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Priscilla

Télévision : 13 septembre à 17:05-18:54 sur Canal +

film : biographie

1959. Le père de Priscilla Beaulieu, 14 ans, est affecté dans une base américaine en Allemagne. C'est là que l'adolescente fait la connaissance du chanteur Elvis Presley, qui accomplit son service militaire. Elvis tombe follement amoureux de Priscilla. Lorsqu'à la fin de son service, il rentre aux Etats-Unis, Priscilla est persuadée qu'elle n'entendra plus jamais parler de lui. Pourtant, en 1962, le chanteur la recontacte et l'invite pour des vacances à Memphis. Un an plus tard, Elvis parvient à convaincre les parents de Priscilla, d'abord réticents et inquiets, de la laisser s'installer aux Etats-Unis. La jeune fille fréquente une école catholique voisine du domaine de Graceland. Elvis, lui, est souvent absent... - Critique : On aura beau dire, la taille, ça compte. Mieux : ça raconte, et dès lors, le casting de Priscilla vaut discours. L’Américaine Cailee Spaeny, à qui le rôle-titre a valu un prix d’interprétation à la dernière Mostra de Venise, culmine à 1,52 mètre, quand son partenaire Jacob Elordi, acteur australien révélé par la série Euphoria, plane à 1,96 mètre. Sofia Coppola n’a pas seulement succombé à leur talent éclatant, à l’élégance embarrassée du garçon sexy ou à la douceur innocente de la fille aux joues moelleuses ; elle a saisi ces corps aux antipodes, puis cadré leur disharmonie incarnée. Ainsi, à chaque fois qu’Elvis se penche sur sa très petite amie, à chaque plan qui le voit courber son immense silhouette sur une puce à talons aiguilles, le film susurre l’asymétrie — physique, mais pas seulement. Ou comment démystifier, par l’image assassine, la légendaire love story du King et de son unique épouse. Sur cette histoire connue, la réalisatrice adopte le point de vue exclusif de Priscilla Presley, exposé dans son livre Elvis et moi en 1985. Soit, au début, le rêve devenu réalité d’une collégienne de 14 printemps qui rencontre le roi du rock dans la morne Allemagne de 1959 où il achève son service militaire. « Tu es un bébé », sourit-il du haut de ses 24 ans. Ils ont le mal du pays. Il parle, elle écoute. Il s’inquiète, elle rassure. À l’insu des parents dépassés, de chastes baisers scellent l’idylle, sans oublier une prière à la vierge : « Tu me promets que tu resteras telle que tu es ? » La star rentrée au bercail, l’élue patiente, tandis que défilent les pages de magazines et de calendriers, les pochettes de disques, les bibelots de chambre d’ado. Du pur Sofia Coppola, souveraine dans l’art de traduire le temps suspendu, l’ennui des salles de classe et des cocons pastel, pas moins experte lorsqu’il s’agit d’accélérer le tempo : trois ans ont passé, un coup de fil et un billet d’avion transportent l’amoureuse en son futur royaume, Graceland. Des sœurs Lisbon de Virgin Suicides (2000) aux pensionnaires de Nicole Kidman dans Les Proies (2017), la cinéaste a-t-elle jamais filmé autre chose que des captives ? En l’occurrence, Priscilla rappelle tellement sa Marie-Antoinette (2006) que l’on jurerait avoir affaire à un diptyque. À la différence de la roturière texane, la noble autrichienne n’avait pas choisi sa cage dorée, mais leur extrême jeunesse, leur apprentissage forcé des codes en vigueur, chacune en son palais, chacune à son époque, dessinent un destin commun — excepté l’échafaud, bien sûr. Jusqu’à l’impuissance de leurs conjoints respectifs… Car Elvis, qui excitait les foules par la puissance évocatrice de ses déhanchés dans le biopic de Baz Luhrmann, en 2022, se révèle aussi peu porté sur la bagatelle que Louis XVI. Quitte à rabrouer le désir de sa dulcinée : « Ne t’emballe pas. Tu dois me laisser décider quand ce sera le moment. » Malgré sa pratique du grooming, terme désignant la manipulation, le façonnage d’une jeune personne à son goût, Presley n’est pas croqué en prédateur sexuel, plutôt en égoïste immature, un rien bêta, lui-même soumis à un colonel invisible — son manager. À une scène d’ébats proprement dite, Sofia Coppola, bien inspirée, préfère d’ailleurs la suggestion stylisée : les amants s’amusent à se photographier, Priscilla arborant diverses tenues de pin-up, soubrette et autres clichés, avant une bataille d’oreillers qui dégénère. « Je ne veux pas jouer avec un putain de mec ! » crie le mâle vexé au « bébé », sonné par sa violence. Non, il veut une femme conforme, décorative, gardienne du foyer, disponible chaque fois qu’il la sonne ou qu’il fait la fête — d’où les amphétamines au saut du lit les jours de lycée, détail sordide dont la répétition prend un tour glaçant. Le chic pour marier les couleurs Dans Virgin Suicides, le journal intime de Cecilia Lisbon laissait entrevoir aux garçons du quartier « l’emprisonnement que c’est d’être une fille, qui vous oblige à réfléchir et à rêver, et finit par vous apprendre à marier les couleurs. Nous apprîmes que les filles sont des femmes déguisées, qu’elles comprennent l’amour et même la mort ». De fait, Sofia Coppola a toujours le chic pour marier les couleurs. Elle faisait chatoyer les étoffes acidulées et les chaussures aux tons de bonbons à Versailles et multiplie, à Memphis, les plans serrés sur la transformation cosmétique d’une poupée vivante. Vernis, faux cils, bigoudis et laque, choucroutes démentes évoquant les perruques du XVIIIᵉ siècle… Sophistication grotesque de la gosse cantonnée au paraître et au néant. « Ta couleur, c’est le bleu », tranche le pygmalion à banane lors d’une séquence de shopping façon Pretty Woman où c’est le man qui décide. Et lui offre, summum du kitsch de droite, des flingues assortis à ses robes. Il n’empêche, cette histoire moderne est celle d’une héroïne qui avance — motif entêtant du film, Priscilla en mouvement dans des couloirs, de lycée ou d’hôtel, marchant face caméra vers son avenir. Dans ce cinéma de luxueux lieux clos, de palaces japonais (Lost in Translation, 2003), de faux château californien (Somewhere, 2011) et de maisons coloniales engrillées, il y a les personnages qui (s’en) sortent et ceux qui (de)meurent. Tirant le meilleur d’un rôle chiche en dialogues, Cailee Spaeny, remarquée dans la série Mare of Easttown avec Kate Winslet, compose finement une Priscilla cultivée sous cloche — dans le grand salon blanc de Graceland, la solitude semble aussi épaisse que la moquette — mais qui n’en pense pas moins. Elvis renvoyé au second plan, une fois n’est pas coutume, c’est elle que l’on regarde grandir et se débarrasser de son déguisement. Cheveux lâchés, visage nu, enfin, une femme apparaît. Retrouvez en vidéo l’avis de notre critiques Reine de la BOPas bavarde (qui l’écouterait ?), la Priscilla de Sofia Coppola laisse parler les tubes : Venus, de Frankie Avalon et ses accords aériens pour dire le rêve éveillé, la ritournelle de Crimson and Clover, de Tommy James and The Shondells, idéale sur l’éclosion de l’amour… Rien d’aussi radical et anachronique, toutefois, que les hits rock qui secouaient Marie-Antoinette de leur énergie juvénile. Réputée pour la qualité de ses BO, la cinéaste, compagne de Thomas Mars du groupe Phoenix, à l’œuvre ici pour la musique originale, n’a pas eu accès aux succès d’Elvis Presley — contrairement à Baz Luhrmann l’an dernier. On croit bien distinguer, à un moment, quelques notes de Love Me Tender au piano, mais ce contrechamp au biopic du King épouse, jusqu’au bout, les goûts et les états d’âme d’une jeune fille de son temps.

