Télévision : 22 février 2023 à 23:35-01:00 sur Arte

film : drame

Maryam, 22 ans vient de passer 15 mois derrière les barreaux après avoir tué accidentellement son mari et employeur Nasser Zia, 65 ans et directeur d'une agence de publicité dans la capitale iranienne, à la suite d'une dispute sur une grossesse dont il ne voulait pas. La jeune femme, qui a perdu son enfant, risque la peine de mort par pendaison, à moins que son ancienne amie Mona, la fille unique de Nasser, ne lui accorde son pardon en direct dans une émission de télé-réalité. En coulisses le responsable du programme Ayat et l'assistante de production Keshavarz surveillent l'audimat et la mère de Maryam assiste désespérée à ce tribunal populaire... - Critique : Le scénario est digne de la pire dystopie : une émission de télé-réalité met en scène la confrontation entre des condamné(e)s à mort et leurs victimes, seules capables de leur accorder le pardon qui leur sauvera la vie. En Iran, ce programme existe bel et bien et connaît un grand succès d’audience. Sur le plateau kitsch du Plaisir de pardonner (un nom ironique pour un spectacle qui exalte la noblesse des sentiments, tout en exploitant nos penchants les plus bas), voici donc Maryam, fille de chauffeur, implorant grâce aux pieds de Mona, grande bourgeoise. La jeune Maryam a accidentellement tué son vieux mari, le père de Mona, épousé dans le cadre d’un « mariage temporaire ». Typiquement iranien, ce contrat d’union est, avec « le prix du sang » (une somme versée aux familles des victimes ayant renoncé à la loi du talion), l’une des spécificités culturelles de ce thriller psychologique à huis clos. Si le face-à-face entre les deux femmes reste un peu schématique dans sa façon de confronter les classes sociales, le film parvient à impliquer le (télé)spec­tateur, à le faire s’interroger sur sa position de juge. Avec de tels in­grédients − suspense douloureux, émotions paroxystiques −, il est toutefois dommage que le réalisateur choisisse d’en rajouter dans la dramatisation. Comme s’il finissait par céder lui-même à la tentation d’instrumentaliser son sujet.

Année : 2019

Avec : Arman Darvish, Babak Karimi, Behnaz Jafari, Faghiheh Soltani, Fereshteh Hosseini, Fereshteh Sadre, Forough Ghajabagli, Ramona Shah, Sadaf Asgari, Zakieh Behbahani