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Hier
 

Yannick

Télévision : 18 avril à 14:23-15:30 sur Canal +

film : comédie

Dans un théâtre aux trois quarts vide, en pleine représentation de la pièce "Le Cocu", un très mauvais boulevard interprété par des comédiens peu concernés, Yannick se lève et interrompt le spectacle. Jugeant la pièce déprimante, il monte sur scène et décide de prendre les choses en main. Armé d'un pistolet, il compte expliquer aux différents acteurs la manière dont il voit les choses. Il les prend alors en otage, en leur ordonnant de faire ce qu'il demande. Totalement perdus, les acteurs sont à l'écoute de cet invité surprise mais non sans peur du dérapage. Ils partent alors dans la direction de Yannick en espérant le calmer... - Critique : Y aurait-il deux Quentin Dupieux ? L’un serait « plastique », conceptuel, abstrait, absurde. L’autre, moins porté sur l’esthétique, plus trivial et sardonique, façon Bertrand Blier. Yannick appartient à cette seconde veine. Le décor est unique ici. Ce n’est pas un commissariat comme dans Au poste !, mais le huis clos d’un théâtre. Une pièce, Le Cocu, est en train d’y être jouée. Un homme (Pio Marmaï), qui vient de se découvrir cocu, s’exclame « Je n’en reviens pas ! », en le répétant une bonne huitaine de fois. C’est du boulevard qui paraît vite de mauvaise qualité, mais que Dupieux parvient à rendre assez drôle, par son sens de la caricature et l’outrance manifeste des trois comédiens (Blanche Gardin et Sébastien Chassagne côtoient Pio Marmaï). Au bout d’un moment pourtant, dans le public clairsemé, un homme intervient soudain haut et fort. Il est mécontent de la pièce, la juge nulle et tient à le dire. Sans rire. Yannick, c’est lui. Voir ce gus rompre le contrat quasi sacré et tacite qui réclame le silence des spectateurs et le respect du travail des comédiens est une transgression déroutante. Et ce n’est que le début. Yannick commence à raconter sa vie et son métier (il est gardien de parking). Il justifie sa prise de parole intempestive par le temps qu’il a mis à venir de Melun (« dans le 77 ») et par sa demande de divertissement non satisfaite. Son monologue dure et le fait qu’il soit assuré par Raphaël Quenard, l’étoile montante révélée par Chien de la casse, assure le malaise maximal. Qui est et que veut cet escogriffe à la diction bizarre ? Est-ce un agitateur ou un intimidateur, un enfant coincé dans un corps d’adulte, un psychopathe, un prophète ? Impossible pour l’heure de trancher vraiment. Sur scène, les trois acteurs réagissent, surtout celui qui incarne le cocu, le plus remonté. Il sermonne et rappelle à l’ordre l’importun. Yannick finit par partir. Mais, entre-temps brocardé, il revient, un revolver à la main. Commence alors une très insolite prise d’otages. Spectacle sauvage Un banlieusard, le lien social rompu, le sentiment d’humiliation, l’exaspération qui monte jusqu’à la violence : fichtre, on rêve ou c’est de la politique ? Oui, mais à la Dupieux, en mode délirant et modeste, très rusé surtout. Pas de choc entre caillera et nantis, ici. Le « game » confronte un gars de la France périurbaine à un ventre mou généralisé, symbolisé à la fois par les comédiens et le public, varié, contraint lui aussi de participer au spectacle sauvage. C’est tout un théâtre de la France actuelle qui se joue alors, où Dupieux traduit le ressentiment, la peur, le sadisme, le vide, le sentiment d’être mal représenté, de ne pas être reconnu. Un monde du faux et du morne, dans lequel Yannick réinjecte de l’émotion, en roi de l’impro, en showman illuminé. Voilà donc la noirceur corrosive de cette farce allégorique tempérée par le plaisir retrouvé du collectif. Qui passe ici par le travail des comédiens. C’est une mise à nu – Dupieux a liquidé tout le reste (accessoires bizarres, décors fantasques, forme surréaliste). Auparavant, ces acteurs étaient plutôt au second plan. On serait prêt à parier que le réalisateur ne voulait pas s’encombrer de ce narcissisme hautain, caractériel et un brin pathétique, incarné ici par Pio Marmaï (formidable, tout proche de Patrick Dewaere, jusque dans sa moustache). Au poste ! et Le Daim étaient aussi des films d’acteurs. Mais Yannick est assurément le premier à être sentimental, si proche d’eux.

