Télévision : 15 mars à 21:00-22:30 sur France 4

film : drame

Cléo, chanteuse en vogue, attend les résultats d'une analyse médicale. Elle redoute d'être atteinte d'un cancer. Les visites de ses amis, peu compatissants, et de son amant, distraitement tendre, ne la consolent guère. Elle décide d'aller offrir un chapeau à une amie, la laisse rapidement et erre dans les rues en proie à une angoisse grandissante. Dans un parc, elle rencontre Antoine, un soldat en permission qui, lui aussi, attend d'importants résultats médicaux. Les deux êtres se lient d'une amitié solide et s'apprêtent à affronter la dure réalité... - Critique : Dans les années 1980, Madonna faillit en produire un remake, avec elle-même, bien sûr. Dans les années 2010, le Norvégien Joachim Trier s’en inspira ouvertement pour Oslo, 31 août. Et Lena Dunham, la créatrice de la série Girls, le cite parmi ses films de chevet. Cléo de 5 à 7 est éternellement à la mode. Comme sa belle héroïne (Corinne Marchand) sur un fil, silhouette à la Kim Novak et chic parisien de toujours. Le titre coquin cache élégamment la gravité de la situation : Cléo attend confirmation d’un diagnostic médical des plus angoissants. La mort plane sur les deux heures à tuer avant le rendez-vous à l’hôpital parisien de la Salpêtrière. Agnès Varda, dont c’est le deuxième long métrage, était déjà une ingénieuse créatrice de formes en 1961 : tous ses documentaires, fictions et installations ont une architecture conceptuelle. Dans Cléo de 5 à 7, elle filme d’abord un compte à rebours. Elle explore la dictature banale et fantastique des minutes, marquée en surimpression, ou bien sur les horloges et les montres, partout. Et, miracle, la rigueur du style, la contrainte du chronomètre et la possibilité du pire libèrent le personnage : on croirait assister à l’invention de l’héroïne moderne. La chanteuse yéyé (métier de Cléo), égocentrée et narcissique, des premières scènes cède peu à peu la place à une autre femme, non plus objet mais sujet, qui regarde, qui écoute, qui se laisse enfin atteindre par les autres. C’est l’histoire inoubliable d’une transfiguration.

Année : 1962

Avec : Anna Karina, Antoine Bourseiller, Dominique Davray, Emilienne Caille, Jean-Luc Godard, Loye Payen, Marchand Corinne, Marchand Lucienne, Michel Legrand, Renée Duchateau, Robert Postec, Serge Korber