Télévision : 5 octobre à 21:00-22:45 sur France 4
film : comédie dramatique
Un matin, Joel, au lieu de prendre la direction de son travail, prend son train dans l'autre sens. En chemin, il fait la connaissance d'une jeune femme étrange, Clementine. Ils commencent à se fréquenter, jusqu'au jour où Joel croise son amie dans la rue et qu'elle ne semble pas le reconnaître. Plongé dans la plus totale confusion, Joel découvre que Clementine a subi un lavage de cerveau chez le professeur Mierzwiak. Ce médecin a inventé un procédé permettant d'effacer tout souvenir d'une personne précise, évitant tout regret aux couples qui ne s'aiment plus. Comme Clementine ne l'aime plus, Joel choisit de se soumettre au même processus et de l'extraire lui aussi de sa mémoire... - Critique : On peut accepter ou non le gadget narratif qui fait entrer dans le vif du sujet : une invention futuriste à même de vous rendre étranger à la personne de votre choix. Si on tolère le truc, on risque fort de contracter un attachement durable à Eternal Sunshine of the Spotless Mind, deuxième (entre Human Nature et La Science des rêves) et meilleur long métrage de Michel Gondry. Sa première vie de clippeur surdoué y trouvait un prolongement idéal, avec un récit gigogne, affranchi de la chronologie. Par un carton trouvé dans sa boîte aux lettres, un New-Yorkais (Jim Carrey, magnifique en gars triste) apprend donc que sa compagne (Kate Winslet), fêlée, fragile, vient de le faire effacer de sa mémoire. Pour surmonter la trahison, il se fait à son tour désintoxiquer de son ex, et le gros du film relate la nuit où les techniciens (dont la délicieuse Kirsten Dunst) s’activent autour de son corps endormi, relié aux ordinateurs effaceurs de souvenirs. À coups de saynètes fantasmagoriques, le film fait défiler tout le roman du couple et nous promène dans un labyrinthe mental et sentimental, jusqu’à une zone que la technique n’avait pas prévue. Eternal Sunshine… donne ainsi un éclat romantique à un vieux truc de SF : chez Gondry, la machine à remonter le temps permet de retrouver le reflet intact de l’amour, enfoui dans les plis de la mémoire.
Année : 2004
De : Michel Gondry
Avec : Cross David, Debbon Ayer, Elijah Wood, Jane Adams, Jay Thomas, Jim Carrey, Kate Winslet, Kirsten Dunst, Mark Ruffalo, Robert Gerry, Ryan Whitney, Tom Wilkinson
Télévision : 3 octobre à 21:05-00:00 sur Chérie 25
film : thriller
Depuis 1966, la ville de San Francisco et sa région sont sous la menace constante d'un tueur en série. Plusieurs crimes ont été commis, dont les victimes ont été choisies au hasard et qui sont revendiqués par un homme qui se fait appeler "le zodiaque". L'homme, insaisissable, laisse des messages cryptés aux quotidiens de la région. Robert Graysmith, illustrateur dans l'un de ces journaux, semble avoir décodé les messages, avec plus de succès que certains experts attachés au projet. Aidé par le journaliste Paul Avery, Graysmith décide de mener l'enquête. Parallèlement, les inspecteurs William Armstrong et David Toschi sont lancés sur la piste du tueur... - Critique : Pour raconter comment, à la fin des années 1970, un flic de San Francisco et un journaliste ont pisté un tueur en série, le Zodiac, Fincher tourne le dos aux architectures narratives complexes qui jusque-là étaient sa signature. À la manière d’un rapport de police que l’on compulserait page après page, il collecte des faits, rien que des faits, et les met bout à bout. Des meurtres, d’abord — filmés avec une sécheresse terrifiante —, et d’éventuels survivants. Et puis la longue et tortueuse enquête pour déchiffrer les indices que laisse volontairement l’assassin : conjectures, interrogatoires, perquisitions. Pas une séquence sans repères, lieu, date et heure. La dramatisation naît de l’accumulation. David Fincher s’appuie aussi sur la puissance évocatrice du cinéma hollywoodien, sur le sens de la composition des acteurs américains, sur une mise en scène fluide, jamais tape-à-l’œil, qui transforme l’épais dossier en objet de cinéma. Même éclaté, émietté, le récit finit par prendre corps. La structure est toujours plus forte que le chaos de la vie, semble dire le cinéaste…
Année : 2007
De : David Fincher
Avec : Anthony Edwards, Arquette Richmond, Brian Cox, Chloë Sevigny, Dermot Mulroney, Donal Logue, Ed Setrakian, Elias Koteas, Jake Gyllenhaal, John Carroll, Mark Ruffalo, Robert Downey
DVD/Blu-ray : 2 octobre
Editeur : Warner Bros. Entertainment France
