Télévision : 20 novembre 2017 à 20:50-22:20 sur Arte

film : drame

Le bien et le mal dans un village empoisonné par une série de lettres anonymes. Le chef-d'œuvre de Clouzot, pessimiste et lucide. Tellement moderne… Critique : Film français de Henri-Georges Clouzot, en noir et blanc (1943). Précédente diffusion : mai 90. Le Dr Germain : Pierre Fresnay. Denise Saillens : Ginette Leclerc. Le Dr Vorzet : Pierre Larquey. Laura Vorzet : Micheline Francey. Marie Corbin : Héléna Manson. Le Dr Bertrand : Louis Seigner. Le sous-préfet : Pierre Bertin. La mercière : Jeanne Fusier-Gir. Bonnevil : Jean Brochard. Le cancéreux : Roger Blin. La mère du cancéreux : Sylvie. Fiche technique. Scénario : Louis Chavance. Dialogues : L. Chavance et H.-G. Clouzot. Images : Nicolas Hayer. Décors : André Andrejew. Montage : Marguerite Beaugé. Musique : Tony Aubin. Critiques parues dans TRA 1113, 1412 et 1931. Le genre. Etude de moeurs. L'histoire. Le Dr Germain, attaché à l'hôpital de Saint-Robin - mais étranger à cette petite ville -, est accusé, par des lettres anonymes, d'être l'amant de Laura, femme du psychiatre Vorzet, et de pratiquer des avortements. L'auteur des lettres, qui signe "Le corbeau", inonde Saint-Robin de ses missives ordurières, s'attaque à tout le monde et prétend faire oeuvre de justicier. Le suicide d'un malade de l'hôpital (le lit n¡ 13), auquel "Le corbeau" avait révélé qu'il était atteint d'un cancer, provoque une explosion de colère et de haine. Ce que j'en pense. S'inspirant d'une affaire qui s'était passée à Tulle, en 1922, Louis Chavance avait écrit, en 1937, un scénario déposé à la Société des auteurs de films sous le titre "L'oeil du serpent". Il y resta à l'état de projet. En 1943, le réalisateur Henri-Georges Clouzot reprit ce projet avec Chavance. Le film devint "Le corbeau" et fut produit par la Continental Films, firme créée à Paris, sous l'Occupation, avec des capitaux allemands et dirigée par un Allemand, Alfred Greven, qui s'était piqué de travailler pour la qualité artistique du cinéma français. De ce fait, la censure vichyssoise ne put y mettre le nez, et notre cinéma trouva là son chef-d'oeuvre de réalisme clinique pendant les années noires. Le procès intenté au film (un temps interdit) et à ses auteurs, à la Libération, montra que "Le corbeau" gênait toutes les "morales" par son refus du manichéisme (le bien et le mal se partagent en chacun de nous, c'est affaire de circonstances, explique le Dr Vorzet, dans une des scènes les plus célèbres) et le rappel indirect de dénonciations anonymes auxquels s'étaient, hélas, livrés pas mal de Français sous le régime de Vichy. Il s'est imposé, comme une grande oeuvre révélant l'univers et le style d'un grand metteur en scène. Clouzot a peint avec une extrême noirceur une société provinciale dont les bas-fonds marécageux remontent à la surface. La psychanalyse vient à l'appui de la chronique naturaliste (le rapport entre les infirmités physiques, les pulsions sexuelles et l'anonymographie). Le réalisateur avait assimilé, dans son langage cinématographique, les influences de Freud et de ses confrères Eric von Stroheim et Georg-Wilhem Pabst (ce n'était pas précisément fait pour plaire aux Allemands du IIIe Reich !). On reste toujours étonné et dramatiquement touché par la force des situations, de la réalisation et les admirables contre-emplois d'acteurs et d'actrices célèbres Jacques Siclier

Année : 1943