Télévision : 23 octobre 2017 à 13:35-15:40 sur Arte

film d'aventures

Le titre fait-il référence au duel qui opposa Marlene Dietrich, star d'Agent X 27, à Greta Garbo, vedette de Mata-Hari ? Les célèbres espionnes subliment les actrices. Ici, c'est Jeanne Moreau qui en profite : les beaux dialogues de Truffaut la magnifient. - Critique : Film de Jean-Louis Richard (France/Italie, 1965). Scénario : J.-L. Richard, François Truffaut. Image : Michel Kelber. Musique : Georges Delerue. 95 mn. NB. Avec Jeanne Moreau : Mata Hari. Jean-Louis Trintignant : Lassalle. Claude Rich : Julien. Franck Villard : Pelletier.
Genre : pour Jeanne.
Le titre est une fausse piste. Inutile de chercher ici la vérité historique sur la célèbre danseuse espionne qui, durant la guerre de 14-18, fut accusée de servir d'agent aux services du renseignement allemand. Ici, le débat toujours actuel (coupable ou non coupable ?) est délibé­rément ignoré par deux amoureux de Jeanne Moreau, dont le seul désir est de filmer passionnément une actrice en pleine gloire : Jean-Louis Richard (à la réalisation), son ex-mari, et François Truffaut, qui venait de la diriger dans Jules et Jim (crédité comme scénariste-dialoguiste).
Les deux hommes ont imaginé que c'est l'amour qui a mené Mata Hari au poteau d'exécution (elle fut fusillée en 1917 dans les fossés de Vincennes). On assiste donc à deux de ses missions, d'abord auprès d'un beau capitaine dont elle s'éprend, puis d'un colonel balourd dans un bunker. Le film touche par sa modestie. Il est inégal, avec des invraisemblances et des changements de ton, d'abord fantaisiste, avec une ambiance de roman-feuilleton Belle Epoque, puis lyrique et franchement tragi­que. Mais le « one-woman-show » de Jeanne Moreau est irréprochable, et on peut s'amuser à inventorier les signes qui renvoient à l'univers de Truffaut : Marie Dubois, amoureuse transie sur un quai de gare ; Charles Denner en bidasse, Albert Rémy (le papa des Quatre Cents Coups) dans une de ses dernières apparitions... Et, bien sûr, Jean-Pierre Léaud en fils de baronne exalté.
Bernard Génin

Année : 1965