Télévision : 6 mars 2018 à 13:35-15:15 sur Arte

film : drame psychologique

Un film courageux et délicat sur les ambiguïtés de l'identité. Les deux Patrick, justes et fragiles, sont épatants. Critique : Film de Claude Miller (France, 1975). Scénario : C. Miller et Luc Béraud. Image : Bruno Nuytten. Musique : Alain Jomy. 85 mn. Avec Patrick Dewaere : Marc. Patrick Bouchitey : Philippe. Christine Pascal : Chantal. Claude Piéplu : le directeur. Marc Chapiteau : Gérard. Michel Blanc : Deloux. Genre : drame de l'identité. Marc et Philippe sont moniteurs dans une colonie de vacances. Un soir, Marc surprend Philippe déguisé en femme dans sa chambre. Entre eux, naît une relation trouble, faite de sadisme et de vénération. Claude Miller a tourné ce premier film en pensant à Ingmar Bergman, qui pleura, dans une interview, la prédestination de l'homme pour l'humiliation. A la sortie du film, il répéta même que le thème de l'homosexualité n'était que secondaire, par crainte d'être trop vite catalogué. Le happy end, très moral, prouve qu'il était encore impossible, dans les années 70, d'afficher un bonheur durable hors de la norme hétérosexuelle. Mais oublions cet­te fin un peu lâche, tant le reste du film brille par son courage et sa délicatesse. A travers des scènes courtes entrecoupées de fondus au noir qui portent conseil comme des nuits denses, Claude Miller - dont ce fut le premier long métrage - dit la souffrance qu'infligent les éraflures verbales d'autrui quand elles s'attaquent à une identité vacillante. Entre Marc et Philippe, le non-dit est un jeu d'autant plus cruel qu'il est conscient et évolutif. Si Philippe commence par être victime, il reprend le dessus quand la honte l'abandonne. A l'inverse, Marc a beau se protéger derrière sa virilité, il finit par flancher. Patrick De­waere choisit d'orienter son personnage vers cette fragilité : « Je vais le jouer comme si j'avais voulu rester dans la chambre de Philippe... », décréta-t-il après le tourna­ge de la scène clé où il surprend son compère travesti. Sa performance tient du miracle, tout comme celle de Patrick Bou­chitey, gracile, vulnérable. Marine Landrot

Année : 1975