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Le Procès Goldman

Télévision : vendredi 19 avril à 13:39-15:32 sur Canal +

film : drame

En novembre 1975, Pierre Goldman, militant d'extrême gauche, se retrouve sur le banc des accusés pour des braquages à main armée. Au cours de l'un de ces hold-up, deux pharmaciennes ont été tuées. Un jeune avocat du nom de Georges Kiejman décide de prendre en main la défense de celui qui se définit comme un insoumis. Pendant son procès, Goldman reçoit le soutien de nombreux sympathisants de la gauche intellectuelle. Il ne cesse de clamer son innocence, mais son comportement provocateur crée des tensions entre Kiejman et lui. Cette situation ne facilite pas sa défense, alors même qu'il encourt la réclusion à perpétuité... - Critique : Un mois après Anatomie d’une chute, revoici un film de procès, tout aussi captivant, quoique fort différent. Il s’agit de Pierre Goldman (Arieh Worthalter, formidable de densité, ardeur et bile mêlées), légende maudite des années 1970, intellectuel et militant d’extrême gauche, écrivain et braqueur. En novembre 1976 s’ouvre à Paris son deuxième procès, retentissant, l’accusé faisant figure d’icône de la révolte. Dans le public, Simone Signoret et Régis Debray, ancien camarade de guérilla en Amérique du Sud, sont venus le soutenir. Condamné en première instance à la réclusion criminelle perpétuelle pour quatre braquages, Goldman en reconnaît trois, mais clame son innocence pour le quatrième, qui a entraîné la mort de deux pharmaciennes. Meilleur écrivain — à travers ses Mémoires, Souvenirs obscurs d’un Juif polonais né en France – que révolutionnaire, l’homme a vécu une existence aussi tumultueuse que piteuse, qui aurait facilement pu nourrir un biopic romanesque. Romanesque, le film ne l’est pas. Il est au contraire ferme et concret, tendu à l’extrême, jusqu’au verdict final. Cédric Kahn préfère s’en tenir au huis clos du second procès, qu’il reconstitue en prenant parfois quelques libertés, mais en restant fidèle à l’essentiel. Ce qui frappe d’emblée, c’est l’éloquence de Pierre Goldman, sa langue littéraire et percutante. Une verve cinglante qui lui permet d’assurer le spectacle, tout en se plaignant d’y être, dénigrant la pompe et le voyeurisme obscène inhérents au théâtre de la justice. L’idéaliste intransigeant ne se donne pas le beau rôle pour autant : il est le premier à faire son autocritique, à éclairer ses échecs, sa part suicidaire. Il devance les questions et les réponses, lui qui aurait préféré assurer lui-même sa défense. En tribun dialecticien un brin paranoïaque, il fait peu confiance à ses trois avocats, en particulier à maître Georges Kiejman (futur ténor du barreau, interprété très finement par Arthur Harari) qui n’est, à ses yeux, qu’un mondain avide de gloire. Une troublante résonance contemporaine Tourmenté et complexe, ce Goldman. Tellement qu’on ne sait plus très bien quoi penser de lui. Serait-il innocent comme il le prétend ? Nous voilà à la place délicate du juré : c’est le choix fort opéré par le réalisateur. Qui montre la nécessité du procès tout en pointant ses limites, la grande difficulté à saisir une vérité unique. Le film soulève des questions intemporelles, bien qu’il soit fortement ancré dans une période encore bouillonnante, sur le plan idéologique. Des passages témoignent de la grandeur et la décadence du militantisme d’extrême gauche, de ses dérives vers le banditisme. Pourtant, le film résonne aussi de manière troublante avec des préoccupations actuelles : sur les violences policières, le racisme, le mépris de classe, le sort de la minorité noire. Quand Pierre Goldman, dont la compagne et les amis sont noirs, dresse un parallèle d’oppression entre les Juifs et les Noirs et qu’il confie son rêve d’avoir des « enfants nègres au sang juif », il semble devancer de plusieurs décennies le combat actuel contre les discriminations. Sur ce thème de la judéité, le film passionne, au regard des répercussions de la Shoah sur les générations suivantes. L’héritage est écrasant pour Goldman, aux parents héroïques, immigrés juifs polonais, résistants communistes en France durant la Seconde Guerre mondiale. Le témoignage à la barre de son père (Jerzy Radziwilowicz, grand comédien révélé jadis par Andrzej Wajda) est poignant, tout comme celui du mari d’une des pharmaciennes tuées. Ne pas prendre parti, rendre sa dignité à chacun, voilà ce qui fait toute la force bouleversante de ce film qui n’accable ni ne défend le voyou révolutionnaire, personnage comme frappé par la malédiction d’être né trop tôt ou trop tard, de s’être trompé d’époque. Un raté torturé, dont l’échappatoire fut sans doute de transformer ses tourments en amour de la violence.