Année : 2023

Avec : Ari Cohen, Austin Ball, Beirne Dan, Cailee Spaeny, Dagmara Dominczyk, Dan Abramovici, Jacob Elordi, Lynne Griffin, Olivia Barrett, Post Tim, Rodrigo Fernandez-Stoll, Stephanie Moore

Mardi dernier
 

Priscilla

Télévision : 10 septembre à 00:40-02:29 sur Canal +

film : biographie

1959. Le père de Priscilla Beaulieu, 14 ans, est affecté dans une base américaine en Allemagne. C'est là que l'adolescente fait la connaissance du chanteur Elvis Presley, qui accomplit son service militaire. Elvis tombe follement amoureux de Priscilla. Lorsqu'à la fin de son service, il rentre aux Etats-Unis, Priscilla est persuadée qu'elle n'entendra plus jamais parler de lui. Pourtant, en 1962, le chanteur la recontacte et l'invite pour des vacances à Memphis. Un an plus tard, Elvis parvient à convaincre les parents de Priscilla, d'abord réticents et inquiets, de la laisser s'installer aux Etats-Unis. La jeune fille fréquente une école catholique voisine du domaine de Graceland. Elvis, lui, est souvent absent... - Critique : On aura beau dire, la taille, ça compte. Mieux : ça raconte, et dès lors, le casting de Priscilla vaut discours. L’Américaine Cailee Spaeny, à qui le rôle-titre a valu un prix d’interprétation à la dernière Mostra de Venise, culmine à 1,52 mètre, quand son partenaire Jacob Elordi, acteur australien révélé par la série Euphoria, plane à 1,96 mètre. Sofia Coppola n’a pas seulement succombé à leur talent éclatant, à l’élégance embarrassée du garçon sexy ou à la douceur innocente de la fille aux joues moelleuses ; elle a saisi ces corps aux antipodes, puis cadré leur disharmonie incarnée. Ainsi, à chaque fois qu’Elvis se penche sur sa très petite amie, à chaque plan qui le voit courber son immense silhouette sur une puce à talons aiguilles, le film susurre l’asymétrie — physique, mais pas seulement. Ou comment démystifier, par l’image assassine, la légendaire love story du King et de son unique épouse. Sur cette histoire connue, la réalisatrice adopte le point de vue exclusif de Priscilla Presley, exposé dans son livre Elvis et moi en 1985. Soit, au début, le rêve devenu réalité d’une collégienne de 14 printemps qui rencontre le roi du rock dans la morne Allemagne de 1959 où il achève son service militaire. « Tu es un bébé », sourit-il du haut de ses 24 ans. Ils ont le mal du pays. Il parle, elle écoute. Il s’inquiète, elle rassure. À l’insu des parents dépassés, de chastes baisers scellent l’idylle, sans oublier une prière à la vierge : « Tu me promets que tu resteras telle que tu es ? » La star rentrée au bercail, l’élue patiente, tandis que défilent les pages de magazines et de calendriers, les pochettes de disques, les bibelots de chambre d’ado. Du pur Sofia Coppola, souveraine dans l’art de traduire le temps suspendu, l’ennui des salles de classe et des cocons pastel, pas moins experte lorsqu’il s’agit d’accélérer le tempo : trois ans ont passé, un coup de fil et un billet d’avion transportent l’amoureuse en son futur royaume, Graceland. Des sœurs Lisbon de Virgin Suicides (2000) aux pensionnaires de Nicole Kidman dans Les Proies (2017), la cinéaste a-t-elle jamais filmé autre chose que des captives ? En l’occurrence, Priscilla rappelle tellement sa Marie-Antoinette (2006) que l’on jurerait avoir affaire à un diptyque. À la différence de la roturière texane, la noble autrichienne n’avait pas choisi sa cage dorée, mais leur extrême jeunesse, leur apprentissage forcé des codes en vigueur, chacune en son palais, chacune à son époque, dessinent un destin commun — excepté l’échafaud, bien sûr. Jusqu’à l’impuissance de leurs conjoints respectifs… Car Elvis, qui excitait les foules par la puissance évocatrice de ses déhanchés dans le biopic de Baz Luhrmann, en 2022, se révèle aussi peu porté sur la bagatelle que Louis XVI. Quitte à rabrouer le désir de sa dulcinée : « Ne t’emballe pas. Tu dois me laisser décider quand ce sera le moment. » Malgré sa pratique du grooming, terme désignant la manipulation, le façonnage d’une jeune personne à son goût, Presley n’est pas croqué en prédateur sexuel, plutôt en égoïste immature, un rien bêta, lui-même soumis à un colonel invisible — son manager. À une scène d’ébats proprement dite, Sofia Coppola, bien inspirée, préfère d’ailleurs la suggestion stylisée : les amants s’amusent à se photographier, Priscilla arborant diverses tenues de pin-up, soubrette et autres clichés, avant une bataille d’oreillers qui dégénère. « Je ne veux pas jouer avec un putain de mec ! » crie le mâle vexé au « bébé », sonné par sa violence. Non, il veut une femme conforme, décorative, gardienne du foyer, disponible chaque fois qu’il la sonne ou qu’il fait la fête — d’où les amphétamines au saut du lit les jours de lycée, détail sordide dont la répétition prend un tour glaçant. Le chic pour marier les couleurs Dans Virgin Suicides, le journal intime de Cecilia Lisbon laissait entrevoir aux garçons du quartier « l’emprisonnement que c’est d’être une fille, qui vous oblige à réfléchir et à rêver, et finit par vous apprendre à marier les couleurs. Nous apprîmes que les filles sont des femmes déguisées, qu’elles comprennent l’amour et même la mort ». De fait, Sofia Coppola a toujours le chic pour marier les couleurs. Elle faisait chatoyer les étoffes acidulées et les chaussures aux tons de bonbons à Versailles et multiplie, à Memphis, les plans serrés sur la transformation cosmétique d’une poupée vivante. Vernis, faux cils, bigoudis et laque, choucroutes démentes évoquant les perruques du XVIIIᵉ siècle… Sophistication grotesque de la gosse cantonnée au paraître et au néant. « Ta couleur, c’est le bleu », tranche le pygmalion à banane lors d’une séquence de shopping façon Pretty Woman où c’est le man qui décide. Et lui offre, summum du kitsch de droite, des flingues assortis à ses robes. Il n’empêche, cette histoire moderne est celle d’une héroïne qui avance — motif entêtant du film, Priscilla en mouvement dans des couloirs, de lycée ou d’hôtel, marchant face caméra vers son avenir. Dans ce cinéma de luxueux lieux clos, de palaces japonais (Lost in Translation, 2003), de faux château californien (Somewhere, 2011) et de maisons coloniales engrillées, il y a les personnages qui (s’en) sortent et ceux qui (de)meurent. Tirant le meilleur d’un rôle chiche en dialogues, Cailee Spaeny, remarquée dans la série Mare of Easttown avec Kate Winslet, compose finement une Priscilla cultivée sous cloche — dans le grand salon blanc de Graceland, la solitude semble aussi épaisse que la moquette — mais qui n’en pense pas moins. Elvis renvoyé au second plan, une fois n’est pas coutume, c’est elle que l’on regarde grandir et se débarrasser de son déguisement. Cheveux lâchés, visage nu, enfin, une femme apparaît. Retrouvez en vidéo l’avis de notre critiques Reine de la BOPas bavarde (qui l’écouterait ?), la Priscilla de Sofia Coppola laisse parler les tubes : Venus, de Frankie Avalon et ses accords aériens pour dire le rêve éveillé, la ritournelle de Crimson and Clover, de Tommy James and The Shondells, idéale sur l’éclosion de l’amour… Rien d’aussi radical et anachronique, toutefois, que les hits rock qui secouaient Marie-Antoinette de leur énergie juvénile. Réputée pour la qualité de ses BO, la cinéaste, compagne de Thomas Mars du groupe Phoenix, à l’œuvre ici pour la musique originale, n’a pas eu accès aux succès d’Elvis Presley — contrairement à Baz Luhrmann l’an dernier. On croit bien distinguer, à un moment, quelques notes de Love Me Tender au piano, mais ce contrechamp au biopic du King épouse, jusqu’au bout, les goûts et les états d’âme d’une jeune fille de son temps.

