Télévision : 10 novembre 2017 à 01:25-03:25 sur Canal +

film : thriller

Trois héroïnes de thriller dans une lutte au couteau pour la possession des images trash qu'on trouve sur Internet. La frontière entre réel et virtuel s'estompe, la virtuosité formelle ajoute au trouble. - Critique : Film d'Olivier Assayas (France, 2002). Image : Denis Lenoir. Musique : Sonic Youth. 129 mn. Avec Connie Nielsen : Diane. Charles Berling : Hervé. Chloë Sevigny : Elise. Gina Gershon : Elaine. Genre : Virée en enfer. Bienvenue dans le monde terrifiant des multinationales qui se disputent le pactole des images porno, mangas hard japonais et jeux vidéo en 3D pour adultes avertis. Une véritable guerre est déclenchée entre deux organisations cherchant à mettre la main sur une juteuse entreprise japonaise. On ne tardera pas à constater que, de part et d'autre, chacun(e) joue double jeu, trahit, manipule, piège et, à l'occasion, tue avec la même froide détermination. Le scénario, foisonnant de bifurcations et de coups fourrés, porte la marque d'un connaisseur éclairé du cinéma de genre. Mais Olivier Assayas tisse aussi une toile plus mystérieuse où un meurtre brutal, sanglant, pourrait bien n'être que le cauchemar de celle qui le commet, Diane, l'héroïne (superbement incarnée par Connie Nielsen). L'élégance plastique d'une mise en scène souvent fulgurante sert le propos central : dans la prolifération inouïe des images, la frontière entre réel et virtuel devient désormais quasi imperceptible. Le cinéaste ne se contente pas de dérouler une histoire - avec quelques rebondissements de trop qui l'embrouillent un peu -, il met lentement au jour l'horreur qui se tapit dans le thriller annoncé. Aux confins extrêmes du porno sur Internet, il y a l'enfer, résumé par ce site où se pratique la torture à mort, que l'on peut commander depuis son ordinateur. Assayas a le bon goût de ne pas chercher à défendre une thèse, mais il sonde et rend perceptible le vertige qui naît d'une dérive incontrôlable, menant à de ténébreuses perspectives. Troublant. Jean-Claude Loiseau

Année : 2002