Année : 2023

Avec : Agnès Hurstel, Blanche Gardin, Charlotte Laemmel, Franck Lebreton, Félix Bossuet, Jean-Paul Solal, Mustapha Abourachid, Nicolas Laurent, Pio Marmaï, Raphaël Quenard, Sava Lolov, Sébastien Chassagne

Mardi dernier
 

Le Livre des solutions

Télévision : 16 avril à 10:18-11:59 sur Canal +

film : comédie dramatique

Après la décision de sa production d'arrêter le tournage de son film, Marc, un réalisateur, décide de se rendre avec toute son équipe chez sa tante Denise, dans les Cévennes, où il espère pouvoir terminer le tournage. Très inspiré, il se lance dans l'écriture d'un livre particulier, le "Livre des solutions" qui lui tenait à coeur depuis longtemps, mais qu'il avait dû interrompre au titre faute d'inspiration. A présent, les idées fusent dans sa tête, et il veut toutes les intégrer à l'ouvrage. Le livre propose des conseils pratiques pour résoudre tous les problèmes, ce qui lui serait utile dans sa situation. - Critique : Au départ, la seule solution, c’est la fuite. Marc, cinéaste connu car il a « tourné une pub avec George Clooney », s’échappe de la réunion où de gros investisseurs lui annoncent n’avoir rien compris à la première mouture de son prochain film. Même son producteur de toujours — « le traître ! » — se range du côté de l’ennemi. Mise en place du « plan B » : aidé de sa monteuse et de sa directrice de production, Marc embarque ses images et son matériel de montage, direction les Cévennes, dans la maison en pleine campagne de sa tante Denise. Une fois au vert, ce bipolaire qui se sent « triste le matin et manipulé l’après-midi » préfère obéir à la moindre idée farfelue qui lui traverse l’esprit (il y a de quoi faire, jour et nuit) pour éviter de visionner son film, en retarder l’aboutissement. Il se lance dans la rédaction d’un guide pratique de la création, use et abuse de la patience de sa petite équipe en mettant en œuvre la parenthèse qui suit son premier précepte, « Démarre ton projet (fais ce que tu veux) », avec, entre autres, l’achat d’une maison en ruine, le remontage de son film à l’envers et une double fixette sur Sting et le PDG de l’enseigne Super U ! Autoportrait aussi narcissique qu’attendrissant L’autofiction est un genre cinématographique en soi, avec de grands noms, ces derniers temps, qui sont repartis à l’enfance de leur art (Steven Spielberg, James Gray) ou ont revendiqué leur éternelle jeunesse (Nanni Moretti). Michel Gondry, évidemment, fabrique un sous-genre rien qu’à lui : l’autoportrait grinçant, aussi narcissique qu’attendrissant, entre angoisse existentielle la plus noire et superbes copeaux de fantaisie. Avec Gondry, inutile de remonter à la source de l’enfance, puisqu’il ne l’a jamais quittée, comme en témoigne une voix off pleine d’autodérision où Marc désamorce ses colères d’enfant gâté et ses excès de vanité de grand créateur. Chaque détail compte quand on est génial ou complètement timbré (est-ce la même chose ?) : un panneau routier qui indique le nom d’un bled extrêmement approprié pour prendre du recul — « Trèves 11 kilomètres » — comme un simple trou qui transforme une feuille d’arbre en monocle ou en objectif photographique naturel. Le film regorge, ainsi, de trouvailles maniaques et dépressives, à l’image de son héros. Pour un tel projet miroir, il fallait un interprète hors norme, un alter ego qui, lui aussi, embrasse séduction gamine, survoltage colérique et zones de dépression. Pierre Niney, regard fixe ou totalement allumé par l’inspiration, se fond, à merveille, dans cet emploi de double de Gondry, hurlant à la mort « Du scooooootch !!!!!! », pleurant sous la pluie ou dirigeant un orchestre, sans partition, juste avec les mouvements de son corps gracile et nerveux. Il est hilarant, il est à gifler, il est formidable. Autour de lui, compréhensives ou consternées, Blanche Gardin et Frankie Wallach sont parfaites en alliées quasiment inusables. Et puis il y a Françoise Lebrun : quelle douce idée de la part du cinéaste d’avoir choisi pour incarner sa (vraie) tante chérie cette comédienne devenue un tel corps de douceur, bien des années après sa collaboration avec Jean Eustache. La fin ? Une autre manière, pilule naturelle du bonheur, d’engendrer, et une toute dernière image, qui pourrait lier Michel Gondry à Quentin Dupieux, démontrant à quel point un artiste, aussi difficile soit-il, finit par se consumer. Par se dissoudre dans son œuvre.

