Télévision : 18 octobre 2017 à 13:35-15:35 sur Arte

film fantastique

Un conte fantastique flamboyant, un hymne à l'amour fou, un poème surréaliste d'une extraordinaire puissance évocatrice. Incontournable. - Critique : Film de Michael Powell et Emeric Pressburger (A matter of life and death, G-B, 1946). Scénario : M. Powell et E. Pressburger. Image : Jack Cardiff. Musique : Allan Gray. 105 mn. VO. Avec David Niven : Peter Carter. Kim Hunter : June. Roger Livesey : Dr Reeves. Genre : immortaliser l'amour. Mai 45 : dans son avion en flammes, Peter Carter, chef d'escadrille de la Royal Air Force, entre en contact avec June, une jeune opératrice radio américaine. Flegmatique et charmant, il la bouleverse en lui confiant ses dernières pensées avant de sauter dans le vide puisque son parachute a brûlé. Il saute... mais reprend conscience, flottant à la surface de la mer. Un miracle ? Non, une erreur d'« aiguillage », comme le lui explique le messager céleste qui vient le récupérer un peu plus tard. Peter a une objection majeure : pendant ses heures de sursis, il a retrouvé June et ne veut plus la quitter. Il « fait appel »... D'une commande passée par le gouvernement britannique pour exalter la fraternité anglo-américaine, Michael Powell et Emeric Pressburger firent une ode à l'amour, la meilleure des pièces à conviction même dans un procès contre le Ciel. On pense à Lubitsch qui, trois ans avant, prétendait déjà que Le ciel peut attendre. Powell et Pressburger usent d'ailleurs, dans la description de l'« administration » céleste, du même humour que le grand Berlinois. Mais, grâce à un usage de la couleur inédit, merveilleux dans les deux sens du terme, ils transcendent le discours amoureux. A un au-delà monochrome ils opposent un ici-bas au Technicolor si flamboyant que la vie prend des contours fantastiques. Atteint d'une grave affection du cerveau, Carter n'est-il pas simplement victime d'hallucinations ? En entretenant sa confusion, Powell et Pressburger posent, en filigrane, la question du réel. On peut ainsi croire que la vie tient autant à la science d'un bistouri qu'à la magie d'une larme. Guillemette Olivier-Odicino

Année : 1946