Télévision : 26 juillet 2018 à 02:50-03:55 sur Canal +

documentaire : culture

«Friends», «Breaking Bad», «Six Feet Under», toutes les séries ont une fin. Les tweets rageurs dénonçant celle de «Lost» sont quotidiens aujourd'hui encore. David Chase, créateur des «Soprano», est toujours sommé de s'expliquer sur le finale ambigu de son chef d'oeuvre, huit ans après. Les séries sont-elles faites pour durer ? Olivier Joyard explore ce moment délicat, où tout se termine, et ses ressorts pour les fans. Critique : Dans le monde des séries, réussir sa sortie est devenu un casse-tête pour les auteurs, attendus au tournant depuis l'explosion du format feuilleton au début du siècle. Certains l'ont appris à leurs dépens : pour les fans impitoyables, la fin ne justifie en aucun cas d'être moyen. Sous peine de se voir cloués au pilori, peu importe la qualité des épisodes qui ont précédé la conclusion honnie. L'exercice est ingrat. Si Six Feet under et Breaking bad s'en tirent avec des honneurs unanimes, c'est loin d'être le cas pour un grand nombre de séries, y compris des classiques, du Prisonnier à Dexter, en passant par Lost et même Les Soprano. Cette cristallisation passionnelle, parfois déraisonnable, du téléspectateur autour des fins de séries s'explique de plusieurs manières. Pour les aborder, le journaliste Olivier Joyard choisit une approche globale et ludique qui convoque fans, auteurs prestigieux, acteurs et même essayistes et psychanalystes. Passionnant dans son évocation du processus créatif et des différentes façons d'achever une série (faut-il satisfaire le public ou le laisser jongler avec des points de suspension ?), le documentaire prend de la hauteur en analysant, avec une délicatesse parfois poétique, notre rapport existentiel à la notion de deuil. Et met sur un pied d'égalité tous ses intervenants. Les larmes d'Hélène Fillières lorsque, dans un moment d'une rare et bouleversante intensité, elle revoit la fin de Mafiosa, en sont une belle preuve. Bien entendu, attention spoilers ! — Sébastien Mauge

Année : 2016

De : Olivier Joyard