Télévision : 12 février 2018 à 10:25-11:55 sur Canal +

film : drame

Au pied de villas marseillaises, des minots s’élancent d’une corniche dans la mer. Un film sensuel et poétique, desservi par un thriller maladroit. Critique : Paris a ses poulbots ; Marseille, ses minots. Retrouver la saveur du mythe tout en se tenant au plus près de la cité phocéenne qu'elle affectionne comme personne, tel est le voeu de Dominique Cabrera. Le roman de Maylis de Kérangal lui sert de tremplin, au sens propre comme au figuré. Elle filme Suzanne, une lycéenne d'un milieu aisé, qui observe de sa terrasse, fascinée, une bande de garçons et de filles sautant dans la mer, depuis la corniche. Elle les approche et se fait accepter d'eux. Le coeur du film est cette corniche, bout de territoire magique, balcon magnifique sur la mer. Un lieu qui fait corps avec les personnages, qui les habite et qu'ils habitent, pour ainsi dire. Le boulevard, la muraille de rochers, l'eau bleue sont le théâtre de leur vie ; et le saut, une épreuve apportant beauté, frisson, gloire. Tout cela, la cinéaste le capte très bien, en fait un tableau avec du relief, sensuel, impressionniste, riche de couleurs et de sensations fortes. Le traitement du trafic mafieux et de l'enquête policière est en revanche plus maladroit. Corniche Kennedy vaut plus comme documentaire poétique que comme fiction. Et pour l'alchimie qui rapproche les trois jeunes mis en avant : Lola Créton, déjà remarquée dans Un amour de jeunesse, de Mia Hansen-Love, et deux acteurs non professionnels, épatants. Kamel Kadri, gracile, taciturne, et Alain Demaria, bloc de tendresse et de maturité feinte, un vrai minot, une révélation. — Jacques Morice

Année : 2016