Télévision : 15 décembre 2017 à 01:55-03:25 sur France 2

film : drame

Le rappeur Abd Al Malik remonte à son adolescence dans un quartier difficile. Le film est une sorte de petit frère de La Haine, qui n'échappe pas à certains tics de clip. Critique : Le titre annonce déjà ses intentions : faire vivre de concert l'islam et la France. Le rappeur reconnu Abd Al Malik retrace son itinéraire en adaptant lui-même son livre autobiographique. Il remonte à l'adolescence, lorsqu'il s'appelait encore Régis et vivait avec ses deux frères et leur mère dans un quartier difficile de Strasbourg, le ­Neuhof. Un univers plombé, sans autre issue que le rap, porteur d'énergie et d'espoir, et la délinquance, moyen de subsistance et d'intégration à un groupe. Régis (interprété par Marc Zinga) a la chance d'aimer les mots, la littérature. Le jour, il est bon élève, la nuit, il deale. Une double casquette difficile à porter longtemps. Avec son noir et blanc contrasté, ses cadrages graphiques, ses joutes oratoires incessantes, le film est une sorte de petit frère de La Haine. Il n'échappe pas au déjà-vu, à certains tics de clip. Abd Al Malik rend compte, malgré tout, des changements survenus depuis 1995 et le film de Kassovitz. D'abord en montrant les dégâts collatéraux du trafic de drogue, sans renchérir sur la violence, mise à distance à coups d'ellipses, de métaphores et d'allusions (jolie séquence où Régis vient rembourser le dealer en jogging qui l'a naguère aidé, devenu, entre-temps, un caïd en costume). Le film se distingue, surtout, grâce à sa dimension humaniste, en décrivant un cheminement personnel qui s'ouvre sur le monde. Ce que la prof de français clairvoyante (Mireille Périer) de Régis résume en expliquant à son protégé qu'il a su faire « un choix : celui d'aimer la vie ». — Jacques Morice

Année : 2014