Télévision : 11 septembre 2023 à 21:10-22:45 sur France 3

film : drame

Paul et Myriam ont tout pour être heureux. Lui gagne bien sa vie. Ils ont deux enfants en bas âge. N'envisageant pas de devenir femme au foyer, Myriam souhaite reprendre le travail. Elle décide pour cela de recruter une nounou et fait la connaissance de Louise, qui a de l'expérience et lui fait bonne impression. Très vite, Louise s'impose dans le foyer grâce à son dévouement, son implication et son humeur constante. Peu à peu, Myriam ressent un malaise en sa présence, car Louise a parfois des réactions inquiétantes et surtout car elle semble devenue indispensable aux enfants et à la bonne vie de la famille... - Critique : Les succès des récentes rentrées littéraires engendrent décidément peu de bons films. Après Marvin, inspiré des écrits d’Édouard Louis, ou D’après une histoire vraie, adapté de Delphine de Vigan, voici donc Chanson douce, tiré du roman de Leïla Slimani, prix Goncourt 2016. La réalisatrice Maïwenn ayant jeté l’éponge, le projet échoit à Lucie Borleteau, auteure, en 2014, d’un beau premier film trop peu vu, Fidelio, l’odyssée d’Alice. Mais le cadeau était empoisonné, au vu du résultat. Alors que l’histoire de la nounou borderline engagée par de jeunes parents bourgeois et parisiens évoquait, dès sa forme littéraire, un scénario de thriller psychologique, quelque chose cloche d’emblée à l’écran. Car dans le texte, le mépris de classe du couple employeur était décrit de manière neutre, clinique, comme un fait parmi d’autres. Dans le film, il tend à devenir le point de vue même de la réalisatrice. Exemple : quand madame (Leïla Bekhti) et monsieur (Antoine Reinartz) reçoivent dans leur salon des candidat(e)s à l’emploi de baby-sitter, ils se moquent discrètement de leurs visiteurs, en particulier d’une dame âgée ayant des difficultés à monter les escaliers. Or rien, dans la mise en scène, ne vient infléchir ou contrer cette condescendance ricanante. Le défaut grandit avec l’arrivée de Louise, quinquagénaire banlieusarde et esseulée, choisie pour s’occuper des deux enfants en bas âge du couple. De perle rare, les premières semaines, elle est perçue ensuite comme une menace sourde pour la famille, car trop investie, émotionnellement, dans son travail, et sujette à des sautes d’humeur, à des comportements étranges… La réalisatrice ne se met à la place de l’employée que dans les dernières scènes, pour figurer ses hallucinations monstrueuses. Auparavant, autant dire pendant tout le film, c’est elle, la nounou, qui est regardée comme un monstre. Cette fâcheuse tendance culmine pendant les absences des quatre Parisiens. Louise, en mal d’eux, s’installe en secret dans leur appartement, qu’elle transforme provisoirement en champ de bataille. Allongée sur le canapé familial, elle a bien le droit d’être nue sous un peignoir entrouvert si bon lui semble, puis-qu’elle est seule entre ces murs. Mais à en croire la manière dont Lucie Borleteau la filme, on jurerait que c’est là le comble de l’abomination et de la transgression toxique… Discutable, à tout le moins.

Année : 2019

Avec : Antoine Reinartz, Assya Da Sylva, Claire Dumas, Karin Viard, Laure Giappiconi, Leila Bekhti, Martine Chevallier, Noëlle Renaude, Patissier Benjamin, Patissier Max, Peretjatko Calypso, Rehab Mehal