Année : 2023

Avec : Arieh Worthalter, Arthur Harari, Aurélien Chaussade, Chloé Lecerf, Christian Mazucchini, Didier Borga, Jeremy Lewin, Jerzy Radziwilowicz, Laetitia Masson, Nicolas Briançon, Stéphan Guérin-Tillié, Tshibangu Maxime

Avant-hier
 

Le Procès Goldman

Télévision : 17 avril à 00:15-02:08 sur Canal +

film : drame

En novembre 1975, Pierre Goldman, militant d'extrême gauche, se retrouve sur le banc des accusés pour des braquages à main armée. Au cours de l'un de ces hold-up, deux pharmaciennes ont été tuées. Un jeune avocat du nom de Georges Kiejman décide de prendre en main la défense de celui qui se définit comme un insoumis. Pendant son procès, Goldman reçoit le soutien de nombreux sympathisants de la gauche intellectuelle. Il ne cesse de clamer son innocence, mais son comportement provocateur crée des tensions entre Kiejman et lui. Cette situation ne facilite pas sa défense, alors même qu'il encourt la réclusion à perpétuité... - Critique : Un mois après Anatomie d’une chute, revoici un film de procès, tout aussi captivant, quoique fort différent. Il s’agit de Pierre Goldman (Arieh Worthalter, formidable de densité, ardeur et bile mêlées), légende maudite des années 1970, intellectuel et militant d’extrême gauche, écrivain et braqueur. En novembre 1976 s’ouvre à Paris son deuxième procès, retentissant, l’accusé faisant figure d’icône de la révolte. Dans le public, Simone Signoret et Régis Debray, ancien camarade de guérilla en Amérique du Sud, sont venus le soutenir. Condamné en première instance à la réclusion criminelle perpétuelle pour quatre braquages, Goldman en reconnaît trois, mais clame son innocence pour le quatrième, qui a entraîné la mort de deux pharmaciennes. Meilleur écrivain — à travers ses Mémoires, Souvenirs obscurs d’un Juif polonais né en France – que révolutionnaire, l’homme a vécu une existence aussi tumultueuse que piteuse, qui aurait facilement pu nourrir un biopic romanesque. Romanesque, le film ne l’est pas. Il est au contraire ferme et concret, tendu à l’extrême, jusqu’au verdict final. Cédric Kahn préfère s’en tenir au huis clos du second procès, qu’il reconstitue en prenant parfois quelques libertés, mais en restant fidèle à l’essentiel. Ce qui frappe d’emblée, c’est l’éloquence de Pierre Goldman, sa langue littéraire et percutante. Une verve cinglante qui lui permet d’assurer le spectacle, tout en se plaignant d’y être, dénigrant la pompe et le voyeurisme obscène inhérents au théâtre de la justice. L’idéaliste intransigeant ne se donne pas le beau rôle pour autant : il est le premier à faire son autocritique, à éclairer ses échecs, sa part suicidaire. Il devance les questions et les réponses, lui qui aurait préféré assurer lui-même sa défense. En tribun dialecticien un brin paranoïaque, il fait peu confiance à ses trois avocats, en particulier à maître Georges Kiejman (futur ténor du barreau, interprété très finement par Arthur Harari) qui n’est, à ses yeux, qu’un mondain avide de gloire. Une troublante résonance contemporaine Tourmenté et complexe, ce Goldman. Tellement qu’on ne sait plus très bien quoi penser de lui. Serait-il innocent comme il le prétend ? Nous voilà à la place délicate du juré : c’est le choix fort opéré par le réalisateur. Qui montre la nécessité du procès tout en pointant ses limites, la grande difficulté à saisir une vérité unique. Le film soulève des questions intemporelles, bien qu’il soit fortement ancré dans une période encore bouillonnante, sur le plan idéologique. Des passages témoignent de la grandeur et la décadence du militantisme d’extrême gauche, de ses dérives vers le banditisme. Pourtant, le film résonne aussi de manière troublante avec des préoccupations actuelles : sur les violences policières, le racisme, le mépris de classe, le sort de la minorité noire. Quand Pierre Goldman, dont la compagne et les amis sont noirs, dresse un parallèle d’oppression entre les Juifs et les Noirs et qu’il confie son rêve d’avoir des « enfants nègres au sang juif », il semble devancer de plusieurs décennies le combat actuel contre les discriminations. Sur ce thème de la judéité, le film passionne, au regard des répercussions de la Shoah sur les générations suivantes. L’héritage est écrasant pour Goldman, aux parents héroïques, immigrés juifs polonais, résistants communistes en France durant la Seconde Guerre mondiale. Le témoignage à la barre de son père (Jerzy Radziwilowicz, grand comédien révélé jadis par Andrzej Wajda) est poignant, tout comme celui du mari d’une des pharmaciennes tuées. Ne pas prendre parti, rendre sa dignité à chacun, voilà ce qui fait toute la force bouleversante de ce film qui n’accable ni ne défend le voyou révolutionnaire, personnage comme frappé par la malédiction d’être né trop tôt ou trop tard, de s’être trompé d’époque. Un raté torturé, dont l’échappatoire fut sans doute de transformer ses tourments en amour de la violence.

