Télévision : 2 novembre 2017 à 01:20-03:55 sur Arte

film : drame

Monument de la littérature française, mis en scène par un monument du cinéma français (de papa). On croit à la sincérité de Claude Berri. On croit moins, hélas, à son talent épique et lyrique. - Critique : Film de Claude Berri (France, 1993). Scénario : C. Berri, Arlette Langmann, d'après Zola. Image : Yves Angelo. Musique : Jean-Louis Roques. 155 mn. Avec Renaud : Lantier. Gérard Depardieu : Maheu. Miou-Miou : la Maheude. Genre : petit Zola illustré. Il l'a dit et répété : dans une autre vie, Claude Berri aurait aimé être Etienne Lantier. A priori, c'est plutôt sympathique, un cinéaste qui ose dépenser cent soixante cinq millions de francs pour rappeler aux pauvres que les riches ne leur feront jamais de cadeau. Un type qui, en ces temps où la misère monte et l'indifférence à la misère aussi, rappelle que la classe ouvrière doit lutter, lutter encore et ne jamais cesser de lutter, afin que les lendemains qui chantent se pointent, enfin. A de brefs moments, on ressent, d'ailleurs, un petit frisson : notamment quand Berri filme la sortie des « jaunes », conspués par les grévistes. Frisson, oui. Embrasement, non. Parce qu'il manque au cinéaste les deux qualités essentielles pour réussir une épopée : le souffle et le lyrisme. En fait, tout se joue lorsque apparaît Bonnemort. Sous les traits du vieux mineur - soigneusement noircis par la maquilleuse -, on reconnaît vite le cher Jean Carmet. Et là, de deux choses l'une : si l'on oublie Carmet pour ne plus voir que Bonnemort, on accepte, alors, l'imagerie sagement efficace de Berri. Ou bien on ne voit que Carmet : Carmet déguisé en vieux mineur malade, plutôt bien déguisé, d'ailleurs, mais déguisé tout de même. Et dans ce cas, le film verse lentement, mais sûrement, dans l'artifice. Et dans l'académisme. Pierre Murat

Année : 1993