Paul Schrader : dernières sorties DVD/Blu-ray sur Evernext

Récemment en avril

Master Gardener

Télévision : 6 avril à 02:49-04:38 sur Canal +

film : thriller

Narvel Roth, un horticulteur, prend méticuleusement soin des splendides jardins de Gracewood, la propriété de la riche Norma Haverhill. Un jour, son employeuse lui demande de prendre en apprentissage sa petite-nièce Maya. Norma souhaite ainsi éloigner la jeune fille de ses mauvaises fréquentations en lui apprenant la valeur du travail. Réticent au début, Narvel n'a pas d'autre choix que d'accepter la décision de celle avec qui il entretient une liaison. Mais très vite, Maya se montre un peu trop curieuse, faisant resurgir les sombres secrets de son professeur... - Critique : Faute, culpabilité, rachat… Personne ne reprochera ses obsessions à Paul Schrader, d’autant qu’elles lui ont récemment inspiré de passionnantes variations : Sur le chemin de la rédemption (2017) et, surtout, The Card Counter (2021). Présenté hors compétition à la dernière Mostra de Venise, Master Gardener vient clore cette trilogie — non préméditée, selon l’auteur de 76 ans — avec un nouvel antihéros hanté par son passé. Après le pasteur en crise de foi et le tortionnaire devenu joueur de poker, voici l’histoire d’une mauvaise graine reconvertie dans le jardinage. Narvel Roth (Joel Edgerton, douloureusement inexpressif) veille à la splendeur du domaine de Mrs Haverhill (excellente Sigourney Weaver), dont les fleurs remportent des concours et attirent les touristes. Le jardinier en chef, taiseux et soumis jusque dans le lit de la patronne, consigne dans un journal des considérations sur l’horticulture et la vie — le dealer incarné par Willem Dafoe dans Light Sleeper (1993), déjà, faisait son examen de conscience par écrit (et en voix off). Étrange et dépouillé, Master Gardener intrigue un temps par sa mollesse atmosphérique, un mystère aux relents putrides. Qu’expie donc Narvel, dans ce décor d’ancienne plantation du Sud des États-Unis ? La réponse se lit sur son corps, sous la forme de tatouages néonazis. Évoquer le racisme enraciné dans l’histoire américaine en partant des surfaces (la peau de l’ex-voyou suprémaciste, le papier peint orné de méduses chez sa redoutable employeuse…) permet à Schrader de poser, de manière très littérale, la relation toxique qu’entretiennent le quadragénaire et son aînée. Dommage que le scénariste de Taxi Driver ne se contente pas de gratter cette plaie-là. L’arrivée de Maya (Quintessa Swindell), la petite-nièce métisse de Mrs Haverhill, marque hélas très vite la bascule du film, à la fois vers une intrigue policière essoufflée et une romance exaspérante. En régénérant son repenti à la sève d’une toute jeune pousse de couleur, Schrader s’imagine peut-être provoquer doublement une époque offusquée d’office. Mais que sont des personnages auxquels on ne croit pas une seconde, sinon des jouets entre ses mains ? Cette éclosion forcée d’un éden conjugal doit alors moins à l’audace qu’au recyclage du même sempiternel cliché.

Année : 2022

Avec : Amy Le, Cade Burk, Eduardo Losan, Erika Ashley, Esai Morales, Jared Bankens, Joel Edgerton, Jones DJames, Quintessa Swindell, Rick Cosnett, Sigourney Weaver, Victoria Hill

Récemment en avril

Master Gardener

Télévision : 6 avril à 02:49-04:37 sur Canal +

film : thriller

Narvel Roth, un horticulteur, prend méticuleusement soin des splendides jardins de Gracewood, la propriété de la riche Norma Haverhill. Un jour, son employeuse lui demande de prendre en apprentissage sa petite-nièce Maya. Norma souhaite ainsi éloigner la jeune fille de ses mauvaises fréquentations en lui apprenant la valeur du travail. Réticent au début, Narvel n'a pas d'autre choix que d'accepter la décision de celle avec qui il entretient une liaison. Mais très vite, Maya se montre un peu trop curieuse, faisant resurgir les sombres secrets de son professeur... - Critique : Faute, culpabilité, rachat… Personne ne reprochera ses obsessions à Paul Schrader, d’autant qu’elles lui ont récemment inspiré de passionnantes variations : Sur le chemin de la rédemption (2017) et, surtout, The Card Counter (2021). Présenté hors compétition à la dernière Mostra de Venise, Master Gardener vient clore cette trilogie — non préméditée, selon l’auteur de 76 ans — avec un nouvel antihéros hanté par son passé. Après le pasteur en crise de foi et le tortionnaire devenu joueur de poker, voici l’histoire d’une mauvaise graine reconvertie dans le jardinage. Narvel Roth (Joel Edgerton, douloureusement inexpressif) veille à la splendeur du domaine de Mrs Haverhill (excellente Sigourney Weaver), dont les fleurs remportent des concours et attirent les touristes. Le jardinier en chef, taiseux et soumis jusque dans le lit de la patronne, consigne dans un journal des considérations sur l’horticulture et la vie — le dealer incarné par Willem Dafoe dans Light Sleeper (1993), déjà, faisait son examen de conscience par écrit (et en voix off). Étrange et dépouillé, Master Gardener intrigue un temps par sa mollesse atmosphérique, un mystère aux relents putrides. Qu’expie donc Narvel, dans ce décor d’ancienne plantation du Sud des États-Unis ? La réponse se lit sur son corps, sous la forme de tatouages néonazis. Évoquer le racisme enraciné dans l’histoire américaine en partant des surfaces (la peau de l’ex-voyou suprémaciste, le papier peint orné de méduses chez sa redoutable employeuse…) permet à Schrader de poser, de manière très littérale, la relation toxique qu’entretiennent le quadragénaire et son aînée. Dommage que le scénariste de Taxi Driver ne se contente pas de gratter cette plaie-là. L’arrivée de Maya (Quintessa Swindell), la petite-nièce métisse de Mrs Haverhill, marque hélas très vite la bascule du film, à la fois vers une intrigue policière essoufflée et une romance exaspérante. En régénérant son repenti à la sève d’une toute jeune pousse de couleur, Schrader s’imagine peut-être provoquer doublement une époque offusquée d’office. Mais que sont des personnages auxquels on ne croit pas une seconde, sinon des jouets entre ses mains ? Cette éclosion forcée d’un éden conjugal doit alors moins à l’audace qu’au recyclage du même sempiternel cliché.

Année : 2022

Avec : Amy Le, Cade Burk, Eduardo Losan, Erika Ashley, Esai Morales, Jared Bankens, Joel Edgerton, Jones DJames, Quintessa Swindell, Rick Cosnett, Sigourney Weaver, Victoria Hill