De : David Fincher
Avec : Brad Pitt, Morgan Freeman, Gwyneth Paltrow, Kevin Spacey, John C McGinley, Endre Hules, Andrew Kevin Walker, Daniel Zacapa, Jake Gyllenhaal, Mark Ruffalo, Anthony Edwards, Robert Downey Jr, Brian Cox, John Carroll Lynch, Chloë Sevigny, Dermot Mulroney
DVD/Blu-ray : 2 octobre
Editeur : Warner Bros. Entertainment France
De : David Fincher
Avec : Brad Pitt, Morgan Freeman, Gwyneth Paltrow, Kevin Spacey, John C McGinley, Endre Hules, Andrew Kevin Walker, Daniel Zacapa, Jake Gyllenhaal, Mark Ruffalo, Anthony Edwards, Robert Downey Jr, Brian Cox, John Carroll Lynch, Chloë Sevigny, Dermot Mulroney
Télévision : 2 octobre à 00:00-02:17 sur Canal +
film fantastique
Londres, à l'époque victorienne. Médecin aux airs de savant fou, le docteur Godwin Baxter accomplit une véritable prouesse quand il parvient à ressusciter Bella, une jeune femme enceinte qui s'est suicidée en se jetant d'un pont. Pour parvenir à ses fins, l'homme a greffé le cerveau du bébé, toujours vivant après la chute, à Bella, désormais privée de tous ses souvenirs et qui doit réapprendre tous les gestes du quotidien. A sa grande surprise, Bella se montre bien plus vive qu'escompté et retrouve vite une certaine autonomie. Elle ne tarde pas à s'enfuir au bras de l'avocat Duncan Wedderburn, déterminée à découvrir un monde dont elle ignore tout... - Critique : :t3: POUR D’un côté, les esthètes ascètes. De l’autre, ceux qui affectionnent l’impur et l’excès, la joie et le grotesque, l’ornement en toute chose. Dans ce genre baroque, le cinéaste grec Yórgos Lánthimos accomplit décidément des merveilles. Son précédent film, La Favorite, racontait un crêpage de chignons aussi cru que raffiné entre une reine d’Angleterre et ses deux favorites. Pauvres Créatures pousse plus loin encore le bouchon du fantasque. On est d’emblée servi en découvrant Bella Baxter (Emma Stone), grande poupée vivante et désarticulée, qui marche et tape sur les touches d’un piano comme un nourrisson. Musique discordante, vision bizarre, univers en noir et blanc saturé : fichtre, où sommes-nous ? Chez un médecin défiguré (Willem Dafoe) de l’Angleterre victorienne, un scientifique à la Frankenstein. C’est à lui que revient l’existence de Bella Baxter : le savant fou l’a créée à partir d’une suicidée enceinte qu’il a fait revivre en lui greffant le cerveau de sa fille à naître ! Cette idée tordue, on la doit à Alasdair Gray, monument écossais de la littérature encore méconnu en France, dont le roman, pastiche de récit gothique, est ici librement adapté par le scénariste australien Tony McNamara. Yórgos Lánthimos en extrait de l’or. Une fantasmagorie à l’imaginaire foisonnant et truculent, luxuriant et macabre. L’étrange Bella Baxter commence par apprendre les rudiments du langage à la maison, grâce à un gentil précepteur aussi dévoué qu’éberlué par les progrès phénoménaux de son élève. Bébé sans tabou puis fillette primitive dans un corps de femme, la ressuscitée écoute, expérimente, absorbe, tâtonne, touche à tout, notamment à son sexe, en toute innocence et sans se cacher. D’où des orgasmes désopilants, affronts aux codes de bonne conduite. Et, à mesure que Bella grandit, le foyer s’avère vite trop petit pour cette tigresse avide de tout connaître. Un avocat chaleureux et libertin (Mark Ruffalo) qui passe par là lui offre l’occasion de s’affranchir de son créateur. Voilà Bella partie avec son amant pour la grande aventure. Une véritable odyssée du savoir et de l’émancipation, qui n’est pas sans rappeler le Candide de Voltaire, revisité au féminin. De Lisbonne à Paris en passant par Alexandrie et une longue croisière sur un paquebot majestueux, Pauvres Créatures nous emmène loin, en nous dépaysant grandement. Les villes, reconnaissables à quelques symboles, sont surtout fantasmées, réinventées à travers des décors rétro-futuristes dont la poésie visuelle aux couleurs éclatantes voisine parfois avec Mœbius ou Miyazaki. L’usage par le cinéaste et son chef opérateur de l’objectif « fisheye », qui produit des effets de distorsion et vire en général au gadget disqualifiant, s’avère ici probant : il donne un aspect animé et hybride, aussi merveilleux que monstrueux, aux rues, maisons et intérieurs. On n’avait pas vu depuis longtemps le décor ainsi employé, comme force dynamique, à même de redonner toutes ses lettres de noblesse au film de studio. D’abord placées sous le signe d’une sexualité