Année : 2023

Avec : Ari Cohen, Austin Ball, Beirne Dan, Cailee Spaeny, Dagmara Dominczyk, Dan Abramovici, Jacob Elordi, Lynne Griffin, Olivia Barrett, Post Tim, Rodrigo Fernandez-Stoll, Stephanie Moore

Mardi dernier
 

Priscilla

Télévision : 10 septembre à 00:07-01:56 sur Canal +

film : biographie

1959. Le père de Priscilla Beaulieu, 14 ans, est affecté dans une base américaine en Allemagne. C'est là que l'adolescente fait la connaissance du chanteur Elvis Presley, qui accomplit son service militaire. Elvis tombe follement amoureux de Priscilla. Lorsqu'à la fin de son service, il rentre aux Etats-Unis, Priscilla est persuadée qu'elle n'entendra plus jamais parler de lui. Pourtant, en 1962, le chanteur la recontacte et l'invite pour des vacances à Memphis. Un an plus tard, Elvis parvient à convaincre les parents de Priscilla, d'abord réticents et inquiets, de la laisser s'installer aux Etats-Unis. La jeune fille fréquente une école catholique voisine du domaine de Graceland. Elvis, lui, est souvent absent... - Critique : On aura beau dire, la taille, ça compte. Mieux : ça raconte, et dès lors, le casting de Priscilla vaut discours. L’Américaine Cailee Spaeny, à qui le rôle-titre a valu un prix d’interprétation à la dernière Mostra de Venise, culmine à 1,52 mètre, quand son partenaire Jacob Elordi, acteur australien révélé par la série Euphoria, plane à 1,96 mètre. Sofia Coppola n’a pas seulement succombé à leur talent éclatant, à l’élégance embarrassée du garçon sexy ou à la douceur innocente de la fille aux joues moelleuses ; elle a saisi ces corps aux antipodes, puis cadré leur disharmonie incarnée. Ainsi, à chaque fois qu’Elvis se penche sur sa très petite amie, à chaque plan qui le voit courber son immense silhouette sur une puce à talons aiguilles, le film susurre l’asymétrie — physique, mais pas seulement. Ou comment démystifier, par l’image assassine, la légendaire love story du King et de son unique épouse. Sur cette histoire connue, la réalisatrice adopte le point de vue exclusif de Priscilla Presley, exposé dans son livre Elvis et moi en 1985. Soit, au début, le rêve devenu réalité d’une collégienne de 14 printemps qui rencontre le roi du rock dans la morne Allemagne de 1959 où il achève son service militaire. « Tu es un bébé », sourit-il du haut de ses 24 ans. Ils ont le mal du pays. Il parle, elle écoute. Il s’inquiète, elle rassure. À l’insu des parents dépassés, de chastes baisers scellent l’idylle, sans oublier une prière à la vierge : « Tu me promets que tu resteras telle que tu es ? » La star rentrée au bercail, l’élue patiente, tandis que défilent les pages de magazines et de calendriers, les pochettes de disques, les bibelots de chambre d’ado. Du pur Sofia Coppola, souveraine dans l’art de traduire le temps suspendu, l’ennui des salles de classe et des cocons pastel, pas moins experte lorsqu’il s’agit d’accélérer le tempo : trois ans ont passé, un coup de fil et un billet d’avion transportent l’amoureuse en son futur royaume, Graceland. Des sœurs Lisbon de Virgin Suicides (2000) aux pensionnaires de Nicole Kidman dans Les Proies (2017), la cinéaste a-t-elle jamais filmé autre chose que des captives ? En l’occurrence, Priscilla rappelle tellement sa Marie-Antoinette (2006) que l’on jurerait avoir affaire à un diptyque. À la différence de la roturière texane, la noble autrichienne n’avait pas choisi sa cage dorée, mais leur extrême jeunesse, leur apprentissage forcé des codes en vigueur, chacune en son palais, chacune à son époque, dessinent un destin commun — excepté l’échafaud, bien sûr. Jusqu’à l’impuissance de leurs conjoints respectifs… Car Elvis, qui excitait les foules par la puissance évocatrice de ses déhanchés dans le biopic de Baz Luhrmann, en 2022, se révèle aussi peu porté sur la bagatelle que Louis XVI. Quitte à rabrouer le désir de sa dulcinée : « Ne t’emballe pas. Tu dois me laisser décider quand ce sera le moment. » Malgré sa pratique du grooming, terme désignant la manipulation, le façonnage d’une jeune personne à son goût, Presley n’est pas croqué en prédateur sexuel, plutôt en égoïste immature, un rien bêta, lui-même soumis à un colonel invisible — son manager. À une scène d’ébats proprement dite, Sofia Coppola, bien inspirée, préfère d’ailleurs la suggestion stylisée : les amants s’amusent à se photographier, Priscilla arborant diverses tenues de pin-up, soubrette et autres clichés, avant une bataille d’oreillers qui dégénère. « Je ne veux pas jouer avec un putain de mec ! » crie le mâle vexé au « bébé », sonné par sa violence. Non, il veut une femme conforme, décorative, gardienne du foyer, disponible chaque fois qu’il la sonne ou qu’il fait la fête — d’où les amphétamines au saut du lit les jours de lycée, détail sordide dont la répétition prend un tour glaçant. Le chic pour marier les couleurs Dans Virgin Suicides, le journal intime de Cecilia Lisbon laissait entrevoir aux garçons du quartier « l’emprisonnement que c’est d’être une fille, qui vous oblige à réfléchir et à rêver, et finit par vous apprendre à marier les couleurs. Nous apprîmes que les filles sont des femmes déguisées, qu’elles comprennent l’amour et même la mort ». De fait, Sofia Coppola a toujours le chic pour marier les couleurs. Elle faisait chatoyer les étoffes acidulées et les chaussures aux tons de bonbons à Versailles et multiplie, à Memphis, les plans serrés sur la transformation cosmétique d’une poupée vivante. Vernis, faux cils, bigoudis et laque, choucroutes démentes évoquant les perruques du XVIIIᵉ siècle… Sophistication grotesque de la gosse cantonnée au paraître et au néant. « Ta couleur, c’est le bleu », tranche le pygmalion à banane lors d’une séquence de shopping façon Pretty Woman où c’est le man qui décide. Et lui offre, summum du kitsch de droite, des flingues assortis à ses robes. Il n’empêche, cette histoire moderne est celle d’une héroïne qui avance — motif entêtant du film, Priscilla en mouvement dans des couloirs, de lycée ou d’hôtel, marchant face caméra vers son avenir. Dans ce cinéma de luxueux lieux clos, de palaces japonais (Lost in Translation, 2003), de faux château californien (Somewhere, 2011) et de maisons coloniales engrillées, il y a les personnages qui (s’en) sortent et ceux qui (de)meurent. Tirant le meilleur d’un rôle chiche en dialogues, Cailee Spaeny, remarquée dans la série Mare of Easttown avec Kate Winslet, compose finement une Priscilla cultivée sous cloche — dans le grand salon blanc de Graceland, la solitude semble aussi épaisse que la moquette — mais qui n’en pense pas moins. Elvis renvoyé au second plan, une fois n’est pas coutume, c’est elle que l’on regarde grandir et se débarrasser de son déguisement. Cheveux lâchés, visage nu, enfin, une femme apparaît. Retrouvez en vidéo l’avis de notre critiques Reine de la BOPas bavarde (qui l’écouterait ?), la Priscilla de Sofia Coppola laisse parler les tubes : Venus, de Frankie Avalon et ses accords aériens pour dire le rêve éveillé, la ritournelle de Crimson and Clover, de Tommy James and The Shondells, idéale sur l’éclosion de l’amour… Rien d’aussi radical et anachronique, toutefois, que les hits rock qui secouaient Marie-Antoinette de leur énergie juvénile. Réputée pour la qualité de ses BO, la cinéaste, compagne de Thomas Mars du groupe Phoenix, à l’œuvre ici pour la musique originale, n’a pas eu accès aux succès d’Elvis Presley — contrairement à Baz Luhrmann l’an dernier. On croit bien distinguer, à un moment, quelques notes de Love Me Tender au piano, mais ce contrechamp au biopic du King épouse, jusqu’au bout, les goûts et les états d’âme d’une jeune fille de son temps.

