Télévision : 22 mars 2018 à 22:50-01:05 sur NRJ 12

film de science-fiction

Tout est original dans ce film de science-fiction ambitieux et inventif, doublé d'une belle rêverie sur l'enfance. Critique : Bienvenue dans l'Amérique de 2044, figurée par... un champ de maïs. Un bon vieux champ de maïs, décor récurrent de ce film de science-fiction écrit et réalisé par Rian Johnson, qui avait déjà manifesté son originalité avec l'étonnant polar Brick (2005). S'il s'aventure dans le futur, c'est moins pour y filmer quelques motos volantes que pour laisser voyager son séduisant imaginaire de conteur. Au coin du champ de maïs, un tueur attend. C'est Joe (Joseph Gordon Levitt), un « looper » : il gagne sa vie en flinguant des types que la mafia lui envoie. Ils arrivent du futur et il les fait disparaître en 2044, pour ne laisser aucune trace d'eux. La boucle (loop en anglais) est bouclée. Mais un homme plus puissant que la mafia, surnommé « le faiseur de pluie », a décidé de faire éliminer chaque vieux looper par le jeune homme qu'il fut. Le Joe de 2044 voit donc débarquer un autre-lui même, plus vieux de trente ans mais coriace — c'est Bruce Willis... Comme le visage de Joseph Gordon Levitt, transformé par des prothèses pour lui donner un air de ressemblance (discutable) avec celui de Bruce Willis, Looper refaçonne la science-fiction en mêlant différents aspects du cinéma. Il y a du fun pétaradant, le voyage dans le temps comme fantaisie : la tendance Bruce Willis, en quelque sorte. Il y a aussi du raffinement, un plaisir plus cérébral, le futur comme trip qui a du style : la tendance Joseph Gordon Levitt. Ces deux façons de concevoir un film d'anticipation, Johnson réussit à les réunir au fil d'une rêverie sur l'enfance pleine d'étrangeté, sombre et brillante. Entre les deux Joe, un gosse fait le lien : l'un veut le tuer, l'autre reconnaît en lui le gamin abandonné qu'il fut. A chacun d'eux, il renvoie l'image d'une innocence perdue. Mais, pour le spectateur, c'est l'innocence retrouvée, grâce à la fraîcheur du regard d'un cinéaste avide de nouveauté, aussi audacieux que franc-tireur. — Frédéric Strauss

Année : 2012