Télévision : 18 mai 2018 à 22:55-23:55 sur Arte

documentaire : musique

La sortie, le 1er juin 1967, de «Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band», des Beatles, a bouleversé le monde de la pop music. En treize morceaux et 39 minutes, les «Fab Four» renouvelaient le concept même d'«album», jusqu'alors considéré comme une simple compilation de 45 tours. L'histoire en fil rouge d'une fanfare imaginaire et une constante inventivité sonore trouve son illustration visuelle avec la célèbre pochette où une cinquantaine de personnalités semblent prendre la pose à côtés des musiciens et de leurs effigies en carton. Enregistrée pendant cinq mois, portée par des textes énigmatiques et poétiques, cette oeuvre totale influencera un nombre incalculable d'artistes. Critique : C’est un album qu’on s’est remis des centaines de fois, alors pourquoi les mêmes frissons, encore, à la 827e écoute de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band ? C’est le secret des chefs-d’œuvre. Le genre de mystère qui taraude Howard Goodall, et qui pousse l’auteur-compositeur à scruter la genèse du disque dans ce documentaire ensorcelant. En novembre 1966, les Beatles se lassent des concerts où les cris des fans recouvrent le son des instruments. Pour arrêter de tourner en rond, ils s’enferment cinq mois dans leur studio d’Abbey Road, qu’ils transforment en laboratoire. En sortira l’album Sgt. Pepper’s…, impensable collage aux mille influences venues de plusieurs continents, irrésistible voyage à travers l’histoire de la musique. Fait rare pour l’époque, le disque est enregistré piste par piste, instrument par instrument. Cinquante ans plus tard, Howard Goodall joue aux archéologues, scrutant chaque détail des principaux morceaux du monument. Bidouillages de magnétophones, utilisations d’instruments classiques du xviiie, rôle du si bémol dans le psychédélisme de Lucy in the sky with diamonds… Cette plongée dans le processus de création des Fab Four est d’autant plus fascinante qu’elle permet de visualiser leur génie : parmi l’infinité de choix possibles, George Martin et ses hommes semblent toujours avoir fait le bon. Habile, Howard Goodall relie les sons à une histoire, celle que raconte l’album dans son ensemble et chaque titre en particulier, aux arcs narratifs parfois complexes. Technique mais très clair, le film se distingue aussi par son utilisation intelligente des archives et son audacieuse mise en images. Et donne envie de réécouter cet album mythique une 828e fois.

Année : 2017

De : Francis Hanley