Année : 2023

Avec : Ari Cohen, Austin Ball, Beirne Dan, Cailee Spaeny, Dagmara Dominczyk, Dan Abramovici, Jacob Elordi, Lynne Griffin, Olivia Barrett, Post Tim, Rodrigo Fernandez-Stoll, Stephanie Moore

Récemment en septembre
 

Le mytho, Just Go With It

Télévision : 6 septembre à 23:00-01:08 sur TF1 Séries Films

film : comédie

Chirurgien plastique, Danny Maccabee possède un truc infaillible pour séduire les femmes sans avoir à s'engager. Seule son assistante, Katherine, est au courant. Le jour où Danny rencontre Palmer, et qu'il tombe sous son charme, il doit faire appel à Katherine pour qu'elle endosse le rôle de son ancienne épouse, prenant le nom d'une ancienne camarade d'université, Devlin Adams. Ce qui devait n'être qu'un petit artifice se complique fortement quand Palmer souhaite rencontrer les enfants de Danny et que tous se retrouvent en route pour des vacances à Hawaii. Sur place, Katherine croise la véritable Devlin, auprès de qui elle se fait passer pour l'épouse légitime de Danny... - Critique : Ah, l'amour ! Jamais là où on l'attend... sauf dans les comédies romantiques holly­woodiennes. Un chirurgien esthé­tique allergique au mariage (le « mytho » du titre) et sa fidèle assistante sont bien les seuls à ne pas savoir qu'ils finiront ensemble, sur une plage de Hawaii, au terme d'un scénario plus artificiel que la bobine botoxée d'un patient du héros - un des rares bons gags du film. Tout repose donc sur les comédiens, qui jouent cette love story éculée comme si c'était la première. Jennifer Aniston retrouve un peu de son peps d'antan, époque Friends. Adam Sandler reste sobre et vrai, malgré son personnage de carton-pâte. Nicole Kidman, star curieusement égarée dans un mini-second rôle de peste caricaturale, ne peut pas en dire autant.

Année : 2011

De : Dennis Dugan

Avec : Adam Sandler, Allen Covert, Bailee Madison, Brooklyn Decker, Dave Matthews, Griffin Gluck, Jennifer Aniston, Keegan-Michael Key, Kevin Nealon, Nick Swardson, Nicole Kidman, Rachel Dratch

Récemment en septembre
 

Priscilla

Télévision : 5 septembre à 08:10-10:00 sur Canal +

film : biographie

1959. Le père de Priscilla Beaulieu, 14 ans, est affecté dans une base américaine en Allemagne. C'est là que l'adolescente fait la connaissance du chanteur Elvis Presley, qui accomplit son service militaire. Elvis tombe follement amoureux de Priscilla. Lorsqu'à la fin de son service, il rentre aux Etats-Unis, Priscilla est persuadée qu'elle n'entendra plus jamais parler de lui. Pourtant, en 1962, le chanteur la recontacte et l'invite pour des vacances à Memphis. Un an plus tard, Elvis parvient à convaincre les parents de Priscilla, d'abord réticents et inquiets, de la laisser s'installer aux Etats-Unis. La jeune fille fréquente une école catholique voisine du domaine de Graceland. Elvis, lui, est souvent absent... - Critique : On aura beau dire, la taille, ça compte. Mieux : ça raconte, et dès lors, le casting de Priscilla vaut discours. L’Américaine Cailee Spaeny, à qui le rôle-titre a valu un prix d’interprétation à la dernière Mostra de Venise, culmine à 1,52 mètre, quand son partenaire Jacob Elordi, acteur australien révélé par la série Euphoria, plane à 1,96 mètre. Sofia Coppola n’a pas seulement succombé à leur talent éclatant, à l’élégance embarrassée du garçon sexy ou à la douceur innocente de la fille aux joues moelleuses ; elle a saisi ces corps aux antipodes, puis cadré leur disharmonie incarnée. Ainsi, à chaque fois qu’Elvis se penche sur sa très petite amie, à chaque plan qui le voit courber son immense silhouette sur une puce à talons aiguilles, le film susurre l’asymétrie — physique, mais pas seulement. Ou comment démystifier, par l’image assassine, la légendaire love story du King et de son unique épouse. Sur cette histoire connue, la réalisatrice adopte le point de vue exclusif de Priscilla Presley, exposé dans son livre Elvis et moi en 1985. Soit, au début, le rêve devenu réalité d’une collégienne de 14 printemps qui rencontre le roi du rock dans la morne Allemagne de 1959 où il achève son service militaire. « Tu es un bébé », sourit-il du haut de ses 24 ans. Ils ont le mal du pays. Il parle, elle écoute. Il s’inquiète, elle rassure. À l’insu des parents dépassés, de chastes baisers scellent l’idylle, sans oublier une prière à la vierge : « Tu me promets que tu resteras telle que tu es ? » La star rentrée au bercail, l’élue patiente, tandis que défilent les pages de magazines et de calendriers, les pochettes de disques, les bibelots de chambre d’ado. Du pur Sofia Coppola, souveraine dans l’art de traduire le temps suspendu, l’ennui des salles de classe et des cocons pastel, pas moins experte lorsqu’il s’agit d’accélérer le tempo : trois ans ont passé, un coup de fil et un billet d’avion transportent l’amoureuse en son futur royaume, Graceland. Des sœurs Lisbon de Virgin Suicides (2000) aux pensionnaires de Nicole Kidman dans Les Proies (2017), la cinéaste a-t-elle jamais filmé autre chose que des captives ? En l’occurrence, Priscilla rappelle tellement sa Marie-Antoinette (2006) que l’on jurerait avoir affaire à un diptyque. À la différence de la roturière texane, la noble autrichienne n’avait pas choisi sa cage dorée, mais leur extrême jeunesse, leur apprentissage forcé des codes en vigueur, chacune en son palais, chacune à son époque, dessinent un destin commun — excepté l’échafaud, bien sûr. Jusqu’à l’impuissance de leurs conjoints respectifs… Car Elvis, qui excitait les foules par la puissance évocatrice de ses déhanchés dans le biopic de Baz Luhrmann, en 2022, se révèle aussi peu porté sur la bagatelle que Louis XVI. Quitte à rabrouer le désir de sa dulcinée : « Ne t’emballe pas. Tu dois me laisser décider quand ce sera le moment. » Malgré sa pratique du grooming, terme désignant la manipulation, le façonnage d’une jeune personne à son goût, Presley n’est pas croqué en prédateur sexuel, plutôt en égoïste immature, un rien bêta, lui-même soumis à un colonel invisible — son manager. À une scène d’ébats proprement dite, Sofia Coppola, bien inspirée, préfère d’ailleurs la suggestion stylisée : les amants s’amusent à se photographier, Priscilla arborant diverses tenues de pin-up, soubrette et autres clichés, avant une bataille d’oreillers qui dégénère. « Je ne veux pas jouer avec un putain de mec ! » crie le mâle vexé au « bébé », sonné par sa violence. Non, il veut une femme conforme, décorative, gardienne du foyer, disponible chaque fois qu’il la sonne ou qu’il fait la fête — d’où les amphétamines au saut du lit les jours de lycée, détail sordide dont la répétition prend un tour glaçant. Le chic pour marier les couleurs Dans Virgin Suicides, le journal intime de Cecilia Lisbon laissait entrevoir aux garçons du quartier « l’emprisonnement que c’est d’être une fille, qui vous oblige à réfléchir et à rêver, et finit par vous apprendre à marier les couleurs. Nous apprîmes que les filles sont des femmes déguisées, qu’elles comprennent l’amour et même la mort ». De fait, Sofia Coppola a toujours le chic pour marier les couleurs. Elle faisait chatoyer les étoffes acidulées et les chaussures aux tons de bonbons à Versailles et multiplie, à Memphis, les plans serrés sur la transformation cosmétique d’une poupée vivante. Vernis, faux cils, bigoudis et laque, choucroutes démentes évoquant les perruques du XVIIIᵉ siècle… Sophistication grotesque de la gosse cantonnée au paraître et au néant. « Ta couleur, c’est le bleu », tranche le pygmalion à banane lors d’une séquence de shopping façon Pretty Woman où c’est le man qui décide. Et lui offre, summum du kitsch de droite, des flingues assortis à ses robes. Il n’empêche, cette histoire moderne est celle d’une héroïne qui avance — motif entêtant du film, Priscilla en mouvement dans des couloirs, de lycée ou d’hôtel, marchant face caméra vers son avenir. Dans ce cinéma de luxueux lieux clos, de palaces japonais (Lost in Translation, 2003), de faux château californien (Somewhere, 2011) et de maisons coloniales engrillées, il y a les personnages qui (s’en) sortent et ceux qui (de)meurent. Tirant le meilleur d’un rôle chiche en dialogues, Cailee Spaeny, remarquée dans la série Mare of Easttown avec Kate Winslet, compose finement une Priscilla cultivée sous cloche — dans le grand salon blanc de Graceland, la solitude semble aussi épaisse que la moquette — mais qui n’en pense pas moins. Elvis renvoyé au second plan, une fois n’est pas coutume, c’est elle que l’on regarde grandir et se débarrasser de son déguisement. Cheveux lâchés, visage nu, enfin, une femme apparaît. Retrouvez en vidéo l’avis de notre critiques Reine de la BOPas bavarde (qui l’écouterait ?), la Priscilla de Sofia Coppola laisse parler les tubes : Venus, de Frankie Avalon et ses accords aériens pour dire le rêve éveillé, la ritournelle de Crimson and Clover, de Tommy James and The Shondells, idéale sur l’éclosion de l’amour… Rien d’aussi radical et anachronique, toutefois, que les hits rock qui secouaient Marie-Antoinette de leur énergie juvénile. Réputée pour la qualité de ses BO, la cinéaste, compagne de Thomas Mars du groupe Phoenix, à l’œuvre ici pour la musique originale, n’a pas eu accès aux succès d’Elvis Presley — contrairement à Baz Luhrmann l’an dernier. On croit bien distinguer, à un moment, quelques notes de Love Me Tender au piano, mais ce contrechamp au biopic du King épouse, jusqu’au bout, les goûts et les états d’âme d’une jeune fille de son temps.