Année : 2023

Avec : Blanche Gardin, Camille Rutherford, Christian Prat, Dominique Valadié, Frankie Wallach, Françoise Lebrun, Martin Alex, Mourad Boudaoud, Pierre Niney, Sacha Bourdo, Sting, Vincent Elbaz

Récemment en avril
 

Yannick

Télévision : 10 avril à 01:53-02:58 sur Canal +

film : comédie

Dans un théâtre aux trois quarts vide, en pleine représentation de la pièce "Le Cocu", un très mauvais boulevard interprété par des comédiens peu concernés, Yannick se lève et interrompt le spectacle. Jugeant la pièce déprimante, il monte sur scène et décide de prendre les choses en main. Armé d'un pistolet, il compte expliquer aux différents acteurs la manière dont il voit les choses. Il les prend alors en otage, en leur ordonnant de faire ce qu'il demande. Totalement perdus, les acteurs sont à l'écoute de cet invité surprise mais non sans peur du dérapage. Ils partent alors dans la direction de Yannick en espérant le calmer... - Critique : Y aurait-il deux Quentin Dupieux ? L’un serait « plastique », conceptuel, abstrait, absurde. L’autre, moins porté sur l’esthétique, plus trivial et sardonique, façon Bertrand Blier. Yannick appartient à cette seconde veine. Le décor est unique ici. Ce n’est pas un commissariat comme dans Au poste !, mais le huis clos d’un théâtre. Une pièce, Le Cocu, est en train d’y être jouée. Un homme (Pio Marmaï), qui vient de se découvrir cocu, s’exclame « Je n’en reviens pas ! », en le répétant une bonne huitaine de fois. C’est du boulevard qui paraît vite de mauvaise qualité, mais que Dupieux parvient à rendre assez drôle, par son sens de la caricature et l’outrance manifeste des trois comédiens (Blanche Gardin et Sébastien Chassagne côtoient Pio Marmaï). Au bout d’un moment pourtant, dans le public clairsemé, un homme intervient soudain haut et fort. Il est mécontent de la pièce, la juge nulle et tient à le dire. Sans rire. Yannick, c’est lui. Voir ce gus rompre le contrat quasi sacré et tacite qui réclame le silence des spectateurs et le respect du travail des comédiens est une transgression déroutante. Et ce n’est que le début. Yannick commence à raconter sa vie et son métier (il est gardien de parking). Il justifie sa prise de parole intempestive par le temps qu’il a mis à venir de Melun (« dans le 77 ») et par sa demande de divertissement non satisfaite. Son monologue dure et le fait qu’il soit assuré par Raphaël Quenard, l’étoile montante révélée par Chien de la casse, assure le malaise maximal. Qui est et que veut cet escogriffe à la diction bizarre ? Est-ce un agitateur ou un intimidateur, un enfant coincé dans un corps d’adulte, un psychopathe, un prophète ? Impossible pour l’heure de trancher vraiment. Sur scène, les trois acteurs réagissent, surtout celui qui incarne le cocu, le plus remonté. Il sermonne et rappelle à l’ordre l’importun. Yannick finit par partir. Mais, entre-temps brocardé, il revient, un revolver à la main. Commence alors une très insolite prise d’otages. Spectacle sauvage Un banlieusard, le lien social rompu, le sentiment d’humiliation, l’exaspération qui monte jusqu’à la violence : fichtre, on rêve ou c’est de la politique ? Oui, mais à la Dupieux, en mode délirant et modeste, très rusé surtout. Pas de choc entre caillera et nantis, ici. Le « game » confronte un gars de la France périurbaine à un ventre mou généralisé, symbolisé à la fois par les comédiens et le public, varié, contraint lui aussi de participer au spectacle sauvage. C’est tout un théâtre de la France actuelle qui se joue alors, où Dupieux traduit le ressentiment, la peur, le sadisme, le vide, le sentiment d’être mal représenté, de ne pas être reconnu. Un monde du faux et du morne, dans lequel Yannick réinjecte de l’émotion, en roi de l’impro, en showman illuminé. Voilà donc la noirceur corrosive de cette farce allégorique tempérée par le plaisir retrouvé du collectif. Qui passe ici par le travail des comédiens. C’est une mise à nu – Dupieux a liquidé tout le reste (accessoires bizarres, décors fantasques, forme surréaliste). Auparavant, ces acteurs étaient plutôt au second plan. On serait prêt à parier que le réalisateur ne voulait pas s’encombrer de ce narcissisme hautain, caractériel et un brin pathétique, incarné ici par Pio Marmaï (formidable, tout proche de Patrick Dewaere, jusque dans sa moustache). Au poste ! et Le Daim étaient aussi des films d’acteurs. Mais Yannick est assurément le premier à être sentimental, si proche d’eux.