Année : 2023

Avec : Arieh Worthalter, Arthur Harari, Aurélien Chaussade, Chloé Lecerf, Christian Mazucchini, Didier Borga, Jeremy Lewin, Jerzy Radziwilowicz, Laetitia Masson, Nicolas Briançon, Stéphan Guérin-Tillié, Tshibangu Maxime

Récemment en avril
 

Le Procès Goldman

Télévision : 9 avril à 10:05-11:58 sur Canal +

film : drame

En novembre 1975, Pierre Goldman, militant d'extrême gauche, se retrouve sur le banc des accusés pour des braquages à main armée. Au cours de l'un de ces hold-up, deux pharmaciennes ont été tuées. Un jeune avocat du nom de Georges Kiejman décide de prendre en main la défense de celui qui se définit comme un insoumis. Pendant son procès, Goldman reçoit le soutien de nombreux sympathisants de la gauche intellectuelle. Il ne cesse de clamer son innocence, mais son comportement provocateur crée des tensions entre Kiejman et lui. Cette situation ne facilite pas sa défense, alors même qu'il encourt la réclusion à perpétuité... - Critique : Un mois après Anatomie d’une chute, revoici un film de procès, tout aussi captivant, quoique fort différent. Il s’agit de Pierre Goldman (Arieh Worthalter, formidable de densité, ardeur et bile mêlées), légende maudite des années 1970, intellectuel et militant d’extrême gauche, écrivain et braqueur. En novembre 1976 s’ouvre à Paris son deuxième procès, retentissant, l’accusé faisant figure d’icône de la révolte. Dans le public, Simone Signoret et Régis Debray, ancien camarade de guérilla en Amérique du Sud, sont venus le soutenir. Condamné en première instance à la réclusion criminelle perpétuelle pour quatre braquages, Goldman en reconnaît trois, mais clame son innocence pour le quatrième, qui a entraîné la mort de deux pharmaciennes. Meilleur écrivain — à travers ses Mémoires, Souvenirs obscurs d’un Juif polonais né en France – que révolutionnaire, l’homme a vécu une existence aussi tumultueuse que piteuse, qui aurait facilement pu nourrir un biopic romanesque. Romanesque, le film ne l’est pas. Il est au contraire ferme et concret, tendu à l’extrême, jusqu’au verdict final. Cédric Kahn préfère s’en tenir au huis clos du second procès, qu’il reconstitue en prenant parfois quelques libertés, mais en restant fidèle à l’essentiel. Ce qui frappe d’emblée, c’est l’éloquence de Pierre Goldman, sa langue littéraire et percutante. Une verve cinglante qui lui permet d’assurer le spectacle, tout en se plaignant d’y être, dénigrant la pompe et le voyeurisme obscène inhérents au théâtre de la justice. L’idéaliste intransigeant ne se donne pas le beau rôle pour autant : il est le