Année : 2023

Avec : Ari Cohen, Austin Ball, Beirne Dan, Cailee Spaeny, Dagmara Dominczyk, Dan Abramovici, Jacob Elordi, Lynne Griffin, Olivia Barrett, Post Tim, Rodrigo Fernandez-Stoll, Stephanie Moore

Récemment en septembre
 

Priscilla

Télévision : 3 septembre à 23:29-01:19 sur Canal +

film : biographie

1959. Le père de Priscilla Beaulieu, 14 ans, est affecté dans une base américaine en Allemagne. C'est là que l'adolescente fait la connaissance du chanteur Elvis Presley, qui accomplit son service militaire. Elvis tombe follement amoureux de Priscilla. Lorsqu'à la fin de son service, il rentre aux Etats-Unis, Priscilla est persuadée qu'elle n'entendra plus jamais parler de lui. Pourtant, en 1962, le chanteur la recontacte et l'invite pour des vacances à Memphis. Un an plus tard, Elvis parvient à convaincre les parents de Priscilla, d'abord réticents et inquiets, de la laisser s'installer aux Etats-Unis. La jeune fille fréquente une école catholique voisine du domaine de Graceland. Elvis, lui, est souvent absent... - Critique : On aura beau dire, la taille, ça compte. Mieux : ça raconte, et dès lors, le casting de Priscilla vaut discours. L’Américaine Cailee Spaeny, à qui le rôle-titre a valu un prix d’interprétation à la dernière Mostra de Venise, culmine à 1,52 mètre, quand son partenaire Jacob Elordi, acteur australien révélé par la série Euphoria, plane à 1,96 mètre. Sofia Coppola n’a pas seulement succombé à leur talent éclatant, à l’élégance embarrassée du garçon sexy ou à la douceur innocente de la fille aux joues moelleuses ; elle a saisi ces corps aux antipodes, puis cadré leur disharmonie incarnée. Ainsi, à chaque fois qu’Elvis se penche sur sa très petite amie, à chaque plan qui le voit courber son immense silhouette sur une puce à talons aiguilles, le film susurre l’asymétrie — physique, mais pas seulement. Ou comment démystifier, par l’image assassine, la légendaire love story du King et de son unique épouse. Sur cette histoire connue, la réalisatrice adopte le point de vue exclusif de Priscilla Presley, exposé dans son livre Elvis et moi en 1985. Soit, au début, le rêve devenu réalité d’une collégienne de 14 printemps qui rencontre le roi du rock dans la morne Allemagne de 1959 où il achève son service militaire. « Tu es un bébé », sourit-il du haut de ses 24 ans. Ils ont le mal du pays. Il parle, elle écoute. Il s’inquiète, elle rassure. À l’insu des parents dépassés, de chastes baisers scellent l’idylle, sans oublier une prière à la vierge : « Tu me promets que tu resteras telle que tu es ? » La star rentrée au bercail, l’élue patiente, tandis que défilent les pages de magazines et de calendriers, les pochettes de disques, les bibelots de chambre d’ado. Du pur Sofia Coppola, souveraine dans l’art de traduire le temps suspendu, l’ennui des salles de classe et des cocons pastel, pas moins experte lorsqu’il s’agit d’accélérer le tempo : trois ans ont passé, un coup de fil et un billet d’avion transportent l’amoureuse en son futur royaume, Graceland. Des sœurs Lisbon de Virgin Suicides (2000) aux pensionnaires de Nicole Kidman dans Les Proies (2017), la cinéaste a-t-elle jamais filmé autre chose que des captives ? En l’occurrence, Priscilla rappelle tellement sa Marie-Antoinette (2006) que l’on jurerait avoir affaire à un diptyque. À la différence de la roturière texane, la noble autrichienne n’avait pas choisi sa cage dorée, mais leur extrême jeunesse, leur apprentissage forcé des codes en vigueur, chacune en son palais, chacune à son époque, dessinent un destin commun — excepté l’échafaud, bien sûr. Jusqu’à l’impuissance de leurs conjoints respectifs… Car Elvis, qui excitait les foules par la puissance évocatrice de ses déhanchés dans le biopic de Baz Luhrmann, en 2022, se révèle aussi peu porté sur la bagatelle que Louis XVI. Quitte à rabrouer le désir de sa dulcinée : « Ne t’emballe pas. Tu dois me laisser décider quand ce sera le moment. » Malgré sa pratique du grooming, terme désignant la manipulation, le façonnage d’une jeune personne à son goût, Presley n’est pas croqué en prédateur sexuel, plutôt en égoïste immature, un rien bêta, lui-même soumis à un colonel invisible — son manager. À une scène d’ébats proprement dite, Sofia Coppola, bien inspirée, préfère d’ailleurs la suggestion stylisée : les amants s’amusent à se photographier, Priscilla arborant diverses tenues de pin-up, soubrette et autres clichés, avant une bataille d’oreillers qui dégénère. « Je ne veux pas jouer avec un putain de mec ! » crie le mâle vexé au « bébé », sonné par sa violence. Non, il veut une femme conforme, décorative, gardienne du foyer, disponible chaque fois qu’il la sonne ou qu’il fait la fête — d’où les amphétamines au saut du lit les jours de lycée, détail sordide dont la répétition prend un tour glaçant. Le chic pour marier les couleurs Dans Virgin Suicides, le journal intime de Cecilia Lisbon laissait entrevoir aux garçons du quartier « l’emprisonnement que c’est d’être une fille, qui vous oblige à réfléchir et à rêver, et finit par vous apprendre à marier les couleurs. Nous apprîmes que les filles sont des femmes déguisées, qu’elles comprennent l’amour et même la mort ». De fait, Sofia Coppola a toujours le chic pour marier les couleurs. Elle faisait chatoyer les étoffes acidulées et les chaussures aux tons de bonbons à Versailles et multiplie, à Memphis, les plans serrés sur la transformation cosmétique d’une poupée vivante. Vernis, faux cils, bigoudis et laque, choucroutes démentes évoquant les perruques du XVIIIᵉ siècle… Sophistication grotesque de la gosse cantonnée au paraître et au néant. « Ta couleur, c’est le bleu », tranche le pygmalion à banane lors d’une séquence de shopping façon Pretty Woman où c’est le man qui décide. Et lui offre, summum du kitsch de droite, des flingues assortis à ses robes. Il n’empêche, cette histoire moderne est celle d’une héroïne qui avance — motif entêtant du film, Priscilla en mouvement dans des couloirs, de lycée ou d’hôtel, marchant face caméra vers son avenir. Dans ce cinéma de luxueux lieux clos, de palaces japonais (Lost in Translation, 2003), de faux château californien (Somewhere, 2011) et de maisons coloniales engrillées, il y a les personnages qui (s’en) sortent et ceux qui (de)meurent. Tirant le meilleur d’un rôle chiche en dialogues, Cailee Spaeny, remarquée dans la série Mare of Easttown avec Kate Winslet, compose finement une Priscilla cultivée sous cloche — dans le grand salon blanc de Graceland, la solitude semble aussi épaisse que la moquette — mais qui n’en pense pas moins. Elvis renvoyé au second plan, une fois n’est pas coutume, c’est elle que l’on regarde grandir et se débarrasser de son déguisement. Cheveux lâchés, visage nu, enfin, une femme apparaît. Retrouvez en vidéo l’avis de notre critiques Reine de la BOPas bavarde (qui l’écouterait ?), la Priscilla de Sofia Coppola laisse parler les tubes : Venus, de Frankie Avalon et ses accords aériens pour dire le rêve éveillé, la ritournelle de Crimson and Clover, de Tommy James and The Shondells, idéale sur l’éclosion de l’amour… Rien d’aussi radical et anachronique, toutefois, que les hits rock qui secouaient Marie-Antoinette de leur énergie juvénile. Réputée pour la qualité de ses BO, la cinéaste, compagne de Thomas Mars du groupe Phoenix, à l’œuvre ici pour la musique originale, n’a pas eu accès aux succès d’Elvis Presley — contrairement à Baz Luhrmann l’an dernier. On croit bien distinguer, à un moment, quelques notes de Love Me Tender au piano, mais ce contrechamp au biopic du King épouse, jusqu’au bout, les goûts et les états d’âme d’une jeune fille de son temps.

Année : 2023

Avec : Ari Cohen, Austin Ball, Beirne Dan, Cailee Spaeny, Dagmara Dominczyk, Dan Abramovici, Jacob Elordi, Lynne Griffin, Olivia Barrett, Post Tim, Rodrigo Fernandez-Stoll, Stephanie Moore

