Télévision : 5 mai 2018 à 18:00-19:20 sur Canal +

documentaire : culture

Dans l'expérience des fans de séries télé, le générique tient une place centrale. Couleurs, visages familiers, morceaux choisis, musique entêtante : tous les éléments se mêlent pour créer une sorte de bulle unique, proche d'un objet d'art en soi, véritable préliminaire avant la fiction proprement dite, qui permet d'en attendre en musique les premières images avec une délectation particulière. Indéniablement, le générique tient une place particulière dans le rapport à ces séries qui façonnent toujours davantage vies culturelles et intimes. Critique : Le générique, porte d’entrée de la série télé, est en danger. Pour gagner du temps et vendre plus d’espace publicitaire, les chaînes se débarrassent de plus en plus souvent de cette forme artistique à part entière. Le journaliste et scénariste Olivier Joyard revient sur son importance historique et décrypte la richesse des plus célèbres introductions, de La Quatrième Dimension à Transparent, en passant par A la Maison-Blanche. Il s’entretient avec des concepteurs de génériques, des créateurs de séries et des journalistes pour comprendre comment une poignée d’images et quelques notes peuvent nous plonger instantanément dans un univers et nous hanter bien après leur visionnage. Le premier tiers de ce documentaire foisonnant s’attaque pêle-mêle à notre ressenti face aux génériques, à leur rôle dans la narration globale des œuvres et à leur évolution depuis les années 1950 — époque où ils s’accompagnaient d’un sponsor. Un rien trop chargé, parfois alourdi par des digressions sociétales pertinentes mais trop étirées, il devient passionnant lorsqu’il s’arrête sur des exemples précis : quand il laisse David Chase, le créateur des Soprano, nous dire tout ce qui se cache derrière son ouverture aux accents autobiographiques, ou qu’il fait entendre la voix d’Angelo Bada­lamenti, compositeur de l’entêtante BO de Twin Peaks. Olivier Joyard parvient alors à témoigner de toute la richesse des génériques et de leur fascinant pouvoir émotionnel et métaphorique.

De : Olivier Joyard