débridée et solaire à Lisbonne, les tribulations de l’impulsive Bella l’amènent à connaître plus d’une désillusion. Elle découvre le poids des conventions, la domination masculine, la misère et la barbarie. Mais rien n’entame sa soif de liberté, son absence de honte et de préjugés. Prostituée à Paris, elle s’affirme et s’affermit en étant le meilleur révélateur qui soit de la société. Plus elle devient humaine, plus les autres ressemblent à des monstres. On retrouve les obsessions chères au réalisateur : le rapport entre humanité et animalité, science et nature. Bella, on finit presque par l’oublier, tant elle gagne en maturité, est une création, une sorte d’androïde avant l’heure. Déceler ici et là, en filigrane, quelques signes du temps présent fait aussi partie des plaisirs que procure Pauvres Créatures. Le film dépeint la société victorienne, ses corsets comme ses progrès, son romantisme échevelé, mais en évoquant aussi la sororité, le combat des femmes pour l’égalité, le sort des minorités. Tout cela s’intègre avec naturel dans le récit, constamment inattendu, riche de péripéties, à l’image de celle qui survient dans le dernier quart du film, lorsque l’aventurière est de retour à Londres. L’odyssée semble terminée mais l’action est soudain relancée par la réapparition d’un homme du passé… La prestation d’Emma Stone est si ébouriffante qu’on lui promet déjà un Oscar après son Golden Globe de la meilleure actrice dans un film musical ou une comédie. Son interprétation tient moins de la performance que d’un plaisir constant à jouer avec son corps entier et sa parole, dans une succession d’âges et d’états différents. Un jeu particulièrement expressif, communicatif, qui renvoie au métier même de comédienne, et qui va ici de pair avec une forme d’étonnement et de don, sans cesse renouvelée. Si la Candide perd beaucoup de sa naïveté au cours de son odyssée, si l’enfant sauvage finit par acquérir la sagesse intelligente d’une philosophe, l’indifférence n’est jamais de mise. L’héroïne qu’Emma Stone a façonnée, monstre d’humanisme sensible proche d’une divinité, est d’un genre inédit. Rien de moins que la femme érigée en génie. — Jacques Morice :t0: CONTRE Yórgos Lánthimos n’a pas changé depuis Canine (2009), son premier long métrage, qui, pour des raisons encore mystérieuses quinze ans après, avait raflé tous les prix de la jeunesse dans les festivals où il concourait. Il reste ce cinéaste m’as-tu-vu qui cherche à épater le bourgeois, et, hélas !, y parvient, à coups de pseudo-audaces formelles (les plans fixes ultra stylisés de Canine, l’usage sans modération d’un objectif déformant « fisheye » ici) et de provocations au petit pied — pour l’essentiel, des scènes de sexe faussement scandaleuses et répétées ad nauseam. Pauvres Créatures est d’autant plus pénible qu’il se revendique d’un féminisme pour le moins discutable. Qui consiste à faire d’abord subir à son héroïne (et à son interprète) les pires humiliations, mises en scène avec une gourmandise et une complaisance sadiques. Avec un parcours d’émancipation qui passe forcément par l’expérience du plaisir dans un bordel… Quant à la représentation de la sexualité, parler de male gaze (ou de regard masculin) serait faire encore trop d’honneur à Lánthimos : le terme de teen gaze serait plus adapté, tant les scènes érotiques de Pauvres Créatures semblent avoir été tournées par un adolescent priapique qui ne connaîtrait les femmes que par la fréquentation assidue de YouPorn. Sale gosse, va ! — Samuel Douhaire Regardez en vidéo l’avis de nos critiques
Année : 2023
Avec : Christopher Abbott, Constanza Macras, Damien Bonnard, Emma Stone, Hanna Schygulla, Jerrod Carmichael, Kathryn Hunter, Margaret Qualley, Mark Ruffalo, Ramy Youssef, Suzy Bemba, Vicki Pepperdine, Willem Dafoe
DVD/Blu-ray : 7 août
Editeur : Paramount Pictures France
Année : 2004
De : Michael Mann
Avec : Tom Cruise, Jamie Foxx, Jada Pinkett Smith, Mark Ruffalo, Peter Berg, Bruce McGill, Irma P Hall, Barry Shabaka Henley
DVD/Blu-ray : 22 mai
Editeur : 20th Century Studios
Année : 2023
De : Yorgos Lanthimos
Avec : Emma Stone, Willem Dafoe, Mark Ruffalo, Ramy Youssef, Christopher Abbott, Jerrod Carmichael, Suzy Bemba, Hanna Schygulla
DVD/Blu-ray : 22 mai
Editeur : 20th Century Studios
Année : 2023
De : Yorgos Lanthimos
Avec : Emma Stone, Willem Dafoe, Mark Ruffalo, Ramy Youssef, Christopher Abbott, Jerrod Carmichael, Suzy Bemba, Hanna Schygulla