Récemment en septembre
 

Priscilla

Télévision : 2 septembre à 14:58-16:48 sur Canal +

film : biographie

1959. Le père de Priscilla Beaulieu, 14 ans, est affecté dans une base américaine en Allemagne. C'est là que l'adolescente fait la connaissance du chanteur Elvis Presley, qui accomplit son service militaire. Elvis tombe follement amoureux de Priscilla. Lorsqu'à la fin de son service, il rentre aux Etats-Unis, Priscilla est persuadée qu'elle n'entendra plus jamais parler de lui. Pourtant, en 1962, le chanteur la recontacte et l'invite pour des vacances à Memphis. Un an plus tard, Elvis parvient à convaincre les parents de Priscilla, d'abord réticents et inquiets, de la laisser s'installer aux Etats-Unis. La jeune fille fréquente une école catholique voisine du domaine de Graceland. Elvis, lui, est souvent absent... - Critique : On aura beau dire, la taille, ça compte. Mieux : ça raconte, et dès lors, le casting de Priscilla vaut discours. L’Américaine Cailee Spaeny, à qui le rôle-titre a valu un prix d’interprétation à la dernière Mostra de Venise, culmine à 1,52 mètre, quand son partenaire Jacob Elordi, acteur australien révélé par la série Euphoria, plane à 1,96 mètre. Sofia Coppola n’a pas seulement succombé à leur talent éclatant, à l’élégance embarrassée du garçon sexy ou à la douceur innocente de la fille aux joues moelleuses ; elle a saisi ces corps aux antipodes, puis cadré leur disharmonie incarnée. Ainsi, à chaque fois qu’Elvis se penche sur sa très petite amie, à chaque plan qui le voit courber son immense silhouette sur une puce à talons aiguilles, le film susurre l’asymétrie — physique, mais pas seulement. Ou comment démystifier, par l’image assassine, la légendaire love story du King et de son unique épouse. Sur cette histoire connue, la réalisatrice adopte le point de vue exclusif de Priscilla Presley, exposé dans son livre Elvis et moi en 1985. Soit, au début, le rêve devenu réalité d’une collégienne de 14 printemps qui rencontre le roi du rock dans la morne Allemagne de 1959 où il achève son service militaire. « Tu es un bébé », sourit-il du haut de ses 24 ans. Ils ont le mal du pays. Il parle, elle écoute. Il s’inquiète, elle rassure. À l’insu des parents dépassés, de chastes baisers scellent l’idylle, sans oublier une prière à la vierge : « Tu me promets que tu resteras telle que tu es ? » La star rentrée au bercail, l’élue patiente, tandis que défilent les pages de magazines et de calendriers, les pochettes de disques, les bibelots de chambre d’ado. Du pur Sofia Coppola, souveraine dans l’art de traduire le temps suspendu, l’ennui des salles de classe et des cocons pastel, pas moins experte lorsqu’il s’agit d’accélérer le tempo : trois ans ont passé, un coup de fil et un billet d’avion transportent l’amoureuse en son futur royaume, Graceland. Des sœurs Lisbon de Virgin Suicides (2000) aux pensionnaires de Nicole Kidman dans Les Proies (2017), la cinéaste a-t-elle jamais filmé autre chose que des captives ? En l’occurrence, Priscilla rappelle tellement sa Marie-Antoinette (2006) que l’on jurerait avoir affaire à un diptyque. À la différence de la roturière texane, la noble autrichienne n’avait pas choisi sa cage dorée, mais leur extrême jeunesse, leur apprentissage forcé des codes en vigueur, chacune en son palais, chacune à son époque, dessinent un destin commun — excepté l’échafaud, bien sûr. Jusqu’à l’impuissance de leurs conjoints respectifs… Car Elvis, qui excitait les foules par la puissance évocatrice de ses déhanchés dans le biopic de Baz Luhrmann, en 2022, se révèle aussi peu porté sur la bagatelle que Louis XVI. Quitte à rabrouer le désir de sa dulcinée : « Ne t’emballe pas. Tu dois me laisser décider quand ce sera le moment. » Malgré sa pratique du grooming, terme désignant la manipulation, le façonnage d’une jeune personne à son goût, Presley n’est pas croqué en prédateur sexuel, plutôt en égoïste immature, un rien bêta, lui-même soumis à un colonel invisible — son manager. À une scène d’ébats proprement dite, Sofia Coppola, bien inspirée, préfère d’ailleurs la suggestion stylisée : les amants s’amusent à se photographier, Priscilla arborant diverses tenues de pin-up, soubrette et autres clichés, avant une bataille d’oreillers qui dégénère. « Je ne veux pas jouer avec un putain de mec ! » crie le mâle vexé au « bébé », sonné par sa violence. Non, il veut une femme conforme, décorative, gardienne du foyer, disponible chaque fois qu’il la sonne ou qu’il fait la fête — d’où les amphétamines au saut du lit les jours de lycée, détail sordide dont la répétition prend un tour glaçant. Le chic pour marier les couleurs Dans Virgin Suicides, le journal intime de Cecilia Lisbon laissait entrevoir aux garçons du quartier « l’emprisonnement que c’est d’être une fille, qui vous oblige à réfléchir et à rêver, et finit par vous apprendre à marier les couleurs. Nous apprîmes que les filles sont des femmes déguisées, qu’elles comprennent l’amour et même la mort ». De fait, Sofia Coppola a toujours