Année : 2023

Avec : Agnès Hurstel, Blanche Gardin, Charlotte Laemmel, Franck Lebreton, Félix Bossuet, Jean-Paul Solal, Mustapha Abourachid, Nicolas Laurent, Pio Marmaï, Raphaël Quenard, Sava Lolov, Sébastien Chassagne

Récemment en avril
 

Yannick

Télévision : 10 avril à 01:51-02:57 sur Canal +

film : comédie

Dans un théâtre aux trois quarts vide, en pleine représentation de la pièce "Le Cocu", un très mauvais boulevard interprété par des comédiens peu concernés, Yannick se lève et interrompt le spectacle. Jugeant la pièce déprimante, il monte sur scène et décide de prendre les choses en main. Armé d'un pistolet, il compte expliquer aux différents acteurs la manière dont il voit les choses. Il les prend alors en otage, en leur ordonnant de faire ce qu'il demande. Totalement perdus, les acteurs sont à l'écoute de cet invité surprise mais non sans peur du dérapage. Ils partent alors dans la direction de Yannick en espérant le calmer... - Critique : Y aurait-il deux Quentin Dupieux ? L’un serait « plastique », conceptuel, abstrait, absurde. L’autre, moins porté sur l’esthétique, plus trivial et sardonique, façon Bertrand Blier. Yannick appartient à cette seconde veine. Le décor est unique ici. Ce n’est pas un commissariat comme dans Au poste !, mais le huis clos d’un théâtre. Une pièce, Le Cocu, est en train d’y être jouée. Un homme (Pio Marmaï), qui vient de se découvrir cocu, s’exclame « Je n’en reviens pas ! », en le répétant une bonne huitaine de fois. C’est du boulevard qui paraît vite de mauvaise qualité, mais que Dupieux parvient à rendre assez drôle, par son sens de la caricature et l’outrance manifeste des trois comédiens (Blanche Gardin et Sébastien Chassagne côtoient Pio Marmaï). Au bout d’un moment pourtant, dans le public clairsemé, un homme intervient soudain haut et fort. Il est mécontent de la pièce, la juge nulle et tient à le dire. Sans rire. Yannick, c’est lui. Voir ce gus rompre le contrat quasi sacré et tacite qui réclame le silence des spectateurs et le respect du travail des comédiens est une transgression déroutante. Et ce n’est que le début. Yannick commence à raconter sa vie et son métier (il est gardien de parking). Il justifie sa prise de parole intempestive par le temps qu’il a mis à venir de Melun (« dans le 77 ») et par sa demande de divertissement non satisfaite. Son monologue dure et le fait qu’il soit assuré par Raphaël Quenard, l’étoile montante révélée par Chien de la casse, assure le malaise maximal. Qui est et que veut cet escogriffe à la diction bizarre ? Est-ce un agitateur ou un intimidateur, un enfant coincé dans un corps d’adulte, un psychopathe, un prophète ? Impossible pour l’heure de trancher vraiment. Sur scène, les trois acteurs réagissent, surtout celui qui incarne le cocu, le plus remonté. Il sermonne et rappelle à l’ordre l’importun. Yannick finit par partir. Mais, entre-temps brocardé, il revient, un revolver à la main. Commence alors une très insolite prise d’otages. Spectacle sauvage Un banlieusard, le lien social rompu, le sentiment d’humiliation, l’exaspération qui monte jusqu’à la violence : fichtre, on rêve ou c’est de la politique ? Oui, mais à la Dupieux, en mode délirant et modeste, très rusé surtout. Pas de choc entre caillera et nantis, ici. Le « game » confronte un gars de la France périurbaine à un ventre mou généralisé, symbolisé à la fois par les comédiens et le public, varié, contraint lui aussi de participer au spectacle sauvage. C’est tout un théâtre de la France actuelle qui se joue alors, où Dupieux traduit le ressentiment, la peur, le sadisme, le vide, le sentiment d’être mal représenté, de ne pas être reconnu. Un monde du faux et du morne, dans lequel Yannick réinjecte de l’émotion, en roi de l’impro, en showman illuminé. Voilà donc la noirceur corrosive de cette farce allégorique tempérée par le plaisir retrouvé du collectif. Qui passe ici par le travail des comédiens. C’est une mise à nu – Dupieux a liquidé tout le reste (accessoires bizarres, décors fantasques, forme surréaliste). Auparavant, ces acteurs étaient plutôt au second plan. On serait prêt à parier que le réalisateur ne voulait pas s’encombrer de ce narcissisme hautain, caractériel et un brin pathétique, incarné ici par Pio Marmaï (formidable, tout proche de Patrick Dewaere, jusque dans sa moustache). Au poste ! et Le Daim étaient aussi des films d’acteurs. Mais Yannick est assurément le premier à être sentimental, si proche d’eux.

