Télévision : 8 octobre 2017 à 21:00-23:00 sur C8

film : drame

Une journaliste américaine qui vit en France enquête sur une petite fille qui, jadis, a survécu à la rafle du Vél'd’Hiv’… Film d’une pudeur extrême, à l’exacte frontière entre bons et beaux sentiments. Scott Thomas est superbe, comme d’habitude. - Critique : Rien de commun entre elles : pas la même vie, pas la même époque, pas le même destin. Juste un problème de choix : jadis, en un jour où la police française parquait les Juifs au Vél' d'Hiv, la petite Sarah (Mélusine Mayance, vue dans Ricky, de François Ozon) a fait le mauvais, dont elle ne s'est pas remise. Des années plus tard, en voulant la tirer de l'oubli, Julia, une journaliste américaine (Kristin Scott Thomas, intense), fait le bon, au risque de tout détruire autour d'elle... C'est donc, inspiré par le roman de Tatiana de Rosnay, un film sur la culpabilité que chacun éprouve devant ses actes. Et le pardon qu'on se refuse à soi-même, mais qu'on espère toujours des autres...

Un film simple et fort qu'a réalisé un cinéaste jusque-là inégal (Les Jolies Choses était pas mal, Gomez et Tavares et UV, deux catastrophes). Gilles Paquet-Brenner n'arrive pas à éviter totalement - mais le pouvait-il ? - l'artifice du scénario : ping-pong incessant et artificiel entre le passé et le présent. Chaque fois qu'il change d'époque, néanmoins, le cinéaste repart à la recherche de l'émotion perdue, qu'il retrouve, d'ailleurs, à force de pudeur et de retenue. Aucun débordement lacrymal - comme dans un récent film à succès - lors des scènes de rafle. Lorsque Sarah, après s'être évadée d'un camp avec une copine mourante, échoue chez un couple de paysans, on craint le pire, à commencer par le misérabilisme exotique de la « qualité France » des années 1950. Mais non : même Niels Arestrup, dont on connaît le goût pour l'outrance, reste jusqu'au bout étonnamment sobre.

Ce refus de l'effet facile se retrouve dans la lutte contre l'oubli qu'entame Julia-Kristin Scott Thomas. Là encore, lors­qu'ils se dévoilent, les secrets, chuchotés, deviennent étrangement ambigus : dans une voiture, par exemple, la con­fession de Michel Duchaussoy (génial) devient captivante par ce qu'elle révèle de petitesse et de grandeur chez un même être. A la fois digne de mépris, mais pas méprisable pour autant...

Le film est un mélo, un vrai, puisqu'il repose, comme le veut le genre, sur une faute dont chacun ne peut ou ne veut se défaire. C'est aussi un « film du samedi soir », avec ses drames, ses sacrifices, parfois même ses outrances, aussi invraisemblables qu'indispensables (le vieux fils - Aidan Quinn - apprenant soudain la vérité sur cette mère qu'il croyait connaître)... Bref, on est dans le cinéma humaniste à l'ancienne (et, peut-être, éternel). A la frontière exacte, en tout cas, entre bons et grands sentiments...

Année : 2010

De : Gilles Paquet-Brenner

Avec : Kristin Scott Thomas, James Gerard, Charlotte Poutrel, Natasha Mashkevich, Mélusine Mayance, Niels Arestrup, Frédéric Pierrot, Aidan Quinn, Arben Bajraktaraj, Gisèle Casadesus, Michel Duchaussoy, Dominique Frot