le chic pour marier les couleurs. Elle faisait chatoyer les étoffes acidulées et les chaussures aux tons de bonbons à Versailles et multiplie, à Memphis, les plans serrés sur la transformation cosmétique d’une poupée vivante. Vernis, faux cils, bigoudis et laque, choucroutes démentes évoquant les perruques du XVIIIᵉ siècle… Sophistication grotesque de la gosse cantonnée au paraître et au néant. « Ta couleur, c’est le bleu », tranche le pygmalion à banane lors d’une séquence de shopping façon Pretty Woman où c’est le man qui décide. Et lui offre, summum du kitsch de droite, des flingues assortis à ses robes. Il n’empêche, cette histoire moderne est celle d’une héroïne qui avance — motif entêtant du film, Priscilla en mouvement dans des couloirs, de lycée ou d’hôtel, marchant face caméra vers son avenir. Dans ce cinéma de luxueux lieux clos, de palaces japonais (Lost in Translation, 2003), de faux château californien (Somewhere, 2011) et de maisons coloniales engrillées, il y a les personnages qui (s’en) sortent et ceux qui (de)meurent. Tirant le meilleur d’un rôle chiche en dialogues, Cailee Spaeny, remarquée dans la série Mare of Easttown avec Kate Winslet, compose finement une Priscilla cultivée sous cloche — dans le grand salon blanc de Graceland, la solitude semble aussi épaisse que la moquette — mais qui n’en pense pas moins. Elvis renvoyé au second plan, une fois n’est pas coutume, c’est elle que l’on regarde grandir et se débarrasser de son déguisement. Cheveux lâchés, visage nu, enfin, une femme apparaît. Retrouvez en vidéo l’avis de notre critiques Reine de la BOPas bavarde (qui l’écouterait ?), la Priscilla de Sofia Coppola laisse parler les tubes : Venus, de Frankie Avalon et ses accords aériens pour dire le rêve éveillé, la ritournelle de Crimson and Clover, de Tommy James and The Shondells, idéale sur l’éclosion de l’amour… Rien d’aussi radical et anachronique, toutefois, que les hits rock qui secouaient Marie-Antoinette de leur énergie juvénile. Réputée pour la qualité de ses BO, la cinéaste, compagne de Thomas Mars du groupe Phoenix, à l’œuvre ici pour la musique originale, n’a pas eu accès aux succès d’Elvis Presley — contrairement à Baz Luhrmann l’an dernier. On croit bien distinguer, à un moment, quelques notes de Love Me Tender au piano, mais ce contrechamp au biopic du King épouse, jusqu’au bout, les goûts et les états d’âme d’une jeune fille de son temps.

Année : 2023

Avec : Ari Cohen, Austin Ball, Beirne Dan, Cailee Spaeny, Dagmara Dominczyk, Dan Abramovici, Jacob Elordi, Lynne Griffin, Olivia Barrett, Post Tim, Rodrigo Fernandez-Stoll, Stephanie Moore

Récemment en juillet
 

Aquaman

Netflix : 25 juillet

Personnage légendaire depuis 70 ans, Aquaman est le Roi des Sept Mers, régnant à contrecœur sur Atlantis. Pris en étau entre les Terriens qui détruisent constamment la mer et les habitants d'Atlantis prêts à se révolter, Aquaman doit protéger la planète tout entière…

De : James Wan

Avec : Jason Momoa, Amber Heard, Willem Dafoe, Patrick Wilson, Nicole Kidman, Dolph Lundgren, Yahya Abdul-Mateen II

Récemment en juillet
 

Boy Erased

Netflix : 25 juillet

La vie de Jared vole en éclats alors qu'il n'a que 19 ans, le jour où il annonce à ses parents qu'il préfère les garçons. La petite communauté rurale dont le père est pasteur va alors lui tourner le dos, l'obligeant à suivre une thérapie de conversion. Seul, avec sa mère pour unique soutien, il va faire face à son « thérapeute » pour découvrir et finalement assumer qui il est vraiment.

De : Joel Edgerton

Avec : Lucas Hedges, Nicole Kidman, Russell Crowe, Joel Edgerton, Joe Alwyn, Xavier Dolan, Troye Sivan

Récemment en juillet
 

Les Proies

Netflix : 25 juillet

La vie d’un pensionnat de jeunes filles dans l’Etat de Virginie en 1864. Alors que la guerre civile fait rage, le pensionnat pour jeunes filles de Miss Martha Farnsworth reste totalement coupé du monde – jusqu’à ce qu’à proximité, soit découverte un soldat blessé que le pensionnat va héberger.

De : Sofia Coppola

Avec : Colin Farrell, Nicole Kidman, Kirsten Dunst, Elle Fanning, Oona Laurence, Angourie Rice, Addison Riecke

Récemment en juillet
 

Les Autres

Netflix : 25 juillet

En 1945, la Seconde Guerre mondiale est terminée mais le mari de Grace, parti combattre, n'est pas revenu du front. Dans une immense demeure victorienne isolée sur l'île de Jersey, cette jeune femme pieuse élève seule ses deux enfants, Anne et Nicholas, selon les principes stricts de sa religion. Atteints d'un mal étrange, ces derniers ne peuvent être exposés à la lumière du jour. Ils vivent donc reclus dans ce manoir qui doit constamment rester dans l'obscurité. Lorsque trois nouveaux domestiques viennent habiter avec Grace et ses enfants, ils doivent se plier à une règle vitale : aucune porte ne doit être ouverte avant que la précédente n'ait été fermée. Pourtant, quelqu'un va désobéir à cet ordre. Dès lors, Grace, ses enfants et tous ceux qui les entourent devront en subir les conséquences.