Année : 2023

Avec : Agnès Hurstel, Blanche Gardin, Charlotte Laemmel, Franck Lebreton, Félix Bossuet, Jean-Paul Solal, Mustapha Abourachid, Nicolas Laurent, Pio Marmaï, Raphaël Quenard, Sava Lolov, Sébastien Chassagne

Récemment en avril
 

Le Livre des solutions

Télévision : 6 avril à 22:30-00:11 sur Canal +

film : comédie dramatique

Après la décision de sa production d'arrêter le tournage de son film, Marc, un réalisateur, décide de se rendre avec toute son équipe chez sa tante Denise, dans les Cévennes, où il espère pouvoir terminer le tournage. Très inspiré, il se lance dans l'écriture d'un livre particulier, le "Livre des solutions" qui lui tenait à coeur depuis longtemps, mais qu'il avait dû interrompre au titre faute d'inspiration. A présent, les idées fusent dans sa tête, et il veut toutes les intégrer à l'ouvrage. Le livre propose des conseils pratiques pour résoudre tous les problèmes, ce qui lui serait utile dans sa situation. - Critique : Au départ, la seule solution, c’est la fuite. Marc, cinéaste connu car il a « tourné une pub avec George Clooney », s’échappe de la réunion où de gros investisseurs lui annoncent n’avoir rien compris à la première mouture de son prochain film. Même son producteur de toujours — « le traître ! » — se range du côté de l’ennemi. Mise en place du « plan B » : aidé de sa monteuse et de sa directrice de production, Marc embarque ses images et son matériel de montage, direction les Cévennes, dans la maison en pleine campagne de sa tante Denise. Une fois au vert, ce bipolaire qui se sent « triste le matin et manipulé l’après-midi » préfère obéir à la moindre idée farfelue qui lui traverse l’esprit (il y a de quoi faire, jour et nuit) pour éviter de visionner son film, en retarder l’aboutissement. Il se lance dans la rédaction d’un guide pratique de la création, use et abuse de la patience de sa petite équipe en mettant en œuvre la parenthèse qui suit son premier précepte, « Démarre ton projet (fais ce que tu veux) », avec, entre autres, l’achat d’une maison en ruine, le remontage de son film à l’envers et une double fixette sur Sting et le PDG de l’enseigne Super U ! Autoportrait aussi narcissique qu’attendrissant L’autofiction est un genre cinématographique en soi, avec de grands noms, ces derniers temps, qui sont repartis à l’enfance de leur art (Steven Spielberg, James Gray) ou ont revendiqué leur éternelle jeunesse (Nanni Moretti). Michel Gondry, évidemment, fabrique un sous-genre rien qu’à lui : l’autoportrait grinçant, aussi narcissique qu’attendrissant, entre angoisse existentielle la plus noire et superbes copeaux de fantaisie. Avec Gondry, inutile de remonter à la source de l’enfance, puisqu’il ne l’a jamais quittée, comme en témoigne une voix off pleine d’autodérision où Marc désamorce ses colères d’enfant gâté et ses excès de vanité de grand créateur. Chaque détail compte quand on est génial ou complètement timbré (est-ce la même chose ?) : un panneau routier qui indique le nom d’un bled extrêmement approprié pour prendre du recul — « Trèves 11 kilomètres » — comme un simple trou qui transforme une feuille d’arbre en monocle ou en objectif photographique naturel. Le film regorge, ainsi, de trouvailles maniaques et dépressives, à l’image de son héros. Pour un tel projet miroir, il fallait un interprète hors norme, un alter ego qui, lui aussi, embrasse séduction gamine, survoltage colérique et zones de dépression. Pierre Niney, regard fixe ou totalement allumé par l’inspiration, se fond, à merveille, dans cet emploi de double de Gondry, hurlant à la mort « Du scooooootch !!!!!! », pleurant sous la pluie ou dirigeant un orchestre, sans partition, juste avec les mouvements de son corps gracile et nerveux. Il est hilarant, il est à gifler, il est formidable. Autour de lui, compréhensives ou consternées, Blanche Gardin et Frankie Wallach sont parfaites en alliées quasiment inusables. Et puis il y a Françoise Lebrun : quelle douce idée de la part du cinéaste d’avoir choisi pour incarner sa (vraie) tante chérie cette comédienne devenue un tel corps de douceur, bien des années après sa collaboration avec Jean Eustache. La fin ? Une autre manière, pilule naturelle du bonheur, d’engendrer, et une toute dernière image, qui pourrait lier Michel Gondry à Quentin Dupieux, démontrant à quel point un artiste, aussi difficile soit-il, finit par se consumer. Par se dissoudre dans son œuvre.

Année : 2023

Avec : Blanche Gardin, Camille Rutherford, Christian Prat, Dominique Valadié, Frankie Wallach, Françoise Lebrun, Martin Alex, Mourad Boudaoud, Pierre Niney, Sacha Bourdo, Sting, Vincent Elbaz

