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Mardi dernier
 

La passion de Dodin Bouffant

Télévision : 14 mai à 21:10-23:23 sur Canal +

film : drame

En 1885, Eugénie, une talentueuse cuisinère, travaille depuis vingt ans pour Dodin, un bourgeois qui vit dans sa propriété en Anjou où son quotidien est consacré à la gastronomie. Les plats savoureux qu'ils créent ensemble sont ensuite partagés avec un cercle fermé d'amateurs éclairés. Malgré leur complicité certaine, Eugénie n'a jamais voulu épouser Dodin, préférant conserver sa liberté. Lorsque sa cuisinière adorée tombe malade, il décide qu'il est temps pour lui de passer derrière les fourneaux. - Critique : :t3: POUR Ce film, qui célèbre notre excellence culinaire et a été choisi pour représenter la France aux Oscars, nous arrive auréolé de prestige. Mais c’est aussi un vrai pari de cinéma. La preuve en est faite d’entrée de jeu : dans une cuisine du XIXe siècle, un vertigineux défilé de plats se prépare et, pendant près de trente minutes, le spectacle se passe totalement de musique (il n’y en aura pas non plus après) et quasiment de mots. Les seuls vraiment décisifs à être prononcés font résonner comme une parole sacrée la liste des ingrédients de la sauce bourguignotte. Des personnages qui s’affairent, on ne saura, hormis leur talent aux fourneaux, que le strict nécessaire. Sorti d’un roman de Marcel Rouff, Dodin Bouffant est un gastronome (en partie inspiré par le célèbre Brillat-Savarin, 1755-1826), un notable dont l’unique ambition est de briller à table. À ses côtés, Eugénie, sa compagne qui n’a jamais voulu devenir sa femme pour mieux rester, par-dessus tout, sa cuisinière. Au lieu d’enfants, le couple a deux apprenties marmitonnes. Et semble consacrer sa vie à estomaquer un cercle d’amis en les régalant de mets extraordinaires. Dans cette monomanie culinaire, Tràn Anh Hùng (qui avait débuté avec L’Odeur de la papaye verte) a trouvé une richesse étonnante. À travers Dodin, interprété avec panache par Benoît Magimel, il nous fait partager l’enivrement des mots qui annoncent les plats, aussi prémédités que des coups de théâtre. Dodin, c’est la cuisine comme spectacle, expression artistique, et le réalisateur a su le traduire en images avec brio. À travers Eugénie, il sait aussi exprimer l’inverse : pour elle, cuisiner est l’art de rester en coulisses, en n’étant présente à table qu’à travers ce qu’elle a concocté. Autour de cette femme, dont Juliette Binoche fait vibrer la réserve, la caméra compose un monde secret. Salué, très justement, par le Prix de la mise en scène à Cannes, le film est tour à tour festif, gustatif, contemplatif et méditatif. D’une originalité savoureuse de bout en bout. — Frédéric Strauss :t0: CONTRE « Savoureux » si on aime les repas à 6 000 calories, peut-être. Mais, après deux heures et quatorze minutes de cuisson à l’étouffée pour le spectateur, c’est plutôt le terme de « faisandé » qui vient en bouche. On ne va pas au cinéma pour voir un épisode interminable de Top chef, disposerait-il d’un « directeur gastronomique » aussi prestigieux que le chef multi-étoilé Pierre Gagnaire et serait-il photographié comme La Laitière, de Vermeer — ou, pour être plus précis, comme une vieille publicité qui s’inspirait du célèbre tableau du maître hollandais. Au moins, dans la télé-réalité culinaire de M6, les candidats nous dispensent-ils des platitudes pseudo-philosophiques sur l’art du bien manger et le « printemps de la vie » assénées par les héros aux fourneaux de Tràn Anh Hùng et leurs convives dodus et bouffis. Et que dire du Prix de la mise en scène reçu au Festival de Cannes, sinon qu’un réalisateur qui ose enchaîner une nature morte de poire pochée avec un plan sur les fesses nues de Juliette Binoche mériterait plutôt la Palme du mauvais goût ? — Samuel Douhaire

Année : 2023

Avec : Adler Sarah, Benoît Magimel, Bonnie Chagneau-Ravoire, Emmanuel Salinger, Frédéric Fisbach, Galatéa Bellugi, Jan Hammenecker, Jean-Marc Roulot, Juliette Binoche, Mhamed Arezki, Patrick d'Assumçao, Yannik Landrein