premier à faire son autocritique, à éclairer ses échecs, sa part suicidaire. Il devance les questions et les réponses, lui qui aurait préféré assurer lui-même sa défense. En tribun dialecticien un brin paranoïaque, il fait peu confiance à ses trois avocats, en particulier à maître Georges Kiejman (futur ténor du barreau, interprété très finement par Arthur Harari) qui n’est, à ses yeux, qu’un mondain avide de gloire. Une troublante résonance contemporaine Tourmenté et complexe, ce Goldman. Tellement qu’on ne sait plus très bien quoi penser de lui. Serait-il innocent comme il le prétend ? Nous voilà à la place délicate du juré : c’est le choix fort opéré par le réalisateur. Qui montre la nécessité du procès tout en pointant ses limites, la grande difficulté à saisir une vérité unique. Le film soulève des questions intemporelles, bien qu’il soit fortement ancré dans une période encore bouillonnante, sur le plan idéologique. Des passages témoignent de la grandeur et la décadence du militantisme d’extrême gauche, de ses dérives vers le banditisme. Pourtant, le film résonne aussi de manière troublante avec des préoccupations actuelles : sur les violences policières, le racisme, le mépris de classe, le sort de la minorité noire. Quand Pierre Goldman, dont la compagne et les amis sont noirs, dresse un parallèle d’oppression entre les Juifs et les Noirs et qu’il confie son rêve d’avoir des « enfants nègres au sang juif », il semble devancer de plusieurs décennies le combat actuel contre les discriminations. Sur ce thème de la judéité, le film passionne, au regard des répercussions de la Shoah sur les générations suivantes. L’héritage est écrasant pour Goldman, aux parents héroïques, immigrés juifs polonais, résistants communistes en France durant la Seconde Guerre mondiale. Le témoignage à la barre de son père (Jerzy Radziwilowicz, grand comédien révélé jadis par Andrzej Wajda) est poignant, tout comme celui du mari d’une des pharmaciennes tuées. Ne pas prendre parti, rendre sa dignité à chacun, voilà ce qui fait toute la force bouleversante de ce film qui n’accable ni ne défend le voyou révolutionnaire, personnage comme frappé par la malédiction d’être né trop tôt ou trop tard, de s’être trompé d’époque. Un raté torturé, dont l’échappatoire fut sans doute de transformer ses tourments en amour de la violence.

Année : 2023

Avec : Arieh Worthalter, Arthur Harari, Aurélien Chaussade, Chloé Lecerf, Christian Mazucchini, Didier Borga, Jeremy Lewin, Jerzy Radziwilowicz, Laetitia Masson, Nicolas Briançon, Stéphan Guérin-Tillié, Tshibangu Maxime

