El

Télévision : 13 avril 2023 à 23:25-00:55 sur Arte

film : drame

Au cours de la cérémonie religieuse du jeudi saint, dans une église du Mexique. Francisco Galvan De Montemayor, riche propriétaire foncier et catholique fervent, tombe sous le charme d'une fidèle, Gloria Milalta. Le fait qu'elle soit déjà fiancée à Raul, un ingénieur, n'entrave en rien les projets de Francisco. Au cours d'une réception, il parvient à séduire Gloria. Il ne lui faut guère plus de temps pour la convaincre de l'épouser. Mais très vite, il révèle sa jalousie maladive, n'hésitant pas à cloîtrer Gloria et à la torturer. Peu à peu, Francisco sombre dans la folie et Gloria craint pour sa vie... - Critique : Réalisé il y a soixante-dix ans, ce film nous parle au présent, comme en direct. Mais son propos a évolué avec le temps. À l’origine, cette chronique parfois presque mélodramatique d’un mariage infernal semblait n’illustrer que le thème de la jalousie. Le puissant Francisco traque la belle Gloria comme une proie, parvient à l’épouser et voit alors partout les signes d’une infidélité qu’il faut punir… Distribué sous le titre Tourments, El (lui, en espagnol) passionna le psychanalyste Jacques Lacan, qui voyait le personnage de Francisco comme une étude presque clinique d’un trouble mental, la paranoïa. Aujourd’hui, une noirceur plus radicale saute aux yeux. Dans El, la paranoïa semble, en vérité, une construction destinée à justifier la pulsion injus­tifiable et insupportable qui habite Francisco : l’envie de tuer sa femme. Le besoin irrépressible de l’étrangler, de la précipiter dans le vide, de lui ouvrir les veines, tout ce qu’il essaie. La dérive irrationnelle vers le féminicide est le vrai sujet de ce film hors du commun que Buñuel plaçait très haut dans son œuvre. Il s’y approche de la part la plus obscure de l’homme, un mélange d’amour et de haine, de désir et de mort d’où surgit la barbarie. Un mal profond, prévenait-il déjà.

Année : 1953

Avec : Arturo de, Aurora Walker, Carlos Martinez Baena, Delia Garcés, Fernando Casanova, José Pidal, Luis Beristáin, Manuel Dondé, Rafael Banquells, Roberto Meyer