Télévision : 15 avril 2018 à 22:25-23:20 sur France 5

documentaire : politique

La cruauté fait partie du combat politique. François Bayrou, Jean-Pierre Raffarin, Michèle Cotta ou Chantal Jouanno, rompus à l'exercice du pouvoir ou observateurs éclairés, témoignent dans ce film, truffé d'archives drôles et pittoresques, qui propose de disséquer avec sérieux et humour la violence en politique, oratoire ou écrite. Les phrases assassines et autres propos outranciers sont une tradition à l'Assemblée nationale. Mais depuis 1974, date du premier débat télévisé, le spectacle s'est déplacé sur les écrans. L'art du tweet peut parfois s'avérer ravageur. Les petits candidats tentent eux aussi de conquérir le pouvoir grâce à des coups d'éclat médiatique. Critique : La vie politique est-elle plus dure qu'avant ? Comment la brutalité s'est-elle immiscée dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale ? La violence est-elle consubstantielle à l'exercice du pouvoir ? Si le documentaire de Bertrand Delais est loin de faire le tour de la question, il repose, à partir d'extraits télé incontournables et d'interviews de politiques et de journalistes, les bases de cette passionnante réflexion. Le film part de la traditionnelle notion d'honneur (à l'Assemblée, le dernier duel à l'épée date de 1967 et a opposé Gaston Defferre et René Ribière), pour très vite souligner la dimension théâtrale des fameuses joutes verbales de nos élus. « Après la violence des mots dans l'hémicycle, on va prendre un verre à la buvette et on s'explique », raconte le très droitier député Jacques Myard. Un simple jeu, donc ? Pas tout à fait, car les mots révèlent aussi les imaginaires de députés majoritairement masculins, blancs et hétéros — on aurait aimé que le doc creuse un peu plus ces univers mentaux « virilistes ». Bertrand Delais préfère se concentrer sur l'actuelle pression médiatique qui, en évacuant l'idéologie et survalorisant les tempéraments, a multiplié les affrontements personnels et renforcé la violence. Un regard pertinent, mais qui aurait peut-être gagné en profondeur s'il avait ausculté un peu plus la spécificité française. — Lucas Armati

Année : 2015

De : Bertrand Delais