De : Alejandro Amenábar

Avec : Nicole Kidman, Christopher Eccleston, Alakina Mann, James Bentley, Fionnula Flanagan, Eric Sykes, Elaine Cassidy

Récemment en juillet
 

Les Dessous de la famille

Netflix : 22 juillet

Une romance surprenante entraîne des conséquences majeures pour une jeune femme, sa mère et son patron, star de cinéma.

De : Richard LaGravenese

Avec : Nicole Kidman, Zac Efron, Joey King, Kathy Bates, Liza Koshy, Sherry Cola

Récemment en juin
 

The Hours

Netflix : 7 juin

Dans la banlieue de Londres, au début des années vingt, Virginia Woolf lutte contre la folie qui la guette. Elle entame l'écriture de son grand roman, Mrs Dalloway. Plus de vingt ans après, à Los Angeles, Laura Brown lit cet ouvrage : une expérience si forte qu'elle songe à changer radicalement de vie. A New York, aujourd'hui, Clarissa Vaughn, version moderne de Mrs Dalloway, soutient Richard, un ami poète atteint du sida. Comment ces histoires vont-elles se rejoindre, comment ces trois femmes vont-elles former une seule et même chaîne ? La littérature est si puissante qu'un chef-d’œuvre peut, par-delà les époques, modifier irrévocablement l'existence de celles qui le côtoient.

De : Stephen Daldry

Avec : Julianne Moore, Nicole Kidman, Meryl Streep, Stephen Dillane, Miranda Richardson, George Loftus, Charley Ramm

Récemment en juin
 

Malice

Prime Video : 1er juin

Andy et Tracy ont la belle vie, jusqu'à l'arrivée du Dr Jed Hill qui, non content de déplaire à la jeune femme, pratique sur elle en urgence et en accord avec Andy, l'ablation de ses ovaires. Le pauvre Andy n'est pas au bout de ses peines : Tracy le rend responsable de ses malheurs et le quitte, et la police le soupçonne d'être un tueur...

De : Harold Becker

Avec : Alec Baldwin, Nicole Kidman, Bill Pullman, Bebe Neuwirth, George C Scott, Anne Bancroft, Peter Gallagher

Récemment en mai
 
Récemment en mai
 

Les Autres - Blu-ray

DVD/Blu-ray : 2 mai

Editeur : Studiocanal

Année : 2001

De : Alejandro Amenábar

Avec : Nicole Kidman, Fionnula Flanagan, Christopher Eccleston, Alakina Mann, James Bentley, Eric Sykes, Elaine Cassidy, Renée Asherson, Michelle Fairley

Récemment en mai
 

Aquaman et le Royaume perdu (Exclusivité FNAC ...

DVD/Blu-ray : 1er mai

Editeur : Warner Bros. Entertainment France

Année : 2023

De : James Wan

Avec : Jason Momoa, Ben Affleck, Patrick Wilson, Yahya Abdul-Mateen II, Dolph Lundgren, Temuera Morrison, Nicole Kidman, Jani Zhao, Amber Heard, Pilou Asbæk

Récemment en mai
 

Aquaman et le Royaume perdu (Édition Exclusive ...

DVD/Blu-ray : 1er mai

Editeur : Warner Bros. Entertainment France

Année : 2023

De : James Wan

Avec : Jason Momoa, Ben Affleck, Patrick Wilson, Yahya Abdul-Mateen II, Dolph Lundgren, Temuera Morrison, Nicole Kidman, Jani Zhao, Amber Heard, Pilou Asbæk

Récemment en mai
 

Aquaman et le Royaume perdu (Édition Exclusive ...

DVD/Blu-ray : 1er mai

Editeur : Warner Bros. Entertainment France

Année : 2023

De : James Wan

Avec : Jason Momoa, Ben Affleck, Patrick Wilson, Yahya Abdul-Mateen II, Dolph Lundgren, Temuera Morrison, Nicole Kidman, Jani Zhao, Amber Heard, Pilou Asbæk

Récemment en mai
 

Aquaman et le Royaume perdu (Édition limitée ...

DVD/Blu-ray : 1er mai

Editeur : Warner Bros. Entertainment France

Année : 2023

De : James Wan

Avec : Jason Momoa, Ben Affleck, Patrick Wilson, Yahya Abdul-Mateen II, Dolph Lundgren, Temuera Morrison, Nicole Kidman, Jani Zhao, Amber Heard, Pilou Asbæk

Récemment en mai
 

Aquaman + Aquaman et le Royaume perdu - Blu-ray

DVD/Blu-ray : 1er mai

Editeur : Warner Bros. Entertainment France

De : James Wan

Avec : Jason Momoa, Amber Heard, Willem Dafoe, Patrick Wilson, Nicole Kidman, Dolph Lundgren, Yahya Abdul-Mateen II, Temuera Morrison, Ludi Lin, Michael Beach, Randall Park, Graham McTavish, Ben Affleck, Jani Zhao, Pilou Asbæk

Récemment en mai
 

Aquaman + Aquaman et le Royaume perdu - DVD

DVD/Blu-ray : 1er mai

Editeur : Warner Bros. Entertainment France

De : James Wan

Avec : Jason Momoa, Amber Heard, Willem Dafoe, Patrick Wilson, Nicole Kidman, Dolph Lundgren, Yahya Abdul-Mateen II, Temuera Morrison, Ludi Lin, Michael Beach, Randall Park, Graham McTavish, Ben Affleck, Jani Zhao, Pilou Asbæk

Récemment en mai
 

Aquaman et le Royaume perdu (4K Ultra HD + Blu-ray ...

DVD/Blu-ray : 1er mai

Editeur : Warner Bros. Entertainment France

Année : 2023

De : James Wan

Avec : Jason Momoa, Ben Affleck, Patrick Wilson, Yahya Abdul-Mateen II, Dolph Lundgren, Temuera Morrison, Nicole Kidman, Jani Zhao, Amber Heard, Pilou Asbæk

Récemment en mai
 

Aquaman + Aquaman et le Royaume perdu (4K Ultra HD ...

DVD/Blu-ray : 1er mai

Editeur : Warner Bros. Entertainment France

De : James Wan

Avec : Jason Momoa, Amber Heard, Willem Dafoe, Patrick Wilson, Nicole Kidman, Dolph Lundgren, Yahya Abdul-Mateen II, Temuera Morrison, Ludi Lin, Michael Beach, Randall Park, Graham McTavish, Ben Affleck, Jani Zhao, Pilou Asbæk

Récemment en mai
 

Aquaman et le Royaume perdu - Blu-ray

DVD/Blu-ray : 1er mai

Editeur : Warner Bros. Entertainment France

Année : 2023

De : James Wan

Avec : Jason Momoa, Ben Affleck, Patrick Wilson, Yahya Abdul-Mateen II, Dolph Lundgren, Temuera Morrison, Nicole Kidman, Jani Zhao, Amber Heard, Pilou Asbæk

Récemment en mai
 

Aquaman et le Royaume perdu - DVD

DVD/Blu-ray : 1er mai

Editeur : Warner Bros. Entertainment France

Année : 2023

De : James Wan

Avec : Jason Momoa, Ben Affleck, Patrick Wilson, Yahya Abdul-Mateen II, Dolph Lundgren, Temuera Morrison, Nicole Kidman, Jani Zhao, Amber Heard, Pilou Asbæk

Récemment en mars
 

Les Expatriées

Prime Video : 26 mars

Ayant pour toile de fond la mosaïque complexe des résidents de Hong Kong, EXPATS dépeint un groupe de femmes aux multiples facettes après qu'une rencontre ait déclenché une chaîne d'événements bouleversants qui obligent chacune à naviguer dans un équilibre complexe entre accusations et responsabilités.

De : Lulu Wang

Avec : Flora Chan, Bonde Sham, Lesley Chiang, Will Or, Nicole Kidman, Sarayu Blue, Ji-young Yoo