Récemment en avril
 

Le Livre des solutions

Télévision : 5 avril à 16:39-18:19 sur Canal +

film : comédie dramatique

Après la décision de sa production d'arrêter le tournage de son film, Marc, un réalisateur, décide de se rendre avec toute son équipe chez sa tante Denise, dans les Cévennes, où il espère pouvoir terminer le tournage. Très inspiré, il se lance dans l'écriture d'un livre particulier, le "Livre des solutions" qui lui tenait à coeur depuis longtemps, mais qu'il avait dû interrompre au titre faute d'inspiration. A présent, les idées fusent dans sa tête, et il veut toutes les intégrer à l'ouvrage. Le livre propose des conseils pratiques pour résoudre tous les problèmes, ce qui lui serait utile dans sa situation. - Critique : Au départ, la seule solution, c’est la fuite. Marc, cinéaste connu car il a « tourné une pub avec George Clooney », s’échappe de la réunion où de gros investisseurs lui annoncent n’avoir rien compris à la première mouture de son prochain film. Même son producteur de toujours — « le traître ! » — se range du côté de l’ennemi. Mise en place du « plan B » : aidé de sa monteuse et de sa directrice de production, Marc embarque ses images et son matériel de montage, direction les Cévennes, dans la maison en pleine campagne de sa tante Denise. Une fois au vert, ce bipolaire qui se sent « triste le matin et manipulé l’après-midi » préfère obéir à la moindre idée farfelue qui lui traverse l’esprit (il y a de quoi faire, jour et nuit) pour éviter de visionner son film, en retarder l’aboutissement. Il se lance dans la rédaction d’un guide pratique de la création, use et abuse de la patience de sa petite équipe en mettant en œuvre la parenthèse qui suit son premier précepte, « Démarre ton projet (fais ce que tu veux) », avec, entre autres, l’achat d’une maison en ruine, le remontage de son film à l’envers et une double fixette sur Sting et le PDG de l’enseigne Super U ! Autoportrait aussi narcissique qu’attendrissant L’autofiction est un genre cinématographique en soi, avec de grands noms, ces derniers temps, qui sont repartis à l’enfance de leur art (Steven Spielberg, James Gray) ou ont revendiqué leur éternelle jeunesse (Nanni Moretti). Michel Gondry, évidemment, fabrique un sous-genre rien qu’à lui : l’autoportrait grinçant, aussi narcissique qu’attendrissant, entre angoisse existentielle la plus noire et superbes copeaux de fantaisie. Avec Gondry, inutile de remonter à la source de l’enfance, puisqu’il