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Vivre, mourir, renaître

Télévision : 16 juillet à 00:49-02:35 sur Canal +

film : drame

Les années 1990, à Paris. Sammy, bisexuel, vit en couple libre avec Emma. Après la naissance du petit Nathan, tous deux s'installent dans un nouvel appartement plus grand. Sammy fait la connaissance de Cyril, un photographe qui a installé son studio dans le même immeuble. Rapidement, la relation amicale nouée entre Cyril et Sammy prend une tournure inattendue, et les deux hommes deviennent amants. Emma ne tarde pas à l'apprendre et l'accepte par amour pour Sammy. Une relation à trois s'installe dans laquelle chacun semble trouver sa place. Tout bascule lorsque Cyril décide d'avouer un bouleversant secret à Sammy : il est séropositif et suit un traitement depuis plusieurs mois... - Critique : Il avait 20 ans en 1992, tournait ses premiers courts métrages puis devenait acteur dans un film d’André Téchiné très célébré, Les Roseaux sauvages (1994). Gaël Morel prit son envol à une époque qui était aussi celle du sida, marquée par la létalité, alors implacable, de la maladie. Sur l’écran, nous voici justement en 1990. Sammy et Emma sont jeunes, ils s’aiment et vont, eux aussi, prendre leur envol, fonder une famille, trouver un appartement plus grand pour accueillir le petit Nathan. Quand le voisin, Cyril, devient l’ami de Sammy, et secrètement son amant, c’est dans le même bel élan de joie. Mais ces années-là sont cruelles… On est d’emblée ému par ces personnages qui vivent l’enchantement de la jeunesse, l’avenir donné et la sentence d’un diagnostic qui sonne comme un arrêt de mort, avant de fulgurants progrès dans le traitement du sida. Au fil d’un récit vaillamment romanesque qui traverse une décennie, Vivre, mourir, renaître raconte avec une pureté lumineuse comment tout se mélange, les corps, les destins, le bonheur et le malheur… À travers ravissements et dissonances, le réalisateur nous parle de persévérance. Cinéphile, il a emprunté au compositeur Georges Delerue (disparu en 1992, complice de Truffaut, notamment sur Jules et Jim, auquel on peut penser) des musiques qui préservent une harmonie, dans la légèreté comme dans la mélancolie. Quant à l’image, confiée au talentueux chef opérateur David Chambille, un équilibre s’établit entre une vitalité moderne et une attention classique. Les trois formidables jeunes comédiens, Lou Lampros-Emma, Théo Christine-Sammy et Victor Belmondo-Cyril, sont filmés comme des stars, comme s’ils rayonnaient jusque dans les moments les plus sombres. Passionnément, Gaël Morel nous fait partager l’importance qu’a pour lui ce qu’il met en scène ici. En faisant de Cyril un photographe, il dit son envie de faire revivre ces années 1990 dans leur instantanéité, tout en montrant leur empreinte. Il questionne aussi le geste de créer : l’urgence de vivre, qui a traversé les années sida, ne donnait-elle pas du génie aux artistes ? Une interrogation très personnelle de la part de ce cinéaste qui s’est imposé avec la fougue de sa jeunesse (premier long métrage au rythme d’un cœur battant, À toute vitesse, en 1996), mais a dû, ensuite, parfois plus difficilement, apprendre à durer. Il nous offre aujourd’hui son film le plus fort et le plus sensible. Une superbe victoire.

Année : 2024

Avec : Amanda Lear, Elli Medeiros, Fabrice Delorme, Hippolyte Thillard, Hélyos Johnson, Jonathan Hounwanou-Kakon, Lou Lampros, Noah Deric, Sophie Guillemin, Stéphane Rideau, Théo Christine, Victor Belmondo