Récemment en avril
 

Le Procès Goldman

Télévision : 8 avril à 16:18-18:11 sur Canal +

film : drame

En novembre 1975, Pierre Goldman, militant d'extrême gauche, se retrouve sur le banc des accusés pour des braquages à main armée. Au cours de l'un de ces hold-up, deux pharmaciennes ont été tuées. Un jeune avocat du nom de Georges Kiejman décide de prendre en main la défense de celui qui se définit comme un insoumis. Pendant son procès, Goldman reçoit le soutien de nombreux sympathisants de la gauche intellectuelle. Il ne cesse de clamer son innocence, mais son comportement provocateur crée des tensions entre Kiejman et lui. Cette situation ne facilite pas sa défense, alors même qu'il encourt la réclusion à perpétuité... - Critique : Un mois après Anatomie d’une chute, revoici un film de procès, tout aussi captivant, quoique fort différent. Il s’agit de Pierre Goldman (Arieh Worthalter, formidable de densité, ardeur et bile mêlées), légende maudite des années 1970, intellectuel et militant d’extrême gauche, écrivain et braqueur. En novembre 1976 s’ouvre à Paris son deuxième procès, retentissant, l’accusé faisant figure d’icône de la révolte. Dans le public, Simone Signoret et Régis Debray, ancien camarade de guérilla en Amérique du Sud, sont venus le soutenir. Condamné en première instance à la réclusion criminelle perpétuelle pour quatre braquages, Goldman en reconnaît trois, mais clame son innocence pour le quatrième, qui a entraîné la mort de deux pharmaciennes. Meilleur écrivain — à travers ses Mémoires, Souvenirs obscurs d’un Juif polonais né en France – que révolutionnaire, l’homme a vécu une existence aussi tumultueuse que piteuse, qui aurait facilement pu nourrir un biopic romanesque. Romanesque, le film ne l’est pas. Il est au contraire ferme et concret, tendu à l’extrême, jusqu’au verdict final. Cédric Kahn préfère s’en tenir au huis clos du second procès, qu’il reconstitue en prenant parfois quelques libertés, mais en restant fidèle à l’essentiel. Ce qui frappe d’emblée, c’est l’éloquence de Pierre Goldman, sa langue littéraire et percutante. Une verve cinglante qui lui permet d’assurer le spectacle, tout en se plaignant d’y être, dénigrant la pompe et le voyeurisme obscène inhérents au théâtre de la justice. L’idéaliste intransigeant ne se donne pas le beau rôle pour autant : il est le premier à faire son autocritique, à éclairer ses échecs, sa part suicidaire. Il devance les questions et les réponses, lui qui aurait préféré assurer lui-même sa défense. En tribun dialecticien un brin paranoïaque, il fait peu confiance à ses trois avocats, en particulier à maître Georges Kiejman (futur ténor du barreau, interprété très finement par Arthur Harari) qui n’est, à ses yeux, qu’un mondain avide de gloire. Une troublante résonance contemporaine Tourmenté et complexe, ce Goldman. Tellement qu’on ne sait plus très bien quoi penser de lui. Serait-il innocent comme il le prétend ? Nous voilà à la place délicate du juré : c’est le choix fort opéré par le réalisateur. Qui montre la nécessité du procès tout en pointant ses limites, la grande difficulté à saisir une vérité unique. Le film soulève des questions intemporelles, bien qu’il soit fortement ancré dans une période encore bouillonnante, sur le plan idéologique. Des passages témoignent de la grandeur et la décadence du militantisme d’extrême gauche, de ses dérives vers le banditisme. Pourtant, le film résonne aussi de manière troublante avec des préoccupations actuelles : sur les violences policières, le racisme, le mépris de classe, le sort de la minorité noire. Quand Pierre Goldman, dont la compagne et les amis sont noirs, dresse un parallèle d’oppression entre les Juifs et les Noirs et qu’il confie son rêve d’avoir des « enfants nègres au sang juif », il semble devancer de plusieurs décennies le combat actuel contre les discriminations. Sur ce thème de la judéité, le film passionne, au regard des répercussions de la Shoah sur les générations suivantes. L’héritage est écrasant pour Goldman, aux parents héroïques, immigrés juifs polonais, résistants communistes en France durant la Seconde Guerre mondiale. Le témoignage à la barre de son père (Jerzy Radziwilowicz, grand comédien révélé jadis par Andrzej Wajda) est poignant, tout comme celui du mari d’une des pharmaciennes tuées. Ne pas prendre parti, rendre sa dignité à chacun, voilà ce qui fait toute la force bouleversante de ce film qui n’accable ni ne défend le voyou révolutionnaire, personnage comme frappé par la malédiction d’être né trop tôt ou trop tard, de s’être trompé d’époque. Un raté torturé, dont l’échappatoire fut sans doute de transformer ses tourments en amour de la violence.

Année : 2023

Avec : Arieh Worthalter, Arthur Harari, Aurélien Chaussade, Chloé Lecerf, Christian Mazucchini, Didier Borga, Jeremy Lewin, Jerzy Radziwilowicz, Laetitia Masson, Nicolas Briançon, Stéphan Guérin-Tillié, Tshibangu Maxime