Atkinson Dorothy : passages TV

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Lundi dernier
 

Mr Turner

Télévision : 28 juillet à 21:00-23:20 sur Arte

film : biographie

Artiste reconnu, membre apprécié quoique irrévérencieux de la Royal Academy of Arts, le peintre J.M.W. Turner peut compter sur le soutien indéfectible de son père qui est aussi son assistant. Il est également choyé par sa dévouée gouvernante. Il fréquente l'aristocratie, visite les bordels en quête de tendresse et nourrit son inspiration par ses nombreux voyages. Il a beau être reconnu, il est souvent la cible de la bonne société et du public qui ne comprennent pas son art. A la mort de son père, profondément affecté, Turner ne veut plus voir personne. Sa vie change cependant quand il rencontre Sophia Booth, propriétaire d'une pension de famille en bord de mer... - Critique : Du peintre anglais William Turner (1775-1851), Timothy Spall fait un presque obèse à la démarche de crapaud, visage grimaçant, grognements porcins à gogo. Comment, de tant de laideur, jaillit une beauté sans pareille... Dans ce récit fragmenté des vingt-cinq dernières années de sa vie, l’art de Turner est d’abord montré comme un métier. Pas sans analogie avec celui de cinéaste : repérages, croquis comme les esquisses d’un story-board, visite au marchand de couleurs comme on va chez le loueur de caméras. Il est très vraisemblable que Mike Leigh, auteur des féroces Naked (1993) et Another year (2010) partage la misanthropie tranquille de son personnage. Tout au long du film, Turner ne trouve son accomplissement que face aux paysages qui vont l’inspirer — magnifiquement rendus par l’image de Dick Pope, qui a étudié les pigments utilisés par le peintre. Ou au milieu des éléments, le film attestant une légende selon laquelle Turner se serait attaché au mât d’un navire pour être au coeur d’une tempête. La beauté, la vérité du monde résident dans un ciel changeant que le soleil et les nuages recomposent en mille nouveaux contours. Mais certainement pas en l’homme : ni lui-même (« Quand je me regarde dans un miroir, je vois une gargouille »), ni ceux qu’il côtoie, dont la laideur morale accompagne parfois les déconfitures implacables du corps (comme cette servante, et maîtresse occasionnelle, au visage dévoré par le psoriasis). Par petites touches, Mr. Turner installe un sentiment poignant d’élégie. Cerné par la laideur, le peintre s’est entraîné à ne voir que la beauté. Une scène tire les larmes : il chante, d’une voix mal assurée, When I am laid in earth, tirée du Didon et Enée de Purcell. De l’ogre difforme sort la conscience d’un éden perdu. C’est bouleversant.

Année : 2014

Avec : Amy Dawson, Atkinson Dorothy, Foster Sandy, Johnson Karl, Joshua McGuire, Lesley Manville, Marion Bailey, Martin Savage, Paul Jesson, Richard Bremmer, Ruth Sheen, Timothy Spall