mis sur pied avec ses associés un business de la consolation qui attire de nombreux clients endeuillés ou traversant une période difficile. Tout déraille avec l'arrivée d'enfants des rues de Tanger. N'ayant peur de rien, ceux-ci sèment la terreur dans le quartier, ce qui remet en cause l'équilibre du cabinet de Ramsès mais également celui de la Goutte d'Or. Contre toute attente, le faux marabout va avoir sa première vraie vision... - Critique : Il s’appelle Ramsès et la Goutte d’Or est son royaume. Au pied du métro Barbès, ses rabatteurs appâtent le client, distribuant par milliers des petits papiers imprimés d’une promesse : « Médium ». Ramsès reçoit, dans une pénombre travaillée à la bougie, des endeuillés prêts à payer en liquide pour des nouvelles de leurs chers disparus. Sa petite entreprise ne connaît pas la crise, d’ailleurs ses concurrents du quartier, voyants et autres « professeurs » d’origines diverses, lui reprochent de rafler leurs parts de marché. Ramsès s’en fiche, business is business. Sa prospérité s’explique : il est bon, bluffant même. On jurerait que les morts lui parlent pour de vrai — d’une mamie retrouvée dans l’au-delà, d’une maison aux volets bleus, de souvenirs précieux, d’amour et de pardon. Le soir, dans un gymnase, Ramsès se produit en public, micro en main, mystifiant des familles éplorées de ses murmures consolateurs. « Je fais des petits spectacles. Quand les gens sont contents, ils reviennent », résume en coulisses le mage qui ne croit pas à la magie. Car il y a un truc, évidemment, une arnaque bien huilée que Goutte d’Or révèle habilement, sans hâte, sans rire, et que l’escroc n’a aucune envie de raconter aux gamins de Tanger qui font irruption dans sa vie. Moineaux livrés à la rue, à la drogue, à la violence, ils ont eu vent de ses talents et, au moins aussi effrayants que Les Oiseaux de Hitchcock, exigent qu’il retrouve un copain envolé. Tension et atmosphère semblent d’abord ancrer le film sur le terrain connu du polar social —on pense au cinéma de Jacques Audiard, dont le complice, Thomas Bidegain, figure au générique en tant que consultant au scénario. Qui a vu Ni le ciel ni la terre, son premier long métrage de fiction (2015), le sait pourtant : Clément Cogitore, plasticien, metteur en scène et documentariste, a les pieds dans le réel et la tête ailleurs. Tordant le bras au film de guerre, il y confrontait déjà un territoire précis — une zone de désert montagneux à la frontière de l’Afghanistan et du Pakistan — à une menace invisible, surnaturelle, semant la panique tant chez les soldats français que chez les talibans. Point de terreur, ici, mais l’exploration fiévreuse, hallucinée presque, d’un arrondissement parisien en mutation, un coin du 18e populaire allant de Barbès à la porte de la Chapelle, entre trottoirs bondés et colossaux chantiers d’urbanisation, misère noire des mineurs exilés et inéluctables lendemains gentrifiés. Et un même goût pour le mystère, l’inexplicable, du fantastique à bas bruit, tenu hors champ, qui contamine le récit de son étrangeté. En accordant une vision incroyable à Ramsès le mécréant, arroseur arrosé, Goutte d’Or le fait chavirer, et Paris avec lui. La ville se charge d’étincelles, transformant l’arrière-boutique d’une épicerie indienne en fonderie clandestine et un chantier à l’arrêt en tombeau à ciel ouvert. L’envoûtant ballet de bulldozers du début, sur une musique signée Couperin, rappelle l’oxymore à l’œuvre dans Les Indes galantes, où Cogitore mariait danses nées du hip-hop et tubes baroques de Rameau. Le réalisateur nimbe la dureté de Goutte d’Or d’une beauté onirique, tandis que l’excellent Karim Leklou, tout en opacité, colère et cynisme rentrés, troque la tristesse mesquine de son personnage contre la possibilité d’un émerveillement. Un rai de lumière dans les ténèbres.

Année : 2022

Avec : Abidar Loubna, Ahmed Benaissa, Djibril Bouhadi, Elsa Wolliaston, Elyes Dkhissi, Farida Ouchani, Jawad Outoui, Karim Leklou, Malik Zidi, Raul Fokoua, Willy Le Barge, Yilin Yang

Antérieurement en 2023
 

Les Cadors - DVD

DVD/Blu-ray : 16 mai 2023

Editeur : Jour2Fête

Année : 2022

De : Julien Guetta

Avec : Grégoire Ludig, Jean-Paul Rouve, Michel Blanc, Marie Gillain, Aurore Broutin, Niels Hamel-Brochen, Roman Angel, Raul Fokoua