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Avant-hier
 

Rendez-vous avec Pol Pot

Télévision : 29 juillet à 04:00-05:49 sur Canal +

film : drame

1978. Depuis trois ans, le Cambodge, désormais devenu le Kampuchéa démocratique, est sous le joug de Pol Pot et des Khmers rouges. Le pays est économiquement exsangue, et près de deux millions de Cambodgiens ont péri dans un génocide encore inexplicablement tu. Trois Français ont accepté l'invitation du régime, espérant obtenir un entretien exclusif avec Pol Pot : une journaliste familière du pays, un reporter photographe et un intellectuel sympathisant de l'idéologie révolutionnaire. Mais la réalité qu'ils perçoivent sous la propagande et le traitement qui leur est réservé vont peu à peu faire basculer les certitudes de chacun... - Critique : Vingt-huit ans après le documentaire Bophana, une tragédie cambodgienne, sur la torture et l’assassinat d’une jeune traductrice dans le camp S21, Rithy Panh adapte, sous forme de fiction cette fois, un autre chapitre du livre d’Elizabeth Becker Les Larmes du Cambodge. L’histoire d’un auto-génocide. En 1978, la correspondante du Wahington Post fut autorisée à pénétrer ce qui s’appelait alors officiellement le Kampuchéa démocratique (1975-1979), en compagnie d’un autre journaliste américain et d’un écrivain marxiste britannique. Devenu français pour les besoins du film, le trio se compose désormais d’une reporter de guerre (Irène Jacob), d’un photographe (Cyril Gueï) et d’un universitaire (Grégoire Colin) effectuant leur voyage sous la haute surveillance de l’Angkar. « L’Organisation » khmère rouge met évidemment tout en œuvre pour dissimuler le génocide en cours… Lui-même rescapé de cette terreur, le cinéaste franco-cambodgien poursuit un travail de mémoire entamé à la fin des années 1980. Dans Rendez-vous avec Pol Pot, il mêle habilement divers registres et régimes d’images, alternant scènes jouées par ses acteurs, archives d’époque et reconstitutions avec des figurines en argile, technique déjà employée dans L’Image manquante (2013). En découle un film insolite, atmosphérique, qui joue sur l’étirement du temps – les personnages attendent une rencontre avec Frère n° 1 qui semble ne jamais devoir advenir –, le hors-champ du crime et les indices qu’il laisse malgré tout. D’un tarmac désert, posé au milieu de la forêt, à une ferme modèle, tout n’est qu’étrangeté, faux-semblants et éléments de langage. « On ne va pas se laisser balader dans un village Potemkine ! », s’insurge la journaliste, tandis que le photographe se voit imposer des cadres favorables au régime. Seul l’intellectuel engagé, qui se targue d’être un ami de Pol Pot depuis sa jeunesse parisienne, préfère l’aveuglement. Lors d’une séquence symbolique, les gardes khmers lui bandent les yeux et le font toucher un éléphant en carton qu’il est incapable d’identifier. L’éléphant dans la pièce, comme on dit en anglais. D’abord diffuse, la menace gagne le film à mesure qu’il s’enfonce en absurdie, jusqu’à ces images nocturnes d’un Phnom Penh vide et silencieux, purgé de ses habitants et de son passé.

Année : 2024

Avec : Bun-Hok Lim, Cyril Gueï, Grégoire Colin, Irène Jacob, Leng Thirith, Paov Pitu, Siden In, Sok Sothun, Sokong Heng, Sophourn Has, Sovann Nhoeb, Tithya Nouhem