Télévision : 21 novembre 2017 à 20:55-00:00 sur Chérie 25

film d'espionnage

D'une élégance classique, le deuxième film de De Niro est une saga sur la CIA assez ambitieuse pour mélanger l'intime et la géopolitique. Critique : | Genre : démystification. Robert De Niro, cinéaste ? L'hypothèse était restée classée sans suite depuis un coup d'essai sans éclat, Il était une fois le Bronx, en 1993. Elle reprenait, treize ans plus tard, quelques couleurs avec un film qui aurait pu s'intituler « Il était une fois la CIA ». D'une élégance classique, c'est un vaste récit, courant de la fin des années 1930 au début des sixties, assez ambitieux pour mélanger l'intime et la géopolitique, et pour s'attacher à un héros de plus en plus fantomatique. De ses brillantes études à Yale jusqu'à ses responsabilités au sommet de la CIA, Edward Wilson (Matt Damon) ne cessera de s'identifier à son pays, se négligeant lui-même. Si l'atmosphère nébuleuse de secret, de suspicion et de paranoïa culmine avec l'évocation de la guerre froide, le film insiste sur les tortures infligées en pure perte, les crimes commis par erreur et les bains de sang historiques, comme la tentative de renversement de Castro à Cuba en 1961. Selon cette vision radicalement pessimiste, la consécration professionnelle coïncide avec le stade ultime du dessèchement émotionnel et de l'isolement affectif. Le champion du contre-espionnage ne possède rien, sinon un titre qu'il ne peut faire valoir socialement, secret d'Etat oblige. La grande aventure se termine entre quatre murs tristes : la saga de la CIA se confond peu à peu avec la tragédie de l'employé modèle. — Louis Guichard

Année : 2006