Télévision : 11 décembre 2017 à 20:55-22:35 sur France 2

film : comédie

Et si Johnny Hallyday n'était jamais devenu une star ? Un scénario plein de dérision, bien servi par le tandem Luchini-Hallyday. Critique : Film de Laurent Tuel (France, 2006) Scénario : Christophe Turpin. 95 mn. Inédit. Avec Fabrice Luchini : Fabrice. Johnny Hallyday : Jean-Philippe. Antoine Duléry : Chris Summer. Genre : fan fiction. « Johnny Hallyday ? Connais pas. » Du jour au lendemain, Fabrice se retrouve propulsé dans un monde où son héros, son dieu, Johnny, n'a jamais connu la célébrité. Il est resté Jean-Philippe Smet. Bref, un cauchemar pour le fan privé de sa raison d'être. Dès lors, Fabrice n'aura de cesse de persuader Jean-Philippe, patron de bowling en banlieue, de devenir celui que l'on sait. Drôle d'idée, idée très drôle : prenez une vraie star, une institution même, et inventez-lui une biographie parallèle. Vous obtiendrez une comédie maligne qui explore, mine de rien, quelques aspects de la célébrité. Le public, d'abord, sans lequel les idoles ne seraient que des « Jean-Philippe » comme les autres. Laurent Tuel (Un jeu d'enfants), insiste sur le fétichisme de Fabrice : collectionnite aiguë et vieux tubes en boucle, pour remplir le vide de sa vie. Puis, à travers ses mésaventures ultérieures, le film décortique les mécanismes de la passion, dont l'objet s'avère interchangeable. Ainsi Fabrice découvre-t-il que, dans le monde où Johnny n'existe pas, il collectionne passionnément... les bouteilles de bière. Avec Luchini, Johnny Hallyday forme un couple de comédie réjouissant : l'un, fébrile, joue à la perfection les monomaniaques ruisselants d'amour, en particulier quand il enseigne à l'idole ses propres chansons. L'autre se laisse aduler, mi-passif, mi-dubitatif. Chacune des références au « vrai » Johnny produit sur le spectateur un effet de connivence et de désorientation mêlées. Bourré de clins d'oeil, le film tient le rythme, malgré un happy end un peu bâclé. Cécile Mury

Année : 2006