ne l’a jamais quittée, comme en témoigne une voix off pleine d’autodérision où Marc désamorce ses colères d’enfant gâté et ses excès de vanité de grand créateur. Chaque détail compte quand on est génial ou complètement timbré (est-ce la même chose ?) : un panneau routier qui indique le nom d’un bled extrêmement approprié pour prendre du recul — « Trèves 11 kilomètres » — comme un simple trou qui transforme une feuille d’arbre en monocle ou en objectif photographique naturel. Le film regorge, ainsi, de trouvailles maniaques et dépressives, à l’image de son héros. Pour un tel projet miroir, il fallait un interprète hors norme, un alter ego qui, lui aussi, embrasse séduction gamine, survoltage colérique et zones de dépression. Pierre Niney, regard fixe ou totalement allumé par l’inspiration, se fond, à merveille, dans cet emploi de double de Gondry, hurlant à la mort « Du scooooootch !!!!!! », pleurant sous la pluie ou dirigeant un orchestre, sans partition, juste avec les mouvements de son corps gracile et nerveux. Il est hilarant, il est à gifler, il est formidable. Autour de lui, compréhensives ou consternées, Blanche Gardin et Frankie Wallach sont parfaites en alliées quasiment inusables. Et puis il y a Françoise Lebrun : quelle douce idée de la part du cinéaste d’avoir choisi pour incarner sa (vraie) tante chérie cette comédienne devenue un tel corps de douceur, bien des années après sa collaboration avec Jean Eustache. La fin ? Une autre manière, pilule naturelle du bonheur, d’engendrer, et une toute dernière image, qui pourrait lier Michel Gondry à Quentin Dupieux, démontrant à quel point un artiste, aussi difficile soit-il, finit par se consumer. Par se dissoudre dans son œuvre.

Année : 2023

Avec : Blanche Gardin, Camille Rutherford, Christian Prat, Dominique Valadié, Frankie Wallach, Françoise Lebrun, Martin Alex, Mourad Boudaoud, Pierre Niney, Sacha Bourdo, Sting, Vincent Elbaz

Récemment en décembre
 

Yannick - Blu-ray

DVD/Blu-ray : 5 décembre 2023

Editeur : Diaphana

Année : 2023

De : Quentin Dupieux

Avec : Raphaël Quenard, Pio Marmaï, Blanche Gardin, Sébastien Chassagne, Agnès Hurstel, Jean-Paul Solal, Laurent Nicolas, Mustapha Abourachid

Récemment en décembre
 

Yannick - DVD

DVD/Blu-ray : 5 décembre 2023

Editeur : Diaphana

Année : 2023

De : Quentin Dupieux

Avec : Raphaël Quenard, Pio Marmaï, Blanche Gardin, Sébastien Chassagne, Agnès Hurstel, Jean-Paul Solal, Laurent Nicolas, Mustapha Abourachid