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Antérieurement en 2022
 

The Greenaway Alphabet - DVD

DVD/Blu-ray : 1er février 2022

Editeur : Urban Distribution

Année : 2017

De : Saskia Boddeke

Avec : Peter Greenaway, Pip Greenaway, Saskia Boddeke

Antérieurement en 2017
 

Que viva Eisenstein

Télévision : 23 octobre 2017 à 23:15-00:55 sur Arte

film : comédie dramatique

Toujours extravagant, Peter Greenaway signe un film sensuel et presque tendre sur son cinéaste favori, Eisenstein. Cru et brillant. - Critique :

Un lit. Immense. La chambre de cet hôtel l'est aussi : théâtrale, irréelle. C'est dans cette pièce que le réalisateur Sergueï Eisenstein, l'auteur d'Octobre et du Cuirassé Potemkine, découvre, à plus de 30 ans, la sexualité auprès d'un homme (son guide dans tous les sens du terme), lors d'une scène très crue, belle et sensuelle... En ce début des années 1930, à Guanajuato, où il tourne son film inachevé (Que viva Mexico !), Eisenstein vit dans un temps suspendu. Il est comme en apesanteur. Hollywood, qui l'a triomphalement accueilli, l'a vite rejeté. A Moscou, Staline le considère déjà comme un ennemi du peuple, à éliminer au plus vite. Cette petite ville devient, donc, un havre de paix provisoire : un purgatoire après le paradis perdu et l'enfer prévu. Ces jours heureux qu'il sait comptés, Eisenstein les étire, les étale, les exalte. Il ne parle plus : il se saoule de mots. Il ne filme plus : il accumule des kilomètres de rushes, comme les génies de l'époque : Griffith dans Naissance d'une nation, Erich von Stroheim dans Les Rapaces. Lorsqu'il se découvre gay, c'est un plus. L'apothéose : il jouit sans mesure de son amant, comme une provocation supplémentaire aux conventions de l'Ouest, à la morale de l'Est.

C'est cette outrance que saisit Peter Greenaway, dans le style abracadabrant qui est le sien : rythme frénétique, écrans divisés, logorrhée sonore et visuelle. Avec, par moments, des mouvements de caméra magnifiques : ce panoramique qui glisse de droite à gauche pour saisir, dans le hall soudain démultiplié de l'hôtel, les invectives permanentes d'un Eisenstein hystérique, face à ses producteurs, américains, communistes et incompétents.

Greenaway a souvent filmé la peau. Nue, douce, vierge comme une toile destinée à l'inspiration d'un peintre : l'érotisme de The Pillow Book naissait des lettres et des dessins peints par des pervers raffinés sur des corps splendides et désirables... La chair, en revanche, l'a toujours dégoûté : trop faible, trop vulnérable pour résister à l'horreur des vices humains. Dans The Baby of Mâcon, son film le plus pénible, il montrait deux cent huit hommes — deux cent huit ! — violer avec obstination et indifférence une femme accusée, en son temps, d'infanticide...

Evolution. Révolution. Révélation : même s'il ne résiste pas, ironie british oblige, à montrer Eisenstein comme un moujik mal dégrossi et son amant comme la caricature d'un danseur de tango, Greenaway, pour la première fois, filme le bonheur qui s'évanouit au moment où il surgit... Car la mort rôde à Guanajuato. Dans les rues. Et dans cet hôtel étrange où un ouvrier invisible semble réparer, sans cesse, une plomberie déficiente. On entend des coups réguliers et sourds : des années plus tard, à Moscou, victime d'une crise cardiaque, Eisenstein frappera longtemps sur les radiateurs de sa chambre pour demander du secours à ses voisins. En vain. — Pierre Murat

Année